SUR L'ABSENCE DE CULPABILITE DES ELITES ALLEMANDES VIS A VIS DES CAMPS DE CONCENTRATION...!
Article rédigé le 8 mai 2019 par mon ami Jean-Pierre Combe du Pôle de Renaissance pour le Communisme Français et Brigitte Bouzonnie
1°)-Jean-Pierre Combe : "Dominique Kern ne connaît pas la nature des camps ouverts par les nazis (ils étaient gardés par les SA, puis par les SS) pour terroriser les opposants, ni la date de l'ouverture des premiers: ces camps ont été ouverts (dans les plaines marécageuses du nord de l'Allemagne) et ont commencé d'être approvisionnés en détenus (les opposants étaient raflés dans les rues des quartiers ouvriers par les SA, ce qui a approfondi et systématisé la terreur dès alors produite sur la population pauvre de l'Allemagne) plusieurs années avant l'élection (principalement favorisée par ce climat de terreur) de Hitler à la fonction de chancelier du Reich.
Aaussitôt, les camps ont été utilisés comme source de financement par le parti nazi (ils vendaient aux propriétaires de grands domaines agraires (les "Junkers") et aux industriels complices la force de travail des détenus au prix du marché du travail, alors qu'ils les nourrissaient au-dessous de ce qui est nécessaire pour rester en vie plus de neuf ou dix mois, et qu'ils les logeaient dans des baraquements sommaires par grandes chambrées...): oui, on doit parler de véritables camps de concentrations dès l'ouverture du premier d'entre eux!...
2°)-Brigitte Bouzonnie : "Jean-Pierre, tu as tout à fait raison. En ce moment, je lis l'ouvrage de souvenirs de Claude Lanzmann : "Le lièvre de Patagonie", Folio. Il raconte sa vie, ses rencontres en Allemagne, Israël, qui ont rendu possible son film Shoah : soit 12 ans de travail. Après guerre, en 1949, il part à Tubingen avec Michel Tournier, où il est professeur de français. On apprend très vite qu'il est juif. Il rencontre la bonne société de Tûbingen, mange à leur table. Ce sont tous des "junkers" pleins de morgue, comme tu écris, qui n'ont pas une virgule de remord vis à vis des crimes nazis, dont ils ont pourtant bénéficiés.
Sauf une femme, qui le conduit à un camp de concentration en Allemagne, avec baraquements, potence, etc., et qui se met à pleurer. Mais, visiblement, c'est la seule...! En classe d'allemand, notre prof nous parlait de "die entschuldichkeit" allemande : la culpabilité allemande d'après guerre. Mais, si elle a été bien réelle au niveau des classes moyennes et populaires, il n'en a pas été de même pour la classe dirigeante allemande, complice jusqu'à l"os de ces atrocités, et qui n'a pas eu un cheveu de remord..!
Dans son livre, Claude Lanzmann raconte aussi une autre histoire. Dans les années 70, il est en Pologne, où il rencontre le cheminot, qui a "conduit" (en réalité poussé) les juifs au camp d'extermination de Tréblinka : où malheureusement, les femmes, enfants, hommes étaient exterminés dès leur arrivée. Le cheminot avec qui il s'entend bien, lui raconte des tas de récits de première main.
Notamment : de nombreux polonais en Pologne (catholiques), connaissaient la réalité des camps d'Auchwitz et de Treblinka. Et n'avaient pas une larme pour le sort réservé aux juifs. Pire encore, "les putains les plus voraces de Varsovie s'etaient installées à demeure, et un trafic intense, régule par leurs maquereaux, s'instaura entre elles, les mercenaires du camp, gardes ukrainiens ou lettons, les paysans, avec la connaissance et la complicité de certains SS. L'enjeu de ces échanges, qui ne cessèrent pas un seul jour, était l'argent des juifs assassines : ne sachant pas pour la plupart qu'ils étaient promis à la mort, mais se tenant depuis la nuit des temps prêts pour le pire, ceux-ci l'emportaient avec eux, cousus dans la doublure de leurs vêtements, ou ils étaient contraint d'abandonner, à la porte de la chambre à gaz"(sic), extrait du Lièvre de Pomeranie, op cit. Voilà jusqu'où peut dégringoler l'âme humaine...!
Quant à Thierry Jonquet, il raconte dans son livre : "Les orpailleurs", Folio-Policier, comment les juifs, devinant qu'ils allaient mourir, plantaient leur or dans le sol près du camp d'Auchwitz. Ensuite, la présence de cet argent caché attira toute une faune, les "orpailleurs", creusant des trous encore et encore, pour trouver l'or juif enterré.
Pour moi, la Vie s'est arrêtée à Auchwitz. Que les camps, la mort de masse aient été possibles est un précédent, un avertissement à ll'humanite toute entière. On a vu qu'il était possible de faire disparaître l'homme, de façon quasii industrielle. Gunther Anders parle de "l'obsolescence de l'homme", qu'il fait partir à compter d'Hiroshima. On peut penser que cette obsolescence part de la réalité des camps : en Pologne, mais aussi en Allemagne et en France. La leçon n'a pas été perdue, notamment pour le capitalisme déchaîne, à qui il en faut toujours plus. Prêt pour cela a faire les pires expériences et à s'en prendre directement au genre humain. Nous sommes devenus des "êtres jetables" pour reprendre le mot d'Aimé Césaire. Sans aucune valeur. Signe particulier : NEANT... !
Pas seulement les juifs, mais tous les groupes sociaux, classes dominantes exceptées. La mort de masse s'est banalisée à l'extrême : à peine si elle suscite encore deux ou trois (petits) cris d'indignation. Les génocides ont continué sous une autre forme, avec d'autres groupes humains. Et avec une plus faible intensité, pour les rendre acceptable. Dans ses articles, Dominique utilise souvent le mot "génocide", pour parler de la pauvreté et du chômage de masse actuel. Sans réaction. Tout le monde s'en tape.
Tout le monde trouve la situation sociale "normale", "allant de soi", presque banale. C'est bien que nos catégories de pensée ont changé irrémédiablement. Il y aura toujours un "avant" et un "après" Auchwitz dans les têtes. L'Humanisme est mort dans ces années là. Irrémédiablement. Et personne, parmi les intellectuels "convenables",-on ne parle pas bien sûr des manifestations de salariés, de jeunes ou de retraités, sans doute le dernier endroit où la vie humaine a de l'importance : comme disaient les manifestants anti Khomri : "nous valons mieux que ca". Donc, aucun intellectuel reconnu ne se bat pour imposer un nouvel humanisme populaire et vivant...!