Propositions culturelles du Programme Rassemblement Pouvoir au Peuple. Recréer l'ascenseur social en panne, comme il existait sous la IIIème République !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 24 juillet 2023
N’en déplaisent à ce que pensent beaucoup de gens, l’intelligence n’est pas un « bagage » ou un « manque » personnel ; mais une construction sociale, résultat d’un choix politique au plus haut niveau.
Ainsi, en dépit de ses nombreux crimes (assassinat des communards, politique impérialiste en Afrique notamment, boucherie ignoble de la guerre de 1914-1918) la IIIème République a eu le mérite de créer une méritocratie, et donc un véritable ascenseur social. Un élève d’origine populaire pouvait parfaitement, à force de travail et de persévérance, être promu dans la société pour y occuper un titre rare. C’est le cas notamment de Gaston Bachelard, agent des P & T (postes et télécommunications) de Bar-sur-Aube, devenu professeur de philosophie à La Sorbonne, collègue de Jean-Paul Sartre.
Dans son livre de souvenirs, Le vent paraclet, édition Gallimard, 1977, Michel Tournier, qui a été son élève à La Sorbonne, raconte comment G. Bachelard était très curieux sur le plan intellectuel. Il invitait ses élèves chez lui dans le Vème arrondissement de Paris, et faisait des expériences de chimie. On rappelle que Bachelard a rédigé un livre intitulé : la psychanalyse du feu, ce qui montre son intérêt pour les éléments de la nature. Le fait que Tournier fasse le portrait de Bachelard puis de Jean-Paul Sartre dans ses souvenirs montre combien il occupait une place importante dans son Panthéon personnel.
Inversement aujourd’hui, les enfants d’origine modeste le restent toute leur vie. Inversement, on assiste au triomphe des « fils et filles de », dont le seul « travail » consiste à manger. Aller au petit coin. Sniffer de la farine avec leurs copains, issus de même milieu social. Et pourtant, ce sont eux, qui ensuite confisquent les postes rares de la société. Par exemple, la fille de Martine Aubry, qui n’a jamais travaillé au lycée, occupe aujourd’hui un poste de responsable au Musée du Louvre. Avec la confiscation des bonnes places par “les fils et filles de”, on nage en pleine imposture. Hélas, depuis les années 1980, l’ascenseur social est carrément en panne.
Ce que propose le programme du Rassemblement Pouvoir au Peuple, c’est de réinventer un nouvel ascenseur social, sur le modèle de celui existant sous la IIIème République. Donner la garantie aux élèves, que leur travail, leur curiosité intellectuelle, leur jugeote personnelle seront récompensées. Et leur permettront d’obtenir la place sociale qu’ils méritent.
L’économiste marxiste Vincent Gouysse raconte comment les dirigeants chinois « poussent » les élèves dans le domaine des sciences et techniques. Par exemple, les chinois sont très en avance sur nous sur la technologie de la voiture électrique : une voiture électrique sur deux est fabriquée en Chine. 80% des batteries aussi. Les journalistes d’information économique tombent de l’armoire. Pas moi. Forcément, le choix effectué par les gouvernements chinois en amont de pousser les élèves dans les matières techniques se révèle être “payant”.
Ce que propose le programme du Rassemblement Pouvoir au Peuple, c’est de « pousser » les jeunes dans trois domaines : l’analyse de texte. La maîtrise de l’écriture. Celle de l’expression orale.
Pour inventer la nouvelle française ou le nouveau français de la société de demain, on mettra l’intelligence critique au premier rang des intérêts humains. L’intelligence critique sera valorisée par toute la société française. Par des prix. Par une culture ambiante favorable, faisant constamment de la jugeote personnelle quelque chose de « bien », que l’on doit améliorer dès l’enfance.
L’apprentissage d’un esprit libre se traduira dans 4 objectifs :
1°)-Réhabiliter le goût des livres.
Aujourd’hui, les livres n’ont plus aucune valeur. On les trouve à la brocante pour un prix dérisoire. Ainsi, lors de la dernière brocante de mon quartier, j’ai trouvé :
-des livres de La Pleiade à 35 euros : Baudelaire, Verlaine….alors qu’un livre de La Pléiade coûte au moins 100 euros.
