Riche à partir de 3 700 euros par mois : est-ce le vrai problème du moment ?!
Etude de l'Observatoire des inégalités + article du Point rédigé par Marc Vignaud le 01/06/2022 + commentaires Brigitte Bouzonnie. Lu sur le mur Facebook de mon ami Jilles Lazardeux
1°)- Brigitte Bouzonnie : L’Observatoire des inégalités fixe le seuil de “richesse” à 3 700 euros après impôts. Cela concernerait environ 10% de la population française, soit 4,5 millions de français. Cette étude a été largement médiatisée, comme le montre cet article du Point. Le long reportage à laquelle elle a donné lieu hier au JT de 18 heures de France Inter, puis au cours de l’émission “Le téléphone sonne”. L’article que lui a consacré la plateforme Edge.
Pourquoi se polariser exclusivement sur les “riches”, pour qui ça roule. Des riches qui ont la possibilité d’épargner jusqu’à 22% de leur revenu mensuel, lorsque les pauvres consomment le total de leur salaire, épargnant zéro sou, zéro centime. Pourquoi parler exclusivement des riches, alors que nous assistons à une pauvreté galopante : dans les 15 millions de femmes et d’hommes de notre beau pays vivant en dessous du seuil de pauvreté, selon nos calculs. 80% des français ayant du mal à joindre les deux bouts. Sans oublier les inégalités passées d’un écart de 1 à 20 dans les années soixante à un écart de 1 à 400 aujourd’hui (chiffres Martine Orange) : autant de chiffres clés soigneusement occultés dans le débat politique 2022, au profit de ce débat écran consistant à savoir si une minorité de 10% est “riche” ou pas, ce dont on se contre-fiche.
L’observateur des inégalités sociales est un think thank à caractère privé dirigé par Louis Maurin. Il n’a aucune fibre sociale, aucune empathie pour les plus pauvres. Sa seule “obsession” depuis dix ans, - je le ‘connais’, intellectuellement parlant, car il tient un blog Médiapart, comme moi, entre 2013 et 2020-, c’est de dénoncer de façon rituelle les “riches” à 3000 euros. Puis, inflation oblige, les riches à 3700 euros. Opération de basse police idéologique, permettant de “noyer”, occulter les ultra riches milliardaires, sous les riches “nécessiteux”.
Inversement, à aucun moment, son observatoire n’a mis en lumière la paupérisation des classes populaires et des petites classes moyennes hélas bien avancée.
Depuis toujours, l’observatoire des inégalités sociales est une machine à désorienter les consciences. Si sa création répondait au besoin urgent de mieux connaitre les pauvres et l’ampleur de la pauvreté de masse en France, ensuite, ce site n’a eu de cesse de parler encore et encore des “riches” : non pas pour critiquer la politique macronienne visant à les gaver d’argent, surtout depuis 2017 : mais pour nous faire envie de faire partie de ce groupe doré !
Ce site véhicule la fausse conscience au sens marxiste du mot. Loin de nous éclairer, elle nous enfume, nous empêchant de prendre conscience du ras de marée de pauvreté recouvrant hélas notre pays, comme disait le regretté Julien Lauprêtre, Président du Secours Populaire. Selon les chiffres du Secours populaire, 30 % de la population française avec les enfants sont hélas en situation de pauvreté.
2°)- Article Le Point : Dans son rapport deuxième rapport sur les riches en France, l’Observatoire des inégalités propose de fixer le seuil de richesse à 3 700 euros après impôts.
C'est un des chevaux de bataille de Louis Maurin, le directeur de l'Observatoire des inégalités. Cet organisme indépendant, mais non dénué d'idéologie veut contribuer à faire la lumière sur « les riches » en France, en dévoilant son deuxième rapport dédié à ce sujet, après celui de 2020. Il regrette que l'Insee ne définisse pas de seuil, alors qu'en Allemagne ce niveau « est publié depuis 20 ans ».
Il n'existe pas de définition unique d'une personne « riche ». Tout est souvent affaire de jugement. « En France, déplore Louis Maurin, personne n'aime être qualifié de “riche”. Chacun voit midi à sa porte et trouve que les riches sont ceux dont le niveau de vie est supérieur au sien. C'est vrai : hormis Bernard Arnault et une poignée d'ultra-riches, on est toujours le pauvre d'un autre », déplore-t-il dans son édito qui accompagne le rapport.
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Être riche à partir de 3 700 euros par mois après impôt
Il faut donc s'entendre sur ce dont on parle. L'Observatoire des inégalités propose de fixer le seuil de la richesse, exprimée en termes de revenus, à 3 700 euros (3 673 euros exactement) par mois après impôts et prestations sociales pour une personne seule. C'est le double du niveau de vie médian, c'est-à-dire le seuil qui partage la population en deux, l'une gagnant plus, l'autre moins.
Certains trouveront ce seuil faible, mais il faut savoir qu'à ce niveau de niveau de vie (un indicateur qui tient compte de la taille du foyer), une personne gagne plus que… 93 % de la population. Ainsi défini le seuil de richesse, la France compte 4,5 millions de riches, soit 7,1 % de la population, comme il existe 14,6 % de pauvres en 2020. « Ce seuil, il faut le discuter en prenant en compte le lieu de vie, l'âge, ou encore la combinaison avec le patrimoine », reconnaît l'Observatoire des inégalités. « Être riche à 25 ans n'a pas la même signification qu'à 45 ans, vivre avec 3 700 euros par mois n'est pas la même chose quand on habite à Paris ou à Charleville-Mézières », reconnaît Louis Morin. On peut aussi estimer qu'un riche fait partie des 10 % des Français qui gagnent le mieux leur vie…
Évidemment, ces critères n'épuisent pas la définition d'un riche, souvent assimilé aux super-riches tel Bernard Arnault, le patron de LVMH. Pour Louis Maurin, « la richesse monétaire est composée de deux grandes dimensions qui se complètent, le revenu et le patrimoine, qu'il faudrait pouvoir associer, et non étudier seulement de manière séparée ».
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490 000 euros de patrimoine
En termes de patrimoine, l'Observatoire des inégalités définit le seuil de richesse à 490 000 euros. 16 % des ménages dépassent ce seuil. 4 % des ménages, soit 1,2 million, sont millionnaires. « À condition d'exclure les 500 plus grandes fortunes professionnelles, est obligé de reconnaître l'Observatoire des inégalités, nous ne constatons pas dans nos données d'explosion récente des très hauts revenus et patrimoines. En revanche, considère-t-il, la France est un pays où les riches s'enrichissent de manière régulière sur le long terme. Ni les crises ni le niveau des impôts sur le patrimoine n'y font obstacle. »
Parmi les nombreux chiffres intéressants contenus dans son rapport, on peut retrouver la part des salaires captés par le 1 % des salariés du privé les mieux payés. Cette part a augmenté régulièrement pour atteindre 8,1 % en 2018, contre 6,8 % en 1996.
En termes sociologiques, les riches sont souvent âgés. Si l'on retient comme définition qu'un riche fait partie des 10 % des Français dont le niveau de vie est le plus élevé, alors il a en moyenne 57 ans, n'a plus d'enfant à charge, est très souvent (à 82 %) propriétaire de son logement. 73 % des personnes qui enregistrent le meilleur niveau de vie font aussi partie des 20 % des Français qui ont le patrimoine le plus élevé. Des chiffres de l'Insee compilés par l'Observatoire des inégalités.
Difficile de se constituer un patrimoine avec le fruit de son travail
L'Observatoire des inégalités s'est aussi attaché à essayer de décrire les conditions de vie des « riches ». « Partir en hiver reste l'élément de distinction majeur, peut-on notamment lire dans le rapport. Seuls 17 % des Français partent au moins une fois tous les deux ans à cette période (donnée Crédoc 2010). Et puis, il y a partir et partir : 8 % prennent la direction des sports d'hiver, et on pourrait y ajouter – mais leur part n'est pas mesurée – ceux qui choisissent une destination lointaine au soleil, en grande majorité les plus aisés. Être riche, c'est partir où on veut, quand on veut, sans avoir à se soucier de le prévoir longtemps à l'avance et du budget à y consacrer. » Notons que 5 % seulement des ménages (donnée Insee 2013) possèdent une résidence secondaire.
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Au-delà de cette tentative de description, l'Observatoire des inégalités relève que la part de l'héritage dans le patrimoine augmente depuis les années 1980, une tendance de fond déjà relevée par le Conseil d'analyse économique. Celle-ci est notamment liée à l'augmentation des prix de l'immobilier.
« Se constituer un patrimoine avec les seuls revenus du travail est possible, relève l'Observatoire dans son rapport, mais reste aussi rare aujourd'hui que dans les années 1920. » Contrairement à une idée reçue, beaucoup de Français n'hériteront jamais. Une petite majorité seulement (53 %) des plus de 70 ans ont hérité au cours de leur vie, selon l'Insee. Et parmi les héritages reçus, les deux tiers sont inférieurs à 30 000 euros. 40 % sont même inférieurs à 8 000 euros. Autant de constats qui plaident pour une augmentation de la taxation de l'héritage et non sa baisse comme promis par Emmanuel Macron, qui veut relever l'abattement entre parents et enfants à 150 000 euros par héritier.
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