Quand macron dégringole de sa posture de Jupiter !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie en février 2019
Quand Macron dégringole de son statut de Jupiter, à celui de modeste commentateur d’une actualité écrite par d’autres.
Macron est en roue libre. Le reste importe peu. Ses commentaires "off" prononcés vendredi matin montre la dégringolade sévère du personnage, qui se vivait pourtant comme le frère jumeau de Louis XIV. A propos de Christophe Dettinger, Macron 1er feint de se reprocher de ne pas connaître le "parler spécifique du boxeur gitan". Sabir inconnu, sans nul doute délicieux à l'oreille, mais dont personne n'a jamais entendu concrètement la musique. De même, il dénonce le retour de “l'oeil de Moscou"(sic), qui serait "naturellement" derrière le mouvement des Gilets Jaunes"(sic), dans un soutien logistique et théorique acharne.
Tous ces mots prêtés à Macron, car dans leur profonde bêtise, j'en viens à douter que ce soit le petit poudre qui ait sorti des mots aussi ridicules, témoignent d'une dégringolade intellectuelle à n'y pas croire. Macron n'est plus le roi Soleil, celui qui disait : "L'Etat, c'est moi", sous entendu : "je décide de tout". Plus personne dans l'arène politique, pour batailler, ferrailler joyeusement contre les gilets jaunes déterminés quoique souvent mutilés par une Police utilisant des moyens gravement disproportionnés contre des militants pacifiques : ce n'est pas moi qui le dis, mais Alain Bauer, Président du Grand Orient de France, qu'on ne peut pas taxer de bolchevik.
Macron s'est piteusement replié dans le simple registre du commentaire d'actualité. Car le plus grave, ce ne sont pas les propos certes gratinés, que le petit poudré nous sert en "off", que celui du registre utilisé : celui de simple et modeste technicien en blouse blanche, regardant l'arène politique derrière la vitre, au chaud. Non concerné par la bataille de classe qui se joue férocement entre une Classe dominante pillant le pays vendu à la criée deux euros cinquante. Pillant le budget de l'Etat, détestée de tous. Et un Peuple français essayant de survivre et de vivre dignement, à travers le mouvement des gilets jaunes : une lame de fond de la société française 2019, qu'on se le dise !
L'attitude de Macron me rappelle de vieux souvenirs : Jospin, interrogé en janvier 2002, soit trois mois avant le célèbre 21 avril, le même qui avait supprimé catégoriquement toutes les aides à l'emploi, faisant progresser le chômage pendant 14 mois, sans rien faire, les bras ballants. Donc, le même "dirigeant", interrogé sur France 2 en janvier 2002, avait tenu, vis à vis du chômage, lui-aussi, un discours de technicien en blouse blanche, de météorologue présentant la météo/chômage : nullement impliqué au premier chef dans l'explosion du nombre de sans emplois, en réalité de sa seule responsabilité.
La suite, on la connaît : arrive le 21 avril et JM Le Pen est qualifié pour le second tour, tandis que Jospin, le nouveau correcteur/stagiaire de presse breveté, prenait précipitamment une retraite anticipée à l'Ile de Ré...
Je dis ça, je dis rien : ce n'est jamais "payant" de jouer les commentateurs de l'actualité. De s'exonérer de ses fonctions dirigeantes. Le Peuple n'aime pas les trouillards, il ne pardonne pas. Sans risque de me tromper, L'ex-Louis XIV devenu précaire de l'information, va le payer très cher aux Élections européennes de mai prochain. On ne croit pas une seule seconde à une liste LREM à 24%, que nous vendent à grands frais les patrons de sondage menteurs.
Sur le fond, je ne résiste pas au plaisir de revenir sur son commentaire doré sur tranche : estimer que Christophe Dettinger "parle comme un avocat de l'extrême-gauche" : c'est oublier bien vite, combien le sieur Benalla a eu recours aux services de Mimi quelque chose, la sulfureuse conseillère de com' de l'Elysée. Celle qui a passé un petit séjour à Fresnes : trop d'honnêteté sans doute. Résultat : un entretien de Benalla dans “Le Monde” de l'été 2018, sur un ton policé, raffiné, bien élevé, "convenable", où le gorille, juste bon à savater les passants du 1er mai 2018, parlait mieux qu'un ministre, voire un militant peace and love. Ou qu’un avocat de l’extrême -droite, puisque Macron aime tellement les avocats des causes extrêmes ! On le voit : deux poids, deux mesures ! Avant de donner des leçons de morale au gitan de Massy, on conseille au petit poudré de commencer à balayer devant sa porte.
Quant au retour de "l'oeil de Moscou", supposé "expliquer" la détermination des gilets jaunes, on rappelle que le mur de Berlin a été détruit en 1989, ainsi que feue l'URSS. Si Macron réactive la peur et le danger moscovite, c'est que le capitalisme mondialise cesse d'être la seule "possibilité" sur la planète. Qu'il n'est plus le célèbre "There is no alternative" de Thatcher. Et qu'un autre projet concurrent, alternatif, fondé sur l'égalité et le partage, est en train d'émerger face à une idéologie libérale agonisante. Comme aurait dit Brassens, en guise de requiem. "Avec ce qui lui reste, "à peine y pourrait-on rôtir 4 châtaignes" (cf Le 22 septembre")...!