Retour sur les conditions anormales, non sanctionnées dans lesquelles s’est déroulée l’élection présidentielle de 2017 !
Article rédigé par Régis de Castelnau et Btrigitte Bouzonnie
NOTRE PAYS TRAVERSE UNE PHASE DELICATE, CONSEQUENCE DES CONDITIONS ANORMALES, DANS LESQUELLES S' EST DEROULEE L'ELECTION PRESIDENTIELLE 2017....!
Dans son article du 4 avril 2019, Régis de Castelnau dénonce "les conditions anormales et non sanctionnées dans lesquelles s’est déroulée l’élection présidentielle de 2017", qui a vu l'arrivée par effraction à l'Elysée de Macron. On avait développé la même hypothèse, dans un article intitulé : "Nous ne vivons plus en démocratie depuis 2017" posté sur Médiapart le 26 mars 2019. Les conditions de la venue de Macron à L'Elysée ont été refoulées dans l'inconscient collectif, chacun portant en soi son humble corruption.
Avec mes ami(e)s politiques, il est très intéressant de voir que si le second tour des élections 2017, notamment le duel Macron/Le Pen, donne lieu à de nombreux commentaires, souvent de très grande qualité, en revanche, sur le premier tour (23 avril 2017), règne une amnésie générale révélatrice de la gène, du "trouble" occasionné.
On reposte les 2 articles, espérant ouvrir le débat...
1°)- Régis de Castelnau : "Notre pays traverse une phase délicate, probable conséquence des conditions anormales et non sanctionnées dans lesquelles s’est déroulée l’élection présidentielle de 2017. Le rejet d’Emmanuel Macron trouve aussi sa source dans le trouble qu’a laissé dans l’opinion l’arrivée au pouvoir d’un parfait inconnu, porté financé, et médiatisé par les grands intérêts. Depuis deux ans, la liberté d’expression a subi des attaques très inquiétantes, que ce soit par le vote de lois liberticides, ou la confiscation des grands médias par une certaine oligarchie. Et la couverture du mouvement des gilets jaunes a suscité rejet et rage dans l’opinion. Il ne serait pas sérieux de le nier, ou de le sous-estimer. Les journalistes et notamment ceux qui officient sur le service public seraient avisés de se rappeler quelle est leur mission et quels sont leurs devoirs.
2°)- Brigitte Pascall : "Nous vivons en dictature. Nous ne vivons plus en démocratie depuis 2017. Depuis que le petit maquillé à moumoute a "pris le pouvoir par effraction" (sic), comme il le concède lui-même. Nous ne vivons plus en démocratie depuis la grande tricherie du premier tour, le 23 avril 2017 : c'est là que tout est arrive.
Ensuite, le second tour Macron/Le Pen n'a été qu'une formalité. Le Pen a fait semblant de confondre l'affaire SFR et l'affaire Alsthom, qui n'avaient absolument rien de commun. Elle avait bu. Après le débat, elle a été arrêtée par la Police pour excès de vitesse : elle avait 2 grammes d'alcool dans le sang. Elle avait été achetée (par Rothschild ?) pour perdre, et le débat, et la Présidentielle. Juste après, MLP a fait une dépression, ce qui montre le caractère hors du commun de l'épisode, qu'on lui a obligé à endosser.
Tout s'est joué le soir du premier tour, avec des résultats par candidat non sincères : selon moi, Macron n'a jamais véritablement rassemblé 24% des votants au premier tour. Si les choses avaient été "honnêtes", "normales", il aurait du faire un score à la Jean Lecanuet : même candidature "moderniste", "ni de droite, ni de gauche", "européiste", "avec un strict électorat de cadres", "vendu comme une savonnette par les médias, notamment l'Express aux élections de 1965 : c'est à dire à peine 12% des voix. C'est Alain Badiou qui pointe la ressemblance extrême entre ces deux candidats, dans un intéressant débat sur LCP de mai 2017, avec Olivier Mongin, patron d'Esprit, que je vous recommande (voir vidéo Youtube).
Macron ne devait faire que 12/14% des voix. Pourquoi donc me direz-vous ? Parce que les ouvriers et les employés représentent 55% du corps électoral. Et que tout parti, tant de droite que de gauche, se doit de chouchouter, séduire un peu les classes populaires, par un discours adapté : on n'a pas oublié le célèbre "travailler plus pour gagner plus" de Sarkosy, qui lui a permis d'obtenir 25% des suffrages ouvriers : autant que Ségolène. On n'a pas oublié non plus ses promesses fallacieuses : Sarko serait "le Président du Pouvoir d'achat" (sic), comme il s'en vanta début 2007 devant les salariés de Florange, promettant aussi de revenir le devoir accompli. Ce qu'il fit (péniblement) deux ans plus tard. En pleine forme, Le Canard Enchaîné titra alors : "Sarkosy revient toujours sur le lieu de ses frimes"(sic) ...
