Second tour Macron-Le Pen (2017)= réplique assourdie de la tempête Chirac-Le Pen
Article rédigé le 8 janvier 2018 à partir du texte de Alain Badiou intitulé "Sur l'élection présidentielle d'avril/mai 2002", "Circonstances, 1", édition Léo Scheer, 2003.
A bien des égards, le second tour Macron/Marine Le Pen de 2017 rappelle le second tour Chirac/Le Pen de 2002. Mais comme une réplique assourdie, euphémisée de la tempête post-21 avril 2002. On se souvient : la présence de Le Pen au second tour avait suscité une émotion considérable. Elle fut beaucoup moins vive avec la présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection de 2017. L'hystérie observée en 2002,- il s'agissait ni plus ni moins de "sauver la démocratie"(sic)-, ce qui avait donné lieu à un rassemblement de 500 000 personnes le 1er mai 2002. Le 5 mai, Chirac était élu avec un score soviétique-, a été beaucoup plus molle, incrédule en 2017. Si ce n'est JLM pris à partie violemment et constamment pendant tout l'entre-deux tours, par les plumitifs aux ordres du pouvoir, pour ne pas avoir appelé suffisamment fort à voter Macron.
Dans les 2 cas, tous les partis et syndicats ont appelé à voter Chirac ou Macron, mais le Peuple, surtout les jeunes n'ont pas suivi en 2017.
Des 20 heures le 17 avril 2017, Corbière annonçait qu'il fallait voter Macron : voir le film de Gilles Perret sur Melenchon qui sort à la fin du mois, et dont on a pu voir des extraits. Sa démarche psychologique était la suivante : "puisque là où il y aurait dû avoir JLM, il y a Marine Le Pen, alors je vote Macron". Dans la tête de Corbière, JLM et Macron sont interchangeables, ce que je trouve absolument scandaleux...!
DANS LE SUFFRAGE UNIVERSEL, IL Y A DES PLACES PRE-CODEES, qui preemptent tout le scrutin : le vote n'est donc pas l'expression de la liberté de toutes les opinions. Ne sont au second tour que ceux qui sont conformes à la norme. Il y a ce que Badiou appelle le principe de l'homogène.
Ce que dit Badiou est énorme. Cela signifie que JLM, à supposer qu'il soit au second tour d'une élection présidentielle, subira, de la part du champ médiatique confisqué par les milliardaires, la violente campagne de presse anti-Jean-Marie Le Pen en 2002, anti-Marine Le Pen en 2017, au motif que "la défense de la démocratie et de la République" passe par la défense du candidat de l'ordre établi : Macron ou un de ses clones qu'on aura fabriqué à toute vitesse, si Macron est trop démonétisé. Et que ses chances d'être élu sont trop faibles.
La pratique du suffrage universel au XXIEME siècle me rappelle le fil de Sydney Pollack : "on achève bien les chevaux" (1969), avec Jane Fonda et Mickael Sarrazin. Nous sommes pendant la grande dépression américaine. Les États Unis comptent 15 millions de chômeurs. De vrais malfrats organisent de grands concours de danse. Le couple qui danse des jours et des nuits le plus longtemps à gagné. Jane Fonda et Mickael Sarrazin participent à ce concours stupide, histoire de gagner un peu d'argent. Ils se battent avec beaucoup de conviction. A un moment, il n'y a plus que 4 couples sur la piste de danse, qui continuent de danser. Ils commencent à croire à leur victoire. Le directeur de ce concours , Rocky, un mec ignoble avec une tête d'ordure (bravo le casting !), douche leurs espoirs en leur disant : "cela fait 10 ans que j'organise des concours de danse comme celui-là. Je ne sais pas qui va gagner, mais je sais que ce n'est pas vous"(sic). Exactement comme pour le SU, il y a des places pré-codées dans ce concours : et nos 2 jeunes héros, trop minces, trop jeunes, trop fragiles, n'ont aucune chance de gagner, quels que soient leurs efforts !
Conclusion : si la FI joue le jeu du suffrage universel de façon chimiquement pure, si elle ne descend pas préalablement dans la rue afin de créer un grand mouvement populaire, notamment auprès et à partir des jeunes ; si on ne mène pas une bataille des idées courageuse et hors système en réécrivant un nouveau programme politique plus critique vis à vis du système et de la société libérale 2018, voilà ce qui nous attend : JLM ne sera jamais élu. N'en déplaisent au mutisme des militants de la FI proches de la Direction, il faut avoir la lucidité de le dire...!
1°)- Nous commentons le texte d'Alain. Badiou intitulé "Sur l'élection présidentielle d'avril/mai 2002" contenu dans son livre "Circonstances, 1", édition Léo Scheer, 2003.