Sociologie géopolitique du Nouvel Ordre Mondial sous leadership sino-russe !
Excellent article de Vincent Gouysse le 16 mars 2022 sur le site Réseau International, montrant que l’intervention militaire russe en Ukraine est une lutte inter impérialiste :Occident, Chine, Russie.
1°)- Objet de cet article : Excellent article rédigé par l’économiste marxiste Vincent Gouysse, montrant que l’intervention militaire russe en Ukraine est une lutte inter impérialiste entre l'Occident, la Chine et la Russie : “Il est incontestable que l’intervention militaire russe en Ukraine est dans son aspect principal une lutte inter-impérialiste pour le repartage des sphères d’influence coloniales et néocoloniales.
Avec d’un côté l’Occident défendant la crédibilité de sa domination colonialiste mondiale, afin d’éviter la complète dislocation de sa sphère d’influence. Et de l’autre, l’axe Chine-Russie qui possède des avantages concurrentiels naturels (en termes de commerce et d’investissements) et dont c’est l’intérêt fondamental de se débarrasser des méthodes coloniales occidentales qui nuisent aux affaires et s’opposent à la construction d’une nouvelle division internationale du travail centrée autour de l’impérialisme chinois.
2°)-Article
Nous tenons d’abord à reconnaître aux scénaristes hollywoodiens qu’ils ont des compétences indéniables et même un certain panache quand il s’agit de réaliser d’impressionnants blockbusters capables de captiver les foules. Une fois n’est pas coutume, les « effets spéciaux » pléthoriques n’ont en outre pas complètement phagocyté le scénario. Le scénario de la nouvelle dystopie totalitaire destinée à accompagner le Grand Reset occidental n’est en effet pas superficiel et se révèle même plutôt bien travaillé : après un 1er épisode mettant en scène un vilain virus tueur chinois né de l’accouplement d’une chauve-souris et d’un pangolin sur un étal du marché de Wuhan, un film plandémique qui avait débuté comme un remake moderne du « Hussard sur le toit » prétexte à l’établissement du fascisme vaccinal qui s’est cependant achevé en eau de boudin (ou qui est pour le moins en suspens) à cause d’un variant Omicron infiniment moins létal que le choléra et dont la presse atlantiste elle-même reconnaît aujourd’hui qu’il est même moins létal que la grippe, le 2ème épisode met en scène un autre grand vilain traditionnel du cinéma US, la Russie, dans une agression militaire présentée comme déclenchée soudainement dans la plus totale irrationalité par un fou dément, et nous plaçant potentiellement à l’aube d’une conflagration nucléaire mondiale… Quel spectacle haletant et hypnotique !
Indéniablement, le premier enseignement majeur à tirer de la projection de cette saga épique à gros budget destinée à enterrer le consommateur occidental longtemps privilégié dont l’entretien est devenu un fardeau de plus en plus encombrant au fil des ans, est que les peuples d’Occident, grands amateurs de cinéma US, se seront révélés être dans leur grande masse un excellent public… à l’exception notable d’une minorité éveillée de vilains « complotistes » qui n’ont cessé de s’attacher à perturber la projection cinématographique en déversant des torrents de « fake news » destinées à salir injustement des gouvernements « démocratiques », pourtant si bienveillants à l’égard de leurs propres peuples…
« Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les opprimés et aimer ceux qui les oppriment », avertissait Malcom X qui avait bien compris les ressorts idéologiques fondamentaux de l’ordre esclavagiste bourgeois. Chaque résistant au fascisme vaccinal a d’ailleurs pu en faire sa propre expérience…
Aujourd’hui encore, les merdias mainstream occidentaux se sont engagés dans une campagne d’intoxication massive de leur propre opinion publique en usant d’une diabolisation à outrance et d’une vision manichéenne du conflit destinée à ressouder les peuples occidentaux laminés autour de leurs attelages gouvernementaux fascisants dont la russophobie hystérique ambiante a miraculeusement restauré un vernis « démocratique » pourtant bien égratigné par deux années de covidisme… « Le degré de russophobie et de haine aux États-Unis envers la Russie est hors d’échelle. Il est impossible de croire qu’un sénateur d’un pays qui prêche ses valeurs morales comme une « étoile directrice » pour toute l’humanité puisse se permettre d’appeler au terrorisme comme un moyen d’atteindre les objectifs de Washington sur la scène internationale », déclarait il y a une dizaine de jours Anatoli Antonov, l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, en réaction à l’appel public lancé par un sénateur américain à assassiner le président russe… Ce dernier n’est certes pas un enfant de chœur, mais ce n’est pas non plus le diable belliciste irrationnel que l’on cherche à dépeindre…
