Présentation de l’ouvrage de Lucien Cerise : « Gouverner par le Chaos ; Nouvelle édition 2023 Ingénierie sociale et mondialisation», édition Max Milo, 2023
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 27 juin 2023
Lucien Cerise, docteur en philosophie, a rédigé un livre intitulé : "Gouverner par le chaos. Ingénierie sociale et mondialisation", édition Max Milo, 2023. Ou comment pour les puissants capitalistes occidentaux, politiques et économiques devenir et rester les maîtres du monde ? Avec une concentration de tous les pouvoirs grâce à la dictature mondiale imposée par les dirigeants américains. Mener une guerre ouverte contre les différents peuples occidentaux (français, italien, américain, allemand, britannique.), ramenés au niveau intellectuel de pantins paniqués. Lapins pris dans le piège. La méthode ? L'ingénierie sociale : l’infiltration des esprits. L’analyse de nos moindres faits et gestes. Le contrôle de nos écrits à distance, par le filtrage de nos ordinateurs. Le marketing de l'intime, afin de faire de nous des Peuples vaincus dans leur tête. Incapables de se révolter. N’en ayant plus seulement l’envie.
La guerre insurrectionnelle contre le Peuple
La guerre insurrectionnelle contre le Peuple donne lieu à la rédaction de livres célèbres comme ceux de Roger Triquier : « la guerre moderne », David Galula : Contre-insurrection. Théorie et pratique (1964-2008). Et Frantz Kitson : low intensity opération. Subversions. Insurgency and Peacekeeping (1971).
Roger Triquier, proche du Général Salan en Algrie est considéré comme un des premiers officiers ayant conceptualisé leurs expériences de la contre-insurrection21, avec David Galula. Trinquier a été le supérieur et le mentor en Indochine et en Algérie du capitaine Paul-Alain Léger, principal concepteur et coordinateur de la "bleuite" ; cette opération d'intoxication générera des purges internes au FLN de dimensions staliniennes.
Dans ce cadre, et considérant que le terroriste, qui n'utilise pas les techniques de combat « légales » ne peut de fait être considéré comme un soldat, Trinquier considère la possibilité d'emploi de la torture.
De son côté, le général Franck Kitson, né en 1926, a obtenu les plus hautes fonctions et décorations : Commandant en chef de l’armée royale entre 1982 et 1985.Général aide de camp de Elisabeth II entre 1983 et 1985. Il rédige un manuel dans lequel il consigne une synthèse des méthodes à employer par un corps d’armée, qui cherche à s’imposer à une population locale qui lui résiste. Ce livre aux tirages confidentiels n’a jamais été traduit en français. Il n’en existe que 5 exemplaires dans les bibliothèques françaises. Comme écrit Lucien Cerise : « de fait, la diffusion de ce livre à un large public pourrait à elle seule faire basculer des équilibres géopolitiques entiers »(sic).
Ses écrits sur l’usage des counter-gangs (contre-gangs), impliqués dans des opérations false flag, et des mesures d’intoxication, dont l’usage de personnes « retournées », demeure aujourd’hui un sujet de débat. Il est crédité d’avoir inventé les concepts de pseudo-gangs et de pseudo-opérations (ou encore opérations false flag, déjà utilisés, par exemple, lors de l’insurrection Huk dans les Philippines1.
Kitson monte des « psy op » (manipulations psychologiques de l’opinion). Des pseudogangs menant des « coups » attribués à l’adversaire, afin d’augmenter la tension et justifier la répression. Invente de faux documents qui seront attribués à l’ennemi. Infiltrent les agents de l’autre camp. Militarise l’info de la BBC, où il censure totalement le point de vue adverse. Il invente de faux problèmes, fausses solutions au moyen de fausses perceptions induites par des attentats terroristes sous fausse bannière. Faux charniers en Roumanie, Yougoslavie, Ukraine. Fausses armes de destruction massives en Irak…Fake news devenant la norme formant la toile de fond de l’environnement global avec ses répercussions sur notre psychisme individuel.
Le chaos comme instrument de l’ordre :
Le précédent de l’affaire Tarnac. « Le gang de Tarnac » part d’un ouvrage politique intitulé « L’insurrection qui vient », rédigé par un « Comité invisible » anonyme. On peut y lire des appels à la désobéissance civile et au sabotage des instruments du Pouvoir. Ce texte se rattache visiblement à une mouvance ultragauche de la société, qui « serait susceptible de passer à l’acte »(sic), toujours selon le Ministère de l’Intérieur. Le 11 novembre 2008, 150 policiers encerclent un village de 350 habitants sur le plateau des mille vaches, avant de pénétrer dans la ferme et arrêter neuf jeunes gens, qui avaient repris l’épicerie locale. Un collectif de soutien se met en place, composé des proches de la famille et de journalistes sympathisants.
La suite des évènements montre une Justice pratiquant la fuite en avant pour ne pas perdre face. Le dossier est vide. Mais il faut attendre 2019 pour que les inculpés soient libérés. C’est donc bien sur la base d’une fiction, que des mesures de détention et de contrôle policier s’empilent sans aucun principe de réalité sur une durée de dix ans. Cette histoire montre comment on peut criminaliser à peu près n’importe qui ne pense pas correctement.
L’accusation médiatique autorise le pouvoir à tuer arbitrairement et sans procès. Tel fut le cas de Mohamed Merah, qui voyagea en Israël, Turquie, Syrie, Jordanie, Pakistan, Afghanistan, sous l’œil bienveillant des services de renseignement, qui le sacrifièrent après usage.
La Politique comme activité de contrôle social sur les minorités critiques :
Selon Lucien Cerise, la Politique est plus ou moins une activité de contrôle social exercé par des minorités dominantes sur des majorités dominées. Le marketing, le management, la cybernétique sont devenus les nouveaux instruments de la pratique politique. La Politique s’est déplacée vers les questions purement techniques d’ingénierie social des comportements et d’optimisation de la gestion des groupes. Grâce à ces nouveaux outils, les « élites » ont pu faire l’économie de discussions sur les idées, pour se consacrer à une technologie organisationnelle des populations.
Autrement dit la Politique, qui était l’art de réguler les contradictions d’un groupe par l’instauration d’une loi commune, est devenue aujourd’hui l’art d’automatiser les comportements sans discussion. Les sujets connectés deviennent de plus en plus des objets connectés. Le contrôle social s’opère, afin de connaitre nos loisirs, notre carrière et nos compétences, nos rencontres et la façon dont on les gère. Cette dictature informatique vise à obtenir un contrôle total des contre-pouvoirs.
La réalité n’a plus aucune importance. Tout est fait pour créer des hallucinations collectives, partagées, normalisées. La réalité est falsifiée. On calcule le taux de dangerosité qu’une personne représente pour le pouvoir. La violence des chocs infligés permettra d’évaluer son niveau de résistance.
On crée un monde parallèle de représentations venant se superposer sur la réalité des faits. Ce jeu d’écriture a ainsi permis de construire une « crise sanitaire » à partir de simples éléments de langage.
La réinitialisation d’un groupe humain passe par la stratégie du choc. Le traumatisme fondateur. La production intentionnelle de chocs régressifs.
Théorie de la jeune-fille :
Désorganiser le collectif ennemi, où l’autorité transcendante assurant la cohésion du groupe est contesté au nom de l’oppression qu’elle fait peser sur les individus : tel est le but poursuivi par le Pouvoir moderne. Le Collectif Tiqqun (ancêtre du Comité invisible) montre que la figure de la bimbo, la jeune fille sexy et désirable, est la nouvelle figure d’autorité du capitalisme, incarnation par excellence de la dépolