Macron 2 : le temps s'immobilise. On sent une vacance du pouvoir !
Article rédigé par Valérie LEROUX - Paris (AFP), publié le 28 mai 2022 sur le site France Soir et Brigitte Bouzonnie le 30 mai 2022
Emmanuel Macron préside le premier Conseil des ministre de son second quinquennat, le 23 mai 2022 à Paris© Michel Spingler / POOL/AFP/Archives
1°)- Brigitte Bouzonnie : Avec Macron 2, le temps s’immobilise. On a le sentiment d’un pouvoir se laissant porter par des vagues venues d’ailleurs : guerre en Ukraine. Variole du singe promue sujet number one, bien que l’on ne compte en France à ce jour que 8 contaminés. On sent une Macronie incapable de créer du neuf, générer sa propre dynamique. Jamais les JT des médias officiels n’ont été aussi ternes, insipides, vides de vraie Politique, lorsque le Pouvoir prend à bras le corps le règlement d’une plaie vive de la société, comme la pauvreté de masse recouvrant hélas notre beau pays.
Même les annonces d’une hausse du pouvoir d’achat, -notamment, le dégel du point d’indice du traitement des fonctionnaires et des retraites-, paraissent fades. Peu crédibles. Aussi peu enthousiasmantes que possible. Quelque chose en fonctionne pas, alors que ce projet de loi est une rupture avec 40 ans de tassement de la hausse des salaires, observé depuis le début des années 80. Entre 1980 et aujourd’hui, les salaires ont augmenté en moyenne de +0,7% par an, contre +2,25% entre 1950 et 1979.
Pour se convaincre de la platitude de cette réforme, il suffit de lire la presse économique spécialisée, le journal “L’opinion” par exemple, nous annonçant ce qui se dit être un “mieux disant social”. Dans une parfaite langue de bois. Fade. Banal. Allant de soi. Insignifiante. On a l’impression d’être dans un monde de mots truqués, sans saveur, qui ont perdu leur sens initial. “Quand le langage est sans objet, la (vraie) Politique devient impossible” dit Guy Mettan, journaliste de la Tribune de Genève..
En temps normal, des hausses de salaires devraient susciter l’enthousiasme, la critique. Un débat animé, venant surtout des responsables politiques et syndicaux de “gôche”. Mais, mis à part le RN qui propose de taxer les grands groupes pétroliers pour payer les augmentations de salaires, personne ne moufte, à commencer par une France insoumise atone en réponse aux propositions de Macron.
Comme le fait remarquer Bill Cocker, il suffit de voir les photos du premier Conseil des Ministres, la mine triste des participants, y compris de la Première Ministre, pour se convaincre que le Gouvernement Macron 2 n’est pas dans un temps fort de la vraie Politique. Dans une démarche réformatrice enthousiasmante, visant à diminuer les inégalités abyssales dans le pays. Tirer par le haut les plus démunis.
On sent une vacance du pouvoir. Un peu comme en plein mai 68, quand l’Elysée était snobé de tous. Jean Ferniot, journaliste politique au Figaro, raconte l’anecdote suivante. “Il est18 heures. J’entre à l’Elysée, veux dire au chambellan : “ Je suis Jean Ferniot, journaliste politique au Figaro, etc. Mais l’homme me coupe la parole et me dit : “entrez donc, mon bon Monsieur, vous êtes la première personnes qui vient à l’Elysée de la journée !”(sic). Le pouvoir officiel ne fait plus rêver. Sa machine à rêves est brisée. Personne n’y croit, y compris ses plus proches soutiens idéologiques comme Bernard Sananes, patron de l’institut de sondage ELABE…
Le Pouvoir est en roue libre.
2°)- Valérie Leroux de France Soir : "Inertie", "atonie": début de quinquennat sans souffle pour Macron 2
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse). Plus de détails sur les différentes typologies d'articles publiés sur FranceSoir
"Inertie" dénoncée par les oppositions, attente jusque dans son camp: cinq semaines après sa réélection, Emmanuel Macron reste étonnamment en retrait, loin de son image de président pressé et de l'élan habituel d'une majorité en campagne.
Si plusieurs déplacements ont ponctué la fin de son premier mandat, le président a surtout depuis beaucoup consulté pour mettre sa majorité en ordre de bataille en vue des législatives des 12 et 19 juin et préparer son action future.
La guerre en Ukraine a aussi continué à occuper une place importante dans son agenda, tout comme l'Europe avec un discours ambitieux sur l'avenir du projet européen le 9 mai à Strasbourg.
Après un discret weekend de l'Ascension, ponctué d'échanges téléphoniques internationaux, à sa résidence de Brégançon dans le Var, le chef de l'Etat reprendra le chemin de Bruxelles pour un sommet européen lundi et mardi, puis des déplacements de terrain dans l'Hexagone, indique-t-on dans son entourage, en récusant tout immobilisme.
Pour sa part, le président de l'institut Elabe, Bernard Sananès, se dit "surpris du décalage entre la volonté qui a été celle d'Emmanuel Macron avant la présidentielle de gouverner jusqu’au dernier moment, et l’impression aujourd'hui qu'au premier moment, ça tarde à redémarrer".
A la différence de François Mitterrand ou Jacques Chirac, il n'a certes pas été réélu au terme d'une cohabitation, et son second quinquennat s'inscrit donc assez naturellement dans la continuité du premier.
- "Peupler le vide" -
"Mais on ne sent pas cette impulsion nouvelle et on voit bien que les Français sont assez critiques", souligne Bernard Sananès, interrogé par l'AFP.
La nomination d'un nouveau gouvernement, censé donner le tempo, a pris quatre semaines après la victoire à la présidentielle, autre temps long inédit, laissant Jean-Luc Mélenchon et son union de la gauche quasi seuls sur le devant de la scène.
Le président a sans doute voulu jouer la montre afin de ne pas exposer trop tôt la nouvelle équipe avant les législatives, estiment des experts.
"Ca permet de ne pas donner prise à un certain nombre d'attaques, de peupler le vide, et d'avoir ensuite un effet de souffle" avec l'annonce du nouveau gouvernement, explique à l'AFP Benjamin Morel, maîtres de conférences à l'université Paris 2.
Mais dans cette "période d'atonie relative", cette perspective s'est réduite "comme peau de chagrin", considère-t-il.
Le gouvernement d'Elisabeth Borne, dont tous les poids lourds étaient déjà présents à l'Acte I, a été largement perçu comme celui du changement dans la continuité.
Il suscite peu l'enthousiasme des Français, qui se disent mécontents à 58% de sa composition, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud-Radio publié vendredi.
-"Vacance du pouvoir" -
La plupart des nouveaux ministres ne sont pas connus, et, le plus souvent, leur nomination est perçue comme une mauvaise plutôt qu’une bonne décision, d'après une enquête Odoxa - Backbone Consulting réalisée pour Le Figaro.
A deux semaines des législatives, cette atonie inquiète dans la majorité. "Il n’y a pas de lead (direction, ndlr) politique", se désole une source parlementaire à La République en marche (LREM), en appelant à "muscler le jeu".
Les accusations de viol contre le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad, prise de guerre LR destinée à capter l'électorat de droite, ont aussi jeté un froid.
Abad, "ça pollue tout, surtout la séquence de Borne", relève la source parlementaire, même si le parquet de Paris a fait savoir qu'il n'ouvrait pas d'enquête préliminaire "en l'état".
L'absence de "dynamique" se répercute dans les intentions de vote qui prédisent au camp du président une majorité se resserrant (295 à 335 sièges sur 577 selon un sondage OpinionWay pour Les Echos du 25 mai).
En attendant, l'opposition se frotte les mains. En campagne samedi à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Marine Le Pen (RN) a pointé "un sentiment de vacance du pouvoir".
"Tout ça est extrêmement lent, alors même que la situation de nombre de Français est critique et urgente" en matière de pouvoir d'achat, a-t-elle lancé.
Macron est "inerte", "son gouvernement est assez éteint", renchérit le centriste Jean-Christophe Lagarde (UDI), allié des Républicains.
Auteur(s): Par Valérie LEROUX - Paris AFP