Les deux scénarios du Grand Reset occidental, celui de la plandémie Covid et celui de l’intervention militaire russe en Ukraine, se croisent désormais, et comme il y a deux ans, pas à l’avantage des pays impérialistes d’Occident…
Nous ne nous éterniserons pas sur le suivi en temps réel de la banqueroute occidentale ukrainienne qui prend de plus en plus la forme d’une véritable débandade jusque dans les rangs des mercenaires étrangers dont 180 viennent d’être brutalement « refroidis », au sens propre comme au sens figuré, alors qu’ils s’entraînaient tranquillement dans l’extrême ouest du pays, par une frappe à longue portée de l’armée russe. Ce suivi n’est pas l’objet fondamental de cet article auquel il ferait prendre des proportions déraisonnables, et nous contenterons donc de traiter rapidement d’une seule information majeure révélée au cours des derniers jours : l’existence de dizaines de laboratoires biologiques militaires ukrainiens sous financement américain !
Une information évidemment d’abord révélée par les médias alternatifs au tout début du mois de mars et qui aurait pu constituer un sérieux motif supplémentaire d’intervention de la Russie, plusieurs de ces structures étant situées à la proximité immédiate de sa frontière (à Kharkov notamment).. Cette information capitale a indirectement été confirmée le 8 mars devant le Sénat US par la sous-secrétaire d’Etat Victoria Nuland qui a fait part de son inquiétude de voir les russes s’emparer d’éléments compromettants… Une crainte rapidement confirmée par le gouvernement russe lui-même, relayée sur le portail d’information des BRICS et relayée dans la foulée par la presse officielle chinoise, avec à la clef la convocation d’une réunion d’urgence de l’ONU et la dénonciation publique des menées américaines par la partie russe à cette tribune… Nous ne pouvons que recommander à chacun d’en lire la transcription intégrale en français.
Dans les jours suivant, la presse chinoise procéda à un pilonnage médiatique en règle, qui poussa par exemple Tucker Carlson, présentateur vedette de Fox News à aborder sérieusement publiquement le sujet, provoquant au passage un véritable tollé au sein des merdias atlantistes US…
« Des laboratoires biologiques financés par les Etats-Unis en Ukraine travaillent sur la transmission d’agents pathogènes, affirme la Russie », titrait ainsi le Quotidien du Peuple dans un article où l’on pouvait lire ceci :
« Le ministère russe de la Défense a déclaré jeudi que des laboratoires biologiques financés par les Etats-Unis en Ukraine travaillaient à la création d’un mécanisme de « transmission secrète d’agents pathogènes mortels ». Des experts des troupes de défense nucléaire, biologique et chimique russes ont trouvé des indices indiquant que des biomatériaux venus d’Ukraine avaient été transférés vers des pays étrangers sur instruction des Etats-Unis, a indiqué le ministère. Un projet américain en Ukraine a notamment étudié le transfert d’agents pathogènes « par des oiseaux migrateurs sauvages entre l’Ukraine et la Russie et vers d’autres pays voisins », a affirmé le ministère. « Selon des documents, la partie américaine prévoyait de travailler sur des agents pathogènes liés aux oiseaux, aux chauves-souris et aux reptiles en Ukraine en 2022 », a déclaré le ministère, ajoutant que l’Amérique étudiait aussi la possibilité de transmettre la peste porcine africaine et l’anthrax. Des expériences portant sur des échantillons de coronavirus des chauves-souris ont également été menées dans des laboratoires biologiques créés et financés en Ukraine, a-t-il ajouté. Le ministère a affirmé qu’il dévoilerait un autre ensemble de documents remis par les employés ukrainiens des laboratoires biologiques, et présenterait une évaluation dans un proche avenir. Mardi, la sous-secrétaire d’Etat américaine chargée des affaires politiques Victoria Nuland a témoigné sur l’Ukraine devant la Commission des relations étrangères du Sénat, et a reconnu que l’Ukraine disposait « d’installations de recherche biologique ». « Nous travaillons avec les Ukrainiens sur la manière d’empêcher que le produit de ces recherches ne tombe entre les mains des forces russes si elles s’en approchent », a-t-elle déclaré ».