-Un livre rédigé par Marianne Debouzy intitulé : le capitalisme sauvage aux Etats-Unis 1860-1900 : Rockfeller, Gould, Carnegie, Vanderbilt, Morgan, 1972, acheté deux euros (au passage, un excellent livre dont je reparlerai sur la lettre politique indépendante). Or, ce livre, je me souviens, lorsqu’il est sorti en 1972 : il était placé en vedette dans la vitrine d’une librairie de Périgueux. Il constituait alors le “must” en matière d’histoire économique du capitalisme.
-Idem pour le roman policier rédigé par Thierry Jonquet, à partir du passé en Allemagne de Georges Marchais, intitulé : Du passé faisons table rase acheté aussi deux euros.
A côté du stand des livres, il y avait un stand de bijoux fantaisie : le moindre collier en toc coûtait entre 50 et 100 euros.
En clair, et comme dit avec lucidité Guy Debord, notre « être » a été d’abord dévalué en « avoir » puis en « paraitre » (cf La société du spectacle, 1967, Folio n°2788, Gallimard, 1967).
En rupture avec cette sombre et désolante dégringolade intellectuelle, il faut réhabiliter « l’être », donc les livres, qui nous permettent de nous enrichir sur le plan intellectuel.
L’accès aux livres doit être facilité pour le plus grand nombre.
Inversement, les bijoux en toc doivent être vendus bon marché, car ils n’apportent rien à l’individu dans sa formation intellectuelle.
C’est toute une hiérarchie de valeurs qui doit être réinterrogée. Repensée. Réorganisée.
2°)-Apprendre à l’enfant et à l’adolescent à analyser un texte.
On apprendra au jeune à commenter et analyser des textes de français accessibles des grands auteurs : Rousseau, Voltaire, le XVIIIème siècle, Victor Hugo, Musset, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud. Un livre vivant et d’accès facile comme Vipère au poing….Dans un premier temps, on ne leur donnera pas à lire Proust et les surréalistes, c’est une évidence.
Analyser un texte, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu’on identifie tous les atouts du texte, ce qui en fait sa « force ». Son importance. Puis tout ce qu’il n’y a pas dans le texte, autrement dit toutes ses « limites ». Cet exercice est très important pour sa vie professionnelle future. En effet, plus tard, l’élève devenu grand sera confronté à un accord commercial, un texte juridique : il devra effectuer le même exercice.
Par exemple, on a dû rédiger des mémoires en contentieux devant le Conseil d’Etat, en réponse à un mémoire introductif engagé contre une décision de refus de licenciement du Ministère du Travail, que je représentais, en tant que modeste rédactrice juridique. Tout ce que j’avais appris en classe de français, surtout l’analyse de texte, m’a beaucoup servi. Surtout identifier les « carences » du mémoire introductif, afin de monter que sa requête était infondée en tous ses chefs, c’est-à-dire qu’elle ne tenait pas la route.
L’analyse de texte n’a rien à voir avec le résumé de texte, oreiller de paresse qui n’apporte rien sur le plan intellectuel.
L’élève devra aussi identifier les arrière-pensées. Le plus important dans un texte, ce n’est pas ce que l’écrivain dit, ce sont ses “arrière-pensées”, qu’il laisse filtrer. Et qu’il faut identifier, afin de comprendre où veut véritablement nous emmener l’auteur.
Comme disait le Général De Gaulle au cours d’une réunion de la Communauté Européenne de Défense (CED) : “enfin on s’est mis d’accord sur nos arrière-pensées”(sic). Officiellement, la CED visait à construire une Europe de la Défense. Mais en réalité, la CED n’aurait été, si elle s’était réalisée, ni plus ni moins qu’une armée supplétive au service du Pentagone et des Etats-Unis. Naturellement, au cours des réunions sur le sujet, on ne parlait jamais de cette dépendance. C’est ce que le Général de Gaulle appelle « les arrière-pensées » (sic). Voilà pourquoi plusieurs pays de l’Union Européenne, dont la France se sont opposées de toutes leurs forces à cette CED sous influence us.