Tandis que Macron rien du tout. Le petit banquier s'est toujours présenté comme le candidat des riches, des cadres et des banquiers, qui, bien entendu ne représentent pas une "majorité" dans l'opinion. Emmanuel Todd évalue à 30% la petite bourgeoisie intellectuelle, le nombre de "sachants" dans la société française.
Macron a "obtenu" 24% grâce aux 500 000 cartes d'électeur dupliquées 2 fois. Les votes blancs et nuls transférés massivement sur le nom de Macron, comme le montre l'exemple de la seconde circonscription de Lyon, où le nombre de votes blancs le 23 avril est égal à zéro. Certains électeurs ont même pu voter 3 ou 4 fois, rien qu'avec leur carte d'identité. On a fait voter les morts...Grâce aux serveurs Scytl, son score de 23% a été “siphonné” en prenant sur les résultats de tous les autres candidats.
Les résultats obtenus par Macron dans les Outre Mer sont particulièrement intéressants à commenter : Macron arrive partout en tête avec 30% des suffrages à La Réunion, la Guyane, la Guadeloupe, Mayotte, l'Ile Saint-Martin : alors que la vie quotidienne est si chère, le taux de pauvreté supérieur à 50%, les emplois en CDI si rares ainsi que le nombre de contrats aidés.
Pourquoi alors avoir voté en masse pour le candidat des riches, ne promettant absolument rien pour les plus pauvres ? Ainsi, les habitants de la Guadeloupe ont une longue tradition de luttes, avec des syndicalistes reconnus et courageux, très aimés de la population autochtone comme Elie Domota, secrétaire de l'UGTG. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le mouvement des gilets jaunes est particulièrement puissant dans cette région. S'agissant de la Réunion, Pendant deux mois, les médias officiels ont observé l'embargo le plus complet sur l'action des gilets jaunes Réunionnais : tant sur les ronds-points que dans leurs "marches contre la misère"(sic). Un notable a même comparé leur action "au passage d'un cyclone"(sic). Alors, pourquoi des femmes et des hommes fiers, résolument et violemment antisystème, soucieux d'un autre projet de société plus solidaire, auraient-ils voté pour le candidat du système et de la Bourgeoisie triomphante : Macron ??
Alors bien sûr, Macron a bénéficie de complicités extraordinaires : notamment tous les "barragistes"(PS, Générations, PCF, FI), qui ont appelé à voter Macron : Corbière, dès le 23 avril 2017 à 20 heures 10, comme le montre très bien le film de Gilles Perret sur JLM. Mais aussi Mélenchon, qui a conclu un pacte obscur avec Macron : ne pas trop le critiquer, faire de l'opposition de salon, à fleurets mouchetés. Et on retrouve aujourd'hui cette ligne "macron compatible", "PS bis", "européiste", dans sa non défense frontale de la cause des gilets jaunes. "Triant", dans les durs problèmes de survie des GJ, qui, le RIC, qui, la seule question des violences, comme le montre son dernier interview sur LCI dimanche dernier.
Il faut dénoncer, non seulement le soutien des grands patrons, ultra-riches, dont a bénéficié Macron au cours de la campagne présidentielle 2017. Mais, n'en déplaisent à Branco et Ruffin, ça ne suffit pas. Il faut aussi dénoncer ces élections insincères, dont nous avons été obligés d'assumer les tristes conséquences : Macron à l'Elysée et la mise à mort sociale du Peuple français : casse du code du travail, salariés en CDI licenciés du jour au lendemain comme le montre hélas les salariés licenciés de l'usine Ford. Casse du statut des cheminots, baisse drastique du pouvoir d'achat des retraites.
Comme dit Alain Badiou : "Il existe une férocité de la Bourgeoisie, quand elle se sent libre. Ils veulent nettoyer tout ça vraiment. Et ils prennent exemple sur l'Allemagne. En France les réactionnaires ont toujours suivis l'exemple de l'Allemagne. Or là-bas je le redis, 30% de la population est en état de grande pauvreté."(cf Eloge de la Politique", édition Café Voltaire/Flammarion, 2017). Macron en est le féroce et zélé représentant, qui a besoin de la dictature pour faire et finir la sale besogne.