Quand Macron nous crie son mépris de classe !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie en mars 2019
C'est nouveau : Macron nous crie ouvertement son mépris de Classe. Sa haine du populaire. On est des "fainéants". “Alcooliques". "Illettrées". "Des riens". “Assistés”. Allocataires de minima sociaux "coûtant un pognon de dingue", accros à Hanouna. "Quand il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi", etc.
Bernard Pudal, professeur de sciences politiques, est auteur notamment d'un formidable ouvrage sur l'histoire du Parti communiste français "Prendre parti", édition Fondation Nationale de Sciences Politiques, 2012. Il montre que le capital scolaire des dirigeants communistes des années 30 (Thorez, etc.) était le certificat d'études), ce qui ne les a pas empêchés de batailler avec succès contre les “ours savants” de la social- démocratie. Il consacre un article sur le mépris de classe de Macron dans le dernier numéro du Monde Diplomatique de mars 2019, intitulé : "La philosophie du mépris".
Balayé le double langage. Les phrases de meeting d'un Hollande : "Mon ennemi, c'est la finance" de Hollande. Oubliées, les promesses faites la main sur le coeur de trouver un emploi aux 190 000 jeunes débarquant chaque année sur le marché du travail ! Place à la prolophobie (haine du populaire) crue et directe du poudré, nous crachant son venin à la figure, nous les sans nom les sans grade. Fiel aussitôt répercuté en "live" et en technicolor par toutes les chaînes d'info complices.
1°)-Un manque de métier politique
Pour Pudal, la cristallisation d'un tel ressentiment contre le Populaire résulte en partie "de son manque de métier politique. Macron, élu grâce à un concours de circonstances : deux présidentiables, Hollande et Fillon, dans l'incapacité de l'emporter, un Front National au second tour qui condamnait beaucoup à un vote Macron, c'est un homme sans métier politique qui a accédé au pouvoir" (sic)) écrit-il dans le Diplo.
Ce n'est pas un cas isolé, si on songe aux propos haineux et débridés d'une Schiappa contre Christophe Dettinger. Propos anti Gilets Jaunes d'un Castaner. Bêtises antipopulaires d'une Aurélie Bergé, Elise Fajgeles, députée LREM qui ignore, même de loin, le montant du SMIC. Tandis que la députée LREM, Claire O'Petit conseille même aux pauvres "de ne manger qu'un jour sur deux"(sic).
2°)- La disparition des Classes populaires du champ politique !
Mais ce n'est pas tout. On le sait : les ouvriers et les employés constituent plus de 50% des électeurs. Qu'importe ! Comme le note Bernard Pudal, le champ politique s'est structuré sur le déni des classes populaires et de ses problèmes. Une analyse que l'on partage 5 sur 5. Ce n'est pas l'heure ni l'endroit de me plaindre, mais je peux témoigner des refus en cascade auxquels je me suis heurtée, lorsque j'ai voulu "placer" mes articles et mes propositions sur le chômage et la pauvreté, tant au PG, FI, PCF, NPA, ATTAC, maisons d'édition diverses comme “La découverte”, etc...Si on assemblait bout à bout tous mes textes refusés, on atteindrait facilement l'équivalent de 4 Tour Eiffel...!
3°)- La stigmatisation culturelle des Classes populaires par la Classe dominante existait déjà pendant les années 30 !
Pire encore, les procès de la Classe dominante, pour étouffer les revendications, hier, du Peuple du Front Populaire, aujourd'hui des Gilets Jaunes, ne sont pas nouveaux. Dans un article intitulé "Le mépris de classe des années 30 à nos jours" du 1er mars 2019, l'historien Gérard Noiriel montre les caricatures du journal d'extrême-droite "Gringoire", feuille de chou à succès fortement anticommuniste et antisémite, du 5 juin 1936 : les ouvriers en grève sont présentés comme des analphabètes, incapables d'écrire correctement en français, alcooliques faisant la noce sur les tombes des Communards.
On le voit, ce sont exactement les mêmes reproches formulés aujourd'hui contre les Gilets Jaunes : "alcooliques", "incapables de passer des tests de QI pour Gantzer, l'ex-communiquant à un neurone de Hollande, et qui cherche à se "placer" dans la Macronie. Sans oublier la meilleure de Macron déclarant le 5 janvier 2019 : "Le boxeur, la vidéo qu'il fait avant de se rendre...il a été briefé par un avocat d'extrême gauche. Ca se voit ! le type, il n'a pas les mots d'un gitan !"(sic). C'est l'hôpital qui se moque de la charité ! On n'ose imaginer ce que dirait Macron, s'il n'avait pas son service de com' bien aimé derrière lui, lui fourguant sa (mauvaise) rhétorique. Théâtre de TOP 50. Car nul doute que, de lui-même, Macron n’a pas et n’aura jamais les mots d’un Président…
« On le sait : les ouvriers et les employés constituent plus de 50% des électeurs. »
Bien sûr, mais la classe politique s'en fout car elle sait bien que les élections sont truquées. Même si 99% des électeurs votaient contre elle, la classe politique gagnerait pareil...