Pour se construire une jugeote personnelle, un esprit critique, plus formateur que l’analyse de texte en classe de français, tu meurs !
Comme disait Roland Barthes : il y a les « écrivains » et les « écrivants ». Nous vivons dans une société moderne, où l’écrit joue un rôle très important, dans la vie de tous les jours : pas seulement pour les 2% d’écrivains que compte notre pays. Par nécessité, nous sommes tous des écrivants. Alors autant que nous soyons de bons écrivants, et que nous maitrisions parfaitement cet exercice.
Le programme du Rassemblement Pouvoir au Peuple privilégie donc l’apprentissage de l’analyse de texte pour tous les élèves ;
3°)-Apprendre à tous les jeunes à écrire :
Autre priorité : il faut que le jeune apprenne à écrire et à bien écrire.
Ecrire, qu’est-ce que c’est concrètement ? C’est noter et rassembler ses arguments au service d’une idée. Construire un plan. Faire une introduction et une conclusion.
Au début, c’est difficile : le jeune aura l’impression que les mots sont aussi lourds que des bouteilles de Butane. Mais, à force de s’exercer et d’écrire tous les jours, il verra que cela devient beaucoup plus fluide, beaucoup plus facile.
Dans la vie professionnelle, la maitrise de l’écriture est très importante. Le salarié qui est capable de rédiger des notes courtes, bien présentées, bien ar-gu-men-tées, a forcément un « plus » par rapport aux autres, qui ne savent pas écrire, sauf du bla-bla..
Sur les réseaux sociaux aussi. Julian Boyadjian, Maitre de conférence à l’IEP de Lille, étudie l’usage de Facebook, selon 4 catégories de jeunes : qui vont de jeunes de préparation à Normale sup (Khagne). Ces derniers adorent écrire sur les réseaux sociaux : profitant de tous les créneaux possibles, malgré un programme scolaire chargé. Il les compare aux jeunes de niveau V, peu qualifiés. Ceux-là, par honte de montrer leurs fautes sur Facebook, refusent d’écrire sur le net. Préférant regarder des vidéos Youtube.
De son côté, la direction de la lecture du département de l’Ain lance une initiative intéressante chez les 10-15 ans. Les jeunes vont d’abord interroger les personnes âgées, qui leur racontent des histoires. Ces histoires, les élèves les transcrivent dans un fanzine. Apprenant en même temps les règles de la rédaction : faire une introduction, un développement et une conclusion. Ne pas faire de fautes d’orthographe, etc. Ensuite, il y a une restitution publique avec les parents, où ils racontent en public leurs histoires.
La maitrise de l’écriture est donc un enjeu social important. Une société qui écrit est une société vivante et intelligente. Tel est donc le but recherché par le programme du Rassemblement Pouvoir au Peuple
4°)-Apprendre à tous les jeunes la maitrise de l’expression orale :
La maîtrise de l’expression orale est un autre but important recherché par le programme du Rassemblement Pouvoir au Peuple. Cyril Delhay, professeur d’art oratoire à Sciences Po Paris, rédige un rapport intitulé : “BAC 2021 : Faire du grand oral un levier d’égalité des chances. Recommandations pour le grand oral du baccalauréat et pour l’enseignement de l’oral de l’école maternelle au lycée”, 2019.
Que nous dit-il ?
Les concours Eloquentia, où les jeunes apprennent à prendre la parole sont une bonne initiative : mais elle ne concerne in fine qu’une minorité de jeunes. De leur côté, les réformes du XIXème siècle, Guizot, Ferry, en massifiant l’enseignement scolaire, ont privilégié l’écrit. Délaissant l’apprentissage de l’oral.
La salle de classe, où l’élève est assis, tassé sur sa chaise est un mauvais cadre, pour apprendre à parler. Il faut être debout.
Il faut donc apprendre à tous les jeunes à s’exprimer à l’oral, dans un cadre approprié. Et avec un spécialiste : un professeur de théâtre par exemple.
C’est ce que propose aussi le programme du Rassemblement Pouvoir au Peuple.
Demain suite et fin de la partie culturelle du programme du Rassemblement Pouvoir au Peuple : réforme des programmes d’histoire et de français.