1°)- Brigitte Bouzonnie : j’ai rédigé cet article au moi de juin 2016. Il raconte comment les médias, le PS lâchent et lynchent Manuel Valls, alors Premier Ministre de Hollande. Comme nous sommes en train de vivre une séquence politique un peu similaire, je reposte cet article, pointant assez bien comment on lâche un dirigeant politique de premier plan, avec qui, hier encore, on était “totalement in love”.
2°)- Article : LA REVOLUTION DE PALAIS D'UN POUVOIR EN ROUE LIBRE...!
Ce fut d'abord Mélenchon qui s'y colla. S'échapper en solitaire, quand le naufrage médiatique et politique du PS au pouvoir dégringolait à des niveaux jamais égalés de mensonges et de sottises : bref, rien que du très habituel, surtout en période de coup de chauffe sociale. Nous attendons stoïquement le prochain épisode.
Pourtant, rai de lumière, balafre dans la boue des "JT", JLM écrivait mardi dernier : "la spirale vers l'implosion semble prise. Désormais, une fois le premier ministre Manuel Valls désavoué, une révolution de palais est possible. Au total, un an avant la fin du mandat, le Pouvoir est en roue libre. La fin de règne sent la décomposition" (sic).
1)-DES NOMS D'OISEAU, DES NOMS D'OISEAU CONTRE VALLS... !
Puis ce fut la folle matinée du mardi : interdisant, autorisant ensuite une manif parisienne, au parcours riquiqui : sujet de honte sur lequel on reviendra. Au passage, ne croyons pas naïvement au jeu de rôles officiel : un Cazeneuve "gentil", un Valls "droit dans ses bottes" : pure rigolade. Comme explique un article du "Parisien" du 23 juin 2016, "le communiqué d'interdiction publie par la Préfecture de Paris a été rédigé avec l'assentiment de Beauvau et de Matignon, assure un proche à l'Elysée. Mais ni Valls, ni Cazeneuve, ni Hollande n'assure publiquement" (sic). En clair, le droit constitutionnel de manifester est bafoué par les trois responsables. S'en tenir au seul cas Valls est donc une erreur grossière d'appréciation.
Ce fut un déferlement inouï, un tsusani force 7 contre Valls : "les critiques sur Valls s'amoncellent"(sic), titre "Les "Echos" en page de "une".
Florilège de cette opération de basse police symbolique : "Le Monde" du 24 juin copie sans gloire l'analyse de JLM : "François Hollande a désavoué son premier ministre. Cette crise en dit long sur l'état de décomposition d'une gauche, qui a integré la défaite en 2017"(sic).
"Le Parisien" du 23 juin y va de son édito particulièrement cinglant : "Manuel Valls semble prendre un malin plaisir a saboter les efforts de ses ministres pour sortir de l'impasse du projet de loi Travail. Son double jeu l'éloigne inexorablement de ce Gouvernement qu'il dirige. Comme si, persuade que sa fermeté finira un jour par seduire une majorite de francais, il se preparait deja a une aventure en solo" (re-sic). On le voit, l'editorialiste ne se contente pas d'assassiner (politiquement parlant) Valls. Il se projette deja dans un futur, avec un Gouvernement dirige par un autre Premier Ministre...!
Les sondeurs, véritables Pythies de la République, faiseurs d'opinion comme chacun sait, y vont au lance-flamme : "Manuel Valls est dans une séquence terrible depuis plusieurs semaines. Son image est en train de s'éroder, voire de s'effriter. Son autorite devient autoritarisme. Sa fermeté, tellement appreciée jusque la, devient obstination, absence d'écoute et au final isolement", dixit Frederic Dabi, Directeur général adjoint de l'IFOP dans "Le Figaro" du 24 juin.
Ce n'est pas le seul a lui faire un procés en "autoritarisme" : Richard Ferrand, député PS du Finistère énonce le même constat : "l'autoritarisme est un affaiblissement de l'autorité"(sic, lu toujours dans "Le Figaro"). Tandis qu'un journaliste du "Figaro" du 24 juin reprend la même antienne : "les attaques se concentrent sur Valls. Le Chef de gouvernement est tenu pour premier responsable de la confusion autour de la loi Khomri. Dans son camp, certains commencent a lui intenter un procés en autoritarisme"(sic).
Dans cette chasse à l'homme impitoyable, un ténor de la Majorité renchérit : "Valls a un cote bulldozer, qui a séduit et compensait l'indecision du President. Mais aujourd'hui, il est vecu comme un agent perturbateur, pousse au crime. Il fait ce qu'il sait faire : Catalan, il voit un truc rouge, il fonce" (sic, lu dans "Les Echos" du 23 juin).
L'estocade enfin : sa cote de popularite n'a-t-elle pas chute de 28 points depuis novembre 2015, dans le barometre Elabe, chez les sympathisants de gauche ??? "C'est le chaos, Manuel Valls ne maitrise plus la situation", affirme "Le Figaro"du 19 juin.
2)- VALLS LACHE PAR LES SIENS : ET ALORS ?
On le voit : ce sont les ministres, députés PS, journalistes libéraux, directeur de sondage, hier encore tout feu tout flamme sur l'avenir radieux inoubliable de Valls en politique, qui se déchainent, dans une rare violence. Avec des mots incroyables. Le fil rouge de ces critiques, c'est de dire que si la loi Khomri est mal gérée, c'est a cause du seul "coupable", "autoritaire" Valls. Sous entendu : qu'il s'en aille, et Hollande trouvera une solution de compromis avec Cazeneuve, nouveau Premier Ministre. Et P. Martinez, JC. Mailly : réécriture de l'article 2 par exemple, permettant d'éviter pour l'Elysée le retrait infamant du texte.
Un communique de l'intersyndicale poste sur mon mur s'inquiète déjà de l'abandon par Martinez de la position du retrait. Je serai plus nuancée. Sauf a nous vendre des gadgets, il n'y a pas de compromis possible autour de l'article 2. On inverse la hiérarchie des normes OU on maintient le droit positif actuel. Mais, les "solutions" imaginées par l'exécutif sont toute INAPPLICABLES. Récemment, JC Mailly faisait d'ailleurs la même analyse. En réalité, si on ajoute une "consultation" de la branche avant ou après la négociation d'entreprise, comme le propose Sirugue, l'inversion de la hiérarchie des normes est pliée, actée. Avec son cortège d'heures supplémentaires non payées, explosion de licenciements supplémentaires, etc. Il ne nous restera plus qu'a crever la bouche ouverte...! Je souhaite bien du plaisir a ce "compromis", mais je n'y crois pas une seconde.
En clair, si la ligne autoritaire symbolisée par Valls est belle et bien morte. En revanche, la ligne du compromis n'existe pas encore : c'est ce qui s'appelle une CRISE DE REGIME, UN POUVOIR EN ROUE LIBRE : A NOUS DE NE PAS LACHER LES BRAS...!