Propositions sociales du programme Pouvoir au Peuple : remettre la question sociale au centre du jeu politique
Texte propositions sociales de Pouvoir au Peuple rédigé le 19 août 2023 par Brigitte Bouzonnie
Introduction :
Pouvoir au Peuple souhaite expliquer comment on est passé du compromis social de 1945, faisant pendant 38 ans de la question sociale la problématique numéro partagée par tout le champ politique, au triomphe actuel des seules questions sociétales : succès du féminisme petit-bourgeois du Collectif MeToo. Succès aussi du Racialisme : “les noirs mieux que les blancs”. De la pensée woke. Importance des « trans », etc. Primat des questions sociétales signifiant aussi la mise au rancart de la question sociale renvoyée dans le cimetière des questions ignorées, refoulées du débat politique.
Pouvoir au Peuple définit la question sociale comme le souci de donner un emploi ou un revenu minimum à chacun, y compris aux jeunes de 18 à 25ans, afin de lui assurer une sécurité économique minimale. Comme la volonté de relever les salaires de tous les salariés de façon globale, au même niveau voir plus que celui de l’inflation, grâce au retour de l’échelle mobile. Donner des aides sociales aux plus démunis en tant que de besoin. Réduire de façon importante les inégalités sociales par un écart maximal de 1 à 6 des revenus.
En 1945, les résistants sont victorieux des allemands, et rédigent le programme du Conseil National de la Résistance. Le patronat français est affaibli pour avoir collaboré avec l’ennemi. Dans ce contexte est voté en France de nombreuses mesures sociales que l’on appelle : le compromis social de 1945.
Le Ministre du Travail communiste Ambroise Croizat est à la manœuvre. Son biographe notre ami hélas décédé Michel Etiévent écrit sa biographie : « Ambroise Croizat ou l’invention sociale », édition GAP, 1999.
Ambroise Croizat est un fils d’ouvrier né dans la Cité des Maisonnettes de Notre-Dame-de-Briançon en Savoie. Il est militant CGT. Responsable de la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie-CGT, initiant et menant les luttes de son secteur. Il parcourt la France, gagnant sa vie en vendant La Vie Ouvrière. En 1936 il devient député communiste de Paris. Pendant la guerre, il est résistant. Et connait les affres du bagne à Alger de 1939 à 1943. Il rédige le volet social du futur Conseil National de la Résistance. En 1945, il devient Ministre du Travail du gouvernement du Général De Gaulle.
Ambroise Croizat impose cinq réforme majeures :
-La réforme établissant une sécurité sociale en France
-La création des comités d’entreprise avec droit de regard consultatif sur la vie économique de la structure le 22 février 1945.
-La retraite par répartition.
-Le relèvement substantiel des bas salaires.
-La création d’un véritable service public de l’emploi, on parlait alors de “service de la main d’oeuvre”, dont on sort avec un vrai poste de travail en Contrat à Durée Indéterminée. L’ambiance régnant dans ce service de la main d’oeuvre est sympathique et bon enfant : rien à voir avec Pôle emploi actuel.
Ses réformes, il les impose parce que les patrons sont affaiblis par leur collaboration éhontée avec les nazis. Mais aussi, il faut le savoir, parce que les militants communistes résistants conservent leurs armes non remises à la Libération. Surtout dans le nord de la France. Ces armes sont très importantes : elles créent un rapport de force silencieux : les patrons n’ont nullement envie de céder et d’appliquer les réformes sociales de Croizat. Mais ils savent que s’ils refusent, les communistes les obligeront à le faire avec leur carabine. Comme dit Pierre Bourdieu : il n’y a pas de loi sociale sans mouvement social préalable, qui ouvre un nouvel espace des possibles.
Ambroise Croizat n’est pas le seul à s’intéresser à la question sociale : c’est le cas aussi de l’Abbé Pierre, ex député MRP, célèbre pour son appel de l’hiver 1954. C’est lui qui fait construire les premières maisons Emmaüs pour les sans-abris, où il fait 13 degrés : on se reportera à l’excellent livre rédigé par Denis Lefebvre : « les combats de l’Abbé Pierre », édition Cherche-Midi, 2011). Pierre Mendès-France, président du Conseil en 1955, a aussi un programme politique très social. Jean-Edouard Jeanneney, ministre du travail centriste en 1968. Georges Pompidou, qui ne dort plus la nuit en 1967, parce qu’il y a 400 00 chômeurs. Il demande un rapport à François-Xavier Ortoli et Jacques Delors, membre du Commissariat général au Plan. Ce rapport qui propose des créations d’emplois, sert de matrice à tous les accords de branches professionnelle du moment : sidérurgie, chimie, …Résultat : le chômage diminue à 50 000 demandeurs d’emploi en 1968.
Autre initiative de Pompidou : il adopte l’échelle mobile, c’est-à-dire l’augmentation des salaires automatique dès que l’inflation atteint +5%. Dans son livre intitulé : « Les hauts revenus en France au XXème siècle », édition Pluriel, 2001, Thomas Piketty montre comment, dans lesannées 1960, les hauts revenus sont imposés à 40% de leurs revenus. Et surtaxés chaque année à titre exceptionnel, entre 1960 et 1980, toujours au titre de l’impôt sur le revenu. Cette majoration peut aller de +7,5% à +25%. C’est grâce à ces majorations que le Gouvernement Pompidou peut financer une politique de hausses salariales pour toute la population au travail. Aujourd’hui, le taux d’imposition est à peine de 21%, selon le journal Alternatives Economiques.
