Sur l'absence totale de sensibilité à la mort de nos supposées "élites" journalistiques !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie
Avec la campagne de presse haineuse, infâme, que subit le philosophe Alexandre Douguine, me revient une anecdote. Voilà, Aznavour était allé faire une tournée aux Etats-Unis. Naturellement, il eut beaucoup de succès. Après son récital, on interrogea une dame, d'un certain âge, très bien, très chic, qui naturellement avait beaucoup aimé les chansons d'Aznavour. Mais elle ajouta : "nous en Amérique, on n'a pas l'habitude de ce genre de chansons sensibles, c'est nouveau pour nous" (sic).
Naturellement sur le coup, je rigolais comme une baleine, tellement pour moi, les chansons d'Edith Piaf et d'Aznavour, loin d'être "curieuses", font partie de ma vie depuis que ma mère les chantait et que j'avais 4/5 ans. Et, à travers elles, combien la sensibilité est la qualité de coeur que je préfère.
Dans mon optimisme, ce dont je ne prenais pas la mesure, c'est de l'américanisation de la société française. Comment, par le principe du goutte à goutte, on nous a imposés des non valeurs comme la brutalité et le seul rapport de forces jugés "normaux", "allant de soi". Les "seuls possibles".
Avec l'horrible campagne de presse haineuse s'abattant, tel un vautour, sur le pauvre Alexandre Douguine ayant perdu sa fille, qui plus est, assassinée, je mesure combien la sensibilité à la mort, un peu de pudeur et de retenue, quand une personne, même dont on ne partage pas les idées, perd un être cher, a tout simplement disparu de notre société française. La même qui, hier encore, connaissait par coeur les chansons de Aznavour et de Edith Piaf. Et, à travers elles, pensait que les sentiments, en particulier le respect de la douleur, sont plus importants que le lynchage politique et l'ignoble rapport de forces.
Comme disait Primo Lévi : "sommes-nous encore des hommes ?