Yvon Gattaz : "On ne traite pas le monde du travail de la même façon, quand le PCF fait 25% des voix"...!
Article rédigé par Alain Badiou et Brigitte Bouzonnie
ON NE TRAITE PAS LE MONDE DU TRAVAIL DE LA MEME FACON, QUAND LE PCF FAIT 25% DES VOIX", dixit Yvon Gattaz.
CAPITALISME MONDIAL : LE PRESENT ET L'AVENIR LUI APPARTIENT... !
1)-ALAIN BADIOU ECRIT:
« On peut prendre un point de depuis les années 1980, c’est-à-dire depuis, à la fois, et quasiment simultanément, la fin des espérances planétaires de la jeunesse des années 1968 et suivantes et la fin, conjointe, des États socialistes, s’est ouverte une période où, d’une certaine manière, les agents du capitalisme mondial ont eu le sentiment que l’avenir leur était ouvert et que plus rien de consistant ne s’opposait à eux. Je pense qu’il faut avoir présent à l’esprit cet horizon. Rien de ce qui se passe ne peut être détaché ou être considéré comme indépendant de cet horizon. Les conséquences, on les connaît. C’est un régime d’inégalités proprement monstrueux et une menace permanente, y compris sur l’accès de masses humaines gigantesques, à la simple survie. Les statistiques sont tout à fait connues. Encore récemment, on a établi qu’un peu moins de 200 personnes dans le monde possédaient l’équivalent de ce que possédaient 3 milliards d’autres. Ce qui représente une oligarchie telle qu’on n’en a pas connue depuis le début de l’histoire de l’humanité... »
2)-Brigitte Bouzonnie : "Alain Badiou a mille fois raison : l'échec historique du Mouvement social et des utopies post-68ardes (1968-1980), la fin de l'URSS (1989), ont ouvert un boulevard à l'Ogre capitaliste mondialisé. Un espace des possibles incroyable. Illimité. Inextinguible, comme la Bourgeoisie n'en imaginait pas, même dans ses plus beaux rêves. LE CAPITALISME MONDIAL OCCIDENTAL BENEFICIE D'UN POUVOIR SANS CONCURRENCE
On se souvient des mots de la chanson de Moustaki, "Le temps de vivre" : "tout est possible, tout est permis". De façon ironique, l'Histoire montre que ce n'était pas une utopie pour tout le monde. Mais une réalité de chaque seconde pour les grands patrons de groupes multinationaux : 10% de l'humanité confisquant impitoyablement 85% des richesses mondiales.
Mais, inversement, 50% de l'humanité n'a absolument rien. 40% des classes moyennes possédant 14% des richesses : chiffres d'Alain Badiou extraits de son livre "Notre mal vient de plus loin, Penser les tueries du 13 novembre", édition Fayard, 2016.
Malheureusement et depuis 40 ans, ceux auxquels s'adressait cette superbe chanson, -les rêveurs, les sans nom, les sans grade que nous sommes-, basculent dans le chômage et la misère. Pour les Peuples européens paupérisés, -125 millions de pauvres dans l'Union Européenne-, rien n'est possible, rien n'est permis. Paraphrasant un slogan de l'automne 2010 contre la reforme des retraites, mais entendu aussi au cours des journées anti-Khomri 2016, "pour les uns (patrons milliardaires) des couilles en or", (à coup de plans de licenciements : plus on licencie, plus l'action en bourse monte mécaniquement.) "Pour les autres, des pâtes d'abord : et encore achetées à Leader Price"...!
L'ABSENCE DE TOUT PROJET POLITIQUE DISJOINT EST NOTRE PLUS GRAND MALHEUR. l'échec historique du communiste dans les Pays de l'Est aussi. Comme disait Yvon Gattaz, père de Pierre Gattaz : "ON NE TRAITE PAS LE MONDE DU TRAVAIL DE LA MEME FACON, QUAND LE PCF FAIT 25% DES VOIX...! Car les conséquences de cette toute puissance de la Bourgeoisie mondialisée sont aussi politiques. On n'a pas oublié cette célèbre phrase de MARX : "la Bourgeoisie a détruit tous les rapports féodaux, patriarcaux, idylliques. Elle a noyé dans les eaux glacées du calcul égoïste les frissons glacés de l'exaltation religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la mélancolie sentimentale des petits bourgeois" (sic) (cf Le manifeste du Parti Communiste, 1848).
Aujourd'hui, nous assistons à la même opération "Monsieur Propre" : l'oligarchie mondialisée détruit tout sur son passage, tout ce qui n'est pas la cupidité des uns, la Volonté de puissance des autres. En particulier, tout projet politique humaniste, cherchant à tirer les plus faibles par le haut. Il suffit de voir comment le Pouvoir à sa botte spolie gravement notre droit constitutionnel de manifester contre la loi Khomri : mises en garde à vue préventives, fermetures de tous les métros autour du point de départ de la manif. Contrôles tatillons pour rentrer dans le cortège, qui empêchent de nombreux militants de participer à ces défilés. Chaque participant est palpe, son sac contrôlé, gazé, mis en garde a vue, pour avoir dit tel slogan...Officiellement, le droit de manifester perdure. Mais en réalité, grâce à ces procédés profondément hypocrites, le droit de manifester comme rassemblement spontané n'existe plus. Ce problème, apparemment une seule question juridique, est un enjeu en réalité énorme. Il empêche toute expression collective spontanée et critique du système, maintenant le capitalisme mondialisé dans sa situation de monopole de formation des consciences.
Aujourd’hui, il n’y a que Poutine pour contester au projet mondialiste occidental sa place de "seule figure de l'historicité planétaire", pour reprendre un mot de Badiou. .
L'enjeu est incommensurable. Le capitalisme mondialisé doit cesser de penser qu'il est le seul a proposer un projet de civilisation. Nous sommes également capables de lui opposer un projet humaniste rival. Où les gens auront un emploi et/ou un revenu d'existence décent et une vie meilleure. Où leurs enfants auront un emploi et l'espérance d'une vie encore plus meilleure...! Où les mots de la chanson de Moustaki, "tout est possible, tout est permis" ne s'appliqueront plus à une seule poignée d'ultra-friqués. Mais à tous les riennes et les riens que nous sommes...!