Le célèbre Programme Commun signé en 1972 par Georges Marchais et F. Mitterrand prévoit de nouveaux droits aux travailleurs, la retraite à soixante ans, un relèvement des salaires. Même une forme d’autogestion dans l’entreprise.
On le voit : entre 1945 et 1983, la question sociale est considérée par tous les partis politiques de droite et de gauche comme la question numéro une. C’est l’époque, où les enfants des classes populaires, pensent à juste titre, qu’ils auront une vie meilleure que celle de leurs parents.
Arrive la contre révolution conservatrice libérale des années 1980. Afin de lutter contre leur taux de profit en chute libre, la Bourgeoisie décide l’ouverture des frontières et la mondialisation féroce des échanges. Résultat : le capitalisme mondialisé occidental génère un chômage et une pauvreté de masse d’une ampleur inouïe : 1 million de chômeurs en 1980. 2 millions en 1988. 3 millions en 1997. 6,5 millions aujourd’hui selon la DARES. 15 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté selon mes calculs. L’écart entre les salaires passe de 1 à 20 dans les années 1960 à un écart de 1 à 400 aujourd’hui
Le succès de Reagan et Thatcher aux Etats-Unis et Grande–Bretagne est recopié en France par Mitterrand, grand ami de Thatcher. A compter de 1983, les « socialistes » imposent au Peuple français l’austérité à vie, et la suppression de l’échelle mobile : c’est à dire l’indexation des salaires sur les prix. Un pactole de plus de 300 milliards d’euros selon le la journaliste Martine Orange.
De façon cynique, Mitterrand autorise en 1984 Jean-Marie Le Pen, Président du Front National à passer à la télévision. On rappelle que le Front National a obtenu 0,75% des voix en 1974. Et n’a pu présenter de candidats en 1981, faute d’avoir obtenu les 200 signatures nécessaires, comme analyse Thierry Blin dans son livre : l’Invention des sans-papiers, édition Presses universitaires de France, 2010. Ce qui montre combien ce groupuscule politique n’est pas représentatif du corps social français, ni de ses problèmes de fin de mois.
Pourtant, et comme explique avec lucidité le sociologue Pierre Bourdieu dans son livre : Propos sur le champ politique, édition Presses Universitaires de Lyon, 1998, Le Pen père impose sa nouvelle opposition français/étrangers en lieu et place de la vieille opposition riches/pauvres. Voilà ce que Pierre Bourdieu écrit :
« Personne ne peut contester que tout le champ politique français, y compris le PS, le PC… a été transformé par l’existence de Le Pen. Il n’y a pas de politique qui n’ait pas accepté, reconnu en fait l’existence de Le Pen, en réagissant aux propositions de Le Pen : par exemple, en substituant, - chose très grave mais qui est passée inaperçue- à l’opposition riche/pauvre, qui était fondamentale dans la politique, l’opposition national/étranger » (sic) page 118.
On n’a pas oublié le propos de Fabius, le même qui liquide les fiefs industriels du nord et de l’est de la France, provoquant une explosion du chômage de masse, lorsqu’il était Premier Ministre de Mitterrand, disant : « Le Pen pose de bonnes question mais apporte de mauvaises réponses » : soit une façon d’accepter le nouveau clivage étranger/français.
S’il avait été un responsable de gauche sincère, il aurait dit à Jean-Marie Le Pen : « votre question est certes intéressante. Mais moi je me bats pour que les salariés aient de meilleures fins de mois. C’est la question sociale qui doit primer et non la question raciale »(sic). Au lieu de quoi, il accepte du même coup le dynamitage de la question sociale voulue par Le Pen père, pourtant très minoritaire dans l’opinion avec ses 0,75% de voix d’alors.
Mais, comme le dit très bien Pierre Bourdieu, cette mise à mort de la question sociale passe inaperçue dans les têtes et dans les cœurs.
Naturellement, Pouvoir au Peuple conteste catégoriquement la légitimité du clivage français/étrangers imposé dans les années 1980, à des fins de désorienter les consciences. Renvoyer dans les limbes de l’impensé la question sociale jusque-là numéro une dans les têtes et les cœurs. De la même façon, Pouvoir au Peuple conteste catégoriquement le primat actuel des seules questions sociétales : féminisme petit-bourgeois de MeToo. Racialisme. Pensée woke. Importance des « trans », etc. Tandis qu’est mis au rancart la question sociale renvoyée dans le cimetière des questions ignorées, refoulées du débat politique.
En accord avec la pensée du grand Ambroise Croizat, Pouvoir au Peuple veut faire de la question sociale la question numéro une du champ politique français.
Proposition n°25 : Pouvoir au Peuple place la question sociale au rang de question numéro une du débat politique, social et intellectuel. Il mobilise les meilleurs moyens de diffusion : télévisions, médias, net, réseaux sociaux, …, afin de défendre l’importance de la question sociale (question emploi, salaire, travail) pour 80% de français, qui ont du mal à joindre els deux bouts (cf sondage publié par Sud-Ouest du 1er mai 2010). La question du racialisme, ou des « trans », qui intéresse tout au plus 1% de la population française, doit disparaitre de l’agenda politique, où elle occupe une place usurpée
Demain, liste des propositions sociales du Rassemblement Pouvoir au Peuple, visant à remettre la question sociale au centre du jeu politique.