« Les États-Unis doivent au monde une réponse sur les laboratoires biologiques », « La Chine demande des preuves concrètes des États-Unis pour clarifier les soupçons d’armes biologiques en Ukraine », titrait pour sa part le Global Times, qui publiait au passage l’infographie suivante.
Un come-back des chauves-souris de Wuhan sur le théâtre militaire ukrainien, copieusement arrosé pendant des années de l’abondante aide désintéressée du FMI, le bras financier de « l’empire du mensonge » atlantiste, voilà qui semble boucler en beauté la boucle de la duologie cinématographique de l’actuel blockbuster occidental…
Mais trêve de plaisanterie au sujet du remake US du film de l’effondrement du social-impérialisme soviétique, pour cette fois indéniablement bien meilleur que l’original, entrons maintenant dans le vif du sujet !
Il est incontestable que l’intervention militaire russe en Ukraine est dans son aspect principal une lutte inter-impérialiste pour le repartage des sphères d’influence coloniales et néocoloniales (avec l’imbrication de la lutte antifasciste et anti-colonialiste des peuples russophones de Donetsk et Lougansk opprimés militairement par les marionnettes atlantistes fascistes de Kiev), mais avec d’un côté l’Occident défendant la crédibilité de sa domination colonialiste mondiale (afin d’éviter la complète dislocation de sa sphère d’influence), et de l’autre l’axe Chine-Russie qui possède des avantages concurrentiels naturels (en termes de commerce et d’investissements) et dont c’est l’intérêt fondamental de se débarrasser des méthodes coloniales occidentales qui nuisent aux affaires et s’opposent à la construction d’une nouvelle division internationale du travail centrée autour de l’impérialisme chinois. Dans beaucoup de pays dépendants, la bourgeoisie comme les masses populaires, ont donc un intérêt direct à la fin du protectionnisme colonial agressif de l’Occident et à l’afflux de capitaux chinois… Il faut détruire le colonialisme (occidental) pour montrer que l’exploitation pacifique (sino-russe) ne libère fondamentalement pas davantage les travailleurs et les peuples, ou tout du moins qu’il va créer une nouvelle dépendance et de nouvelles contradictions. Tant que les méthodes de partage fascistes du colonialisme sont dominantes, les masses populaires des pays coloniaux aspirent fondamentalement spontanément à la « démocratie » bourgeoise, pas au socialisme… La destruction de la domination coloniale (fasciste) atlantiste est donc un préalable nécessaire au triomphe de formes de démocratie bourgeoise à une large échelle dans les pays dépendants restés sous la botte occidentale… Une fois achevée cette occupation exclusive et militairement contrainte, alors les contradictions de classe apparaîtront dans toute leur nudité, débarrassées de l’écran de fumée de l’occupation coloniale occidentale pluriséculaire…
A ceux qui s’offusquent de ce que nous qualifions d’impérialistes la Chine et la Russie contemporaines, il nous apparaît fondamental de préciser que la notion léniniste de l’impérialisme est bien plus vaste que la définition bourgeoise, souvent limitée à la politique militaire agressive du colonialisme. L’impérialisme inclut le simple commerce (notamment les formes variées de dépendance économiques et industrielles), l’exportation de capitaux (investissements) et même la propriété intellectuelle, en d’autres termes, les formes de dépendance pacifiques… Les capitalistes chinois et les russes n’ont pas besoin du colonialisme aujourd’hui pour conquérir des parts de marché. A l’inverse, l’Occident en a besoin depuis longtemps pour tenter de garder les siennes… La conclusion est qu’il ne faut pas confondre colonialisme et impérialisme, car si le colonialisme est bien une manifestation de l’impérialisme, il n’en est pas la seule…
Karl Marx a montré que le travail salarié produisait l’inégalité entre le travailleur qui n’a à vendre que sa force de travail, et le capitaliste qui s’approprie le fruit de son travail. C’est la source première de l’anarchie économique systémique non-réformable du capitalisme. Les communistes résument donc le socialisme par le mot d’ordre de l’« abolition de la propriété privée des moyens de production » (terres, usines, etc.). Raisonnons maintenant à l’échelle internationale : si un pays n’a pas une industrie diversifiée, à commencer par sa propre industrie mécanique, alors il ne détient pas ses propres moyens de production et devra donc constamment importer ces moyens de production. Il sera donc dépendant de l’étranger pour toute son industrie, et sera donc exploité par l’étranger de manière pacifique, par le commerce et la finance internationales. La guerre, les putschs et le colonialisme viennent essentiellement dans le cadre du repartage des marchés extérieurs.
Au moment du triomphe de la révolution chinoise de 1949, une révolution démocratique-bourgeoise anti-coloniale et anti-féodale, l’URSS de Staline a fourni une aide majeure visant à l’édification des ouvrages fondamentaux de l’industrie lourde chinoise (les documents officiels récents du PCC le reconnaissent), et a aidé à la formation de cadres de l’industrie chinois. Quand Khrouchtchev a pris le pouvoir, cette aide matérielle désintéressée a été retirée aux chinois pour les punir de leur non suivisme à l’égard du social-impérialisme soviétique naissant qui voulait inclure la Chine dans une prétendue « division socialiste internationale du travail », afin que la Chine dépende de l’URSS pour son développement industriel… La minuscule Albanie socialiste s’était également engagée dans cette voie d’édification d’une économie autonome. Les peuples premiers d’Amérique disent qu’il vaut mieux apprendre à un homme à pêcher que lui apporter constamment du poisson… C’est fondamentalement la philosophie des vrais communistes…
Un pays dont l’industrie se limiterait à une branche d’industrie (comme le textile) sera économiquement inévitablement asservi par le pays qui détient les machines-outils, les technologies, et la propriété intellectuelle. Celles-ci doivent donc être universellement partagées. Une perspective que seuls des pays socialistes peuvent concrétiser, car n’étant pas intéressés par la conquête des marchés extérieurs, mais par la seule satisfaction des besoins de leurs propres peuples !
« Le seul souverainisme est celui qui consiste en la défense du sien et le respect absolu de celui des autres », une réalité que seul le mode de production socialiste peut apporter : être indépendant sans chercher à exploiter les autres, même « pacifiquement »… Et pour cela, chaque pays doit disposer d’une industrie indigène autonome et d’une agriculture diversifiées…
Il est d’ailleurs essentiel de souligner, comme nous l’avions démontré en 2007, que l’URSS de Staline avait justement en vue la conquête et la sauvegarde de cette autonomie économique comme condition nécessaire à l’édification du socialisme. L’URSS a alors fait du commerce avec les pays capitalistes et acquis certaines technologies afin de se mettre à niveau, sans brader pour autant son indépendance économique (dès 1937 et la fin du second plan quinquennal, les importations étrangères d’équipements industriels chutent drastiquement), et la loi prêt-bail fût une bien maigre compensation pour les menées US dans la coulisse destinées à conduire le Reich et l’URSS à s’entredétruire mutuellement, sans oublier le repoussement de l’ouverture d’un vrai second front en Europe aux calendes grecques, faisant supporter tout le poids de la guerre à l’URSS jusqu’à la mi-1944…
Qu’on s’imagine un seul instant la difficulté de construire une société radicalement nouvelle, qui proclame ouvertement que son but est la fin du capitalisme mondial, dans un pays vaste mais économiquement arriéré, entouré d’Etat capitalistes industriels hostiles… L’Occident capitaliste a d’abord essayé d’assassiner l’URSS en 1918-1922… L’URSS a importé des machines (pour l’essentiel dans la période 1928-1937) afin de mettre à niveau son industrie mécanique et d’acquérir rapidement une autonomie industrielle complète… Les puissances impérialistes d’occident (et en premier chef les USA) furent d’abord satisfaites de cela : avec la crise de 1929 et la recherche des débouchés, c’était une aubaine… Ils espéraient aussi que cela permettrait aux capitaux US de pénétrer profondément en URSS et donc de reprendre indirectement la main… Mais dès le milieu des années 1930, les capitalistes américains comprirent qu’ils avaient fait une erreur d’appréciation monumentale : ils réalisaient de moins en moins d’affaires avec le pays des bolchéviks, désormais industriellement autonome et qui n’avait pas connu de perte de souveraineté. Alors l’Occident allait tout faire pour jeter les fascistes allemands et nippons contre l’URSS et la détruire…
Après une guerre d’extermination dont l’URSS sortit militairement victorieuse, mais économiquement et surtout humainement éprouvée, le socialisme mourut avec Staline et le triomphe d’une nouvelle bourgeoisie monopoliste d’Etat, officialisée en 1956. Confrontée à son refoulement des marchés extérieurs dès la seconde moitié des années 1970 qui virent les pays impérialistes d’Occident délocaliser des branches d’industrie entières vers les pays dépendants à bas coût inclus dans sa sphère d’influence, la nouvelle classe capitaliste « soviétique » acheva ensuite son œuvre de destruction en se vendant intégralement aux capitalistes occidentaux jusqu’à la dislocation de la sphère d’influence du social-impérialisme soviétique et de ce dernier lui-même en 1991, après une quinzaine d’années de complète stagnation économique… A la clef, la brutale destruction des « acquis sociaux » hérités de la période socialiste qui avaient été maintenus tant bien que mal pendant trois décennies par la nouvelle bourgeoisie monopoliste d’Etat…
Il apparaît ainsi de toute évidence que la recherche d’une prétendue « troisième voie » est une imposture, sinon tout au moins un mirage. Quelle serait donc la base matérielle (c’est-à-dire économique) d’une telle société « alternative » ? Propriété privée ou propriété collective des moyens de reproduction de l’existence ? Ces utopies, promues notamment par la Yougoslavie titiste, sont donc celles du « petit capital » en « autogestion », mais en pratique, la petite propriété privée aboutit à l’impérialisme, via la concentration croissante qui s’opère naturellement via la concurrence, les crises, etc. On ne va pas retourner au capitalisme primitif du début du XIXe siècle… Enfin, peut-être en ce qui concerne l’Occident en cours d’effondrement, mais certainement pas l’impérialisme chinois aujourd’hui en voie d’achever sa conquête du leadership mondial incontesté…
Il faut bien comprendre que le passage de relais du leadership économique mondial de l’Occident à la Chine est avant tout une nécessité économique pour le système mondial de l’impérialisme pris dans son ensemble, la domination coloniale atlantiste représentant en premier lieu un frein majeur à un degré supérieur d’expansion des forces productives, ce que les capitalistes chinois essaient vainement de faire comprendre au Capital financier occidental depuis des années pour l’encourager à accepter de bon gré ce nécessaire (et de toute façon inéluctable) changement de leadership… Alors que la croissance économique réelle de l’Occident stagne depuis longtemps, des milliards d’être humains vivent encore aux marges de la grande industrie et dans le sous-développement économique le plus complet. Et les débouchés relativement limités offerts par le consommateur occidental ne permettent à l’évidence pas d’entraîner ce réservoir de croissance dans la sphère d’action du capitalisme, condamnant à la stagnation l’Occident impérialiste autant que les pays inclus dans sa sphère d’influence exclusive… La conversion des 1,4 milliards de chinois en débouché de consommation finale pourrait fondamentalement changer la donne…
A l’échelle mondiale, on doit donc objectivement considérer la fin de la domination coloniale atlantiste comme un progrès historique, sans pour autant entretenir de funestes illusions sur sa portée limitée, comme c’est le cas pour les sinologues « romantiques » qui, tels Bruno Guigue, confondent les rapports de production avec le niveau de développement des forces productives, restent à la surface des choses, et jugent donc du degré de « socialisme » à l’aune des « acquis sociaux », sans être capables de comprendre que le Capital financier d’un pays impérialiste dominant a un intérêt objectif structurel de long terme à l’élévation du niveau des salaires et à l’octroi d’acquis sociaux au sein de son épicentre, avec en ligne de mire l’extension des débouchés à la consommation au sein du pays impérialiste dominant situé au sommet de la chaîne alimentaire mondiale…
Ce n’est qu’à travers cette nouvelle perspective d’extension des débouchés sous l’égide de l’impérialisme chinois que le système mondial de l’impérialisme peut encore repousser l’échéance fatidique de la crise économique structurelle et systémique, tout en freinant la baisse également structurelle du taux de profit qui dégrade inexorablement le degré de rentabilité des capitaux investis à mesure que l’outil productif se modernise… Une contradiction majeure auquel doit faire face le système mondial de l’impérialisme dans son processus d’accumulation et d’expansion ! Le graphe ci-après, élaboré par des analystes de l’Université du Massachusetts, et relayé par un camarade intervenant sur le média alternatif Réseau International, permet de saisir l’ampleur de la problématique fondamentale du système mondial de l’impérialisme.
A l’échelle globale, on voit bien que les délocalisations industrielles occidentales dans les pays dépendants ateliers (massives dans les années 1980) ont permis de freiner (sans pour autant parvenir à inverser) la chute abyssale du taux de profit observée au cours des deux décennies précédentes. Il serait intéressant de disposer de statistiques différenciées par pays, ne serait-ce que pour les USA et la Chine notamment…
On verrait alors certainement que la situation est depuis longtemps catastrophique pour les USA, et tend à commencer à se dégrader pour la Chine, d’où la nécessité croissante de délocaliser ailleurs certaines branches d’industrie, vers l’Afrique par exemple, bien qu’il reste encore un certain potentiel de main-d’œuvre à bas coût à exploiter dans l’Ouest de la Chine, un fait que nous avions souligné dès 2009… Les capitaux affluent en effet toujours là où le coût de la main-d’œuvre, c’est-à-dire de la marchandise « force de travail », est le plus bas et le plus compétitif… En 2010, nous soulignions que cette stratégie pourrait assurer de l’ordre d’un bon demi-siècle de développement des forces productives du capitalisme (et donc de croissance économique) au nouvel impérialisme dominant ainsi qu’aux pays dépendants (semi-coloniaux) inclus dans sa sphère d’influence…
« L’eau s’écoule toujours vers le bas », remarquaient déjà il y a une douzaine d’années les idéologues intelligents de l’impérialisme chinois qui planifiaient la future transformation des pays du continent africain en pays (dépendants) ateliers où afflueraient en masse les capitaux chinois… (Cf. Le réveil du Dragon, pp. 424-425) La perspective fondamentale à venir qui doit accompagner l’effondrement occidental consiste donc dans un mouvement de délocalisations d’industries de base et intermédiaires par l’impérialisme chinois vers les pays dépendants à bas coût et en particulier ceux du continent africain…
Cela n’est pas dû à la scélératesse particulière des capitalistes, mais à la nécessité pour le Capital de rechercher en permanence la main-d’œuvre la plus compétitive afin de tenter de compenser la baisse tendancielle structurelle du taux de profit induite par l’élévation de la composition organique du Capital (c’est-à-dire l’élévation de la part du capital fixe par rapport au capital circulant), à mesure que le niveau technologique de la production s’élève et évince le travail vivant au profit du travail accumulé…
Si l’impérialisme chinois a encore quelques réserves de croissance à mobiliser à moyen terme, l’Occident a par contre déjà à faire face à des problèmes majeurs de bien plus court terme, comme en témoigne ce graphe :
A l’évidence, les chiffres du PIB corrigés de l’inflation publiés par le site statistique Shadowstats du remarquable économiste américain Walter J. Williams, témoignent du fait que l’économie réelle américaine (la courbe bleue), après la crise des subprimes et plus d’une décennie de complète stagnation, connaît depuis 2020 une contraction sans précédent et de longue durée, en dépit de l’explosion de la dette publique à des niveaux stratosphériques… En outre, comme nous l’avons déjà souligné, cette récession s’accompagne d’une inflation à des niveaux historiques, inconnus depuis plus de quatre décennies… Aux USA, le gallon d’essence (près de 3,8 litres) se vend désormais aujourd’hui autour de 4,06 dollars, un prix en hausse de 1,3 dollar sur un an…
L’Occident en cours de déclassement est ainsi confronté à un destructeur processus stagflationiste qu’il faut bien justifier par quelque chose… C’est là qu’entrent en scène les deux scénarios que nous avons évoqué précédemment : la plandémie Covid et maintenant une guerre d’attrition « civilisationnelle » de l’Occident contre la Russie destinées à justifier tous les sacrifices des masses populaires dans le but d’approfondir et d’accélérer leur paupérisation absolue…
En ce qui concerne d’abord les puissances impérialistes d’Occident déchues, dont il est très peu probable qu’elles survivent en tant qu’Etat unifié (USA) ou coalition d’Etats (UE), une perspective que nous n’avons cessé de souligner, leur poids économique et géopolitique promet donc d’être brutalement et pour longtemps réduit à la portion congrue, proportionnelle à leur économie réelle, une fois la bulle de la « société de consommation » occidentale dégonflée, du moins aussi longtemps que les capitaux des nouveaux pays impérialistes dominants ne s’y déverseront pas massivement… Le sort des futures anciennes puissances impérialistes dominantes d’Occident dépendra dans une très large mesure de la réaction de leurs peuples face à la phase terminale aujourd’hui en cours de leur grand déclassement… De nombreux facteurs économiques (profonde désindustrialisation combinée à une fuite des cerveaux vers de nouveaux eldorados), politiques (instrumentalisation du communautarisme ethnique et religieux au sein de sociétés ayant longtemps eu vocation à un rayonnement cosmopolite), moraux (nostalgie réactionnaire pour un « âge d’or » colonial révolu combiné à l’hostilité à l’égard des peuples des nouvelles puissances impérialistes dominantes perçus comme responsables de leur déclassement), déterminent à l’heure actuelle une évolution extrêmement improbable vers le socialisme (en dehors d’une prise de conscience aussi profonde que rapide), mais devrait plus probablement revêtir la forme d’un « suicide collectif civilisationnel », avec à la clef la conversion brutale de la « société d’abondance occidentale post-industrielle », en un nouveau tiers-monde… Cet effondrement aussi profond que durable des sociétés occidentales signifie d’abord leur ravalement à une vaste friche post-industrielle et post-tertiaire que les nouveaux maîtres du monde (investisseurs chinois, russes, etc.) pourraient bouder bien longtemps dans l’attente d’un retour à un minimum de stabilité sociale et politique (afin d’y assurer la sécurité des investissements), en dehors peut-être du développement de quelques secteurs de base (agriculture, industrie extractive). Comme pour l’ex-URSS, le Capital financier d’Occident ne devrait guère plus parvenir à assurer la viabilité que des secteurs agricole, de l’industrie extractive et du complexe militaro-industriel de ses territoires déclassés. Cela promet des sociétés occidentales économiquement, socialement, politiquement et moralement durablement laminées, à un degré vraisemblablement encore exacerbé comparé à celui de la Russie après l’effondrement du social-impérialisme soviétique. Les multiples facteurs délétères devraient enfin conduire à la complète dislocation des puissances impérialistes d’Occident, y compris sur le plan géopolitique et en tant qu’entités économiques et politiques unifiées.
La perspective sera fondamentalement différente en ce qui concerne la plus grande partie de l’humanité, ayant vécu tout au long du XXe siècle aux marges du système colonial des puissances impérialistes d’Occident.
Une fois brisées les chaînes du colonialisme occidental, une nouvelle division internationale centrée autour du nouvel impérialisme dominant (la Chine), continuera à émerger de façon accélérée et sans plus avoir à craindre les ingérences coloniales occidentales systémiques. Les peuples de nombreux pays dépendants économiquement arriérés verront alors affluer en masse les capitaux étrangers, notamment chinois, se développer les infrastructures économiques, l’industrie et l’agriculture intensive. Ces peuples se verront alors forger de nouvelles chaînes néocoloniales. Les chaînes de l’esclavage salarié seront-elles dorées ou en toc ?
Cela dépendra de nombreux facteurs, mais une chose est cependant certaine : rien n’est jamais définitivement et durablement « acquis » sous le capitalisme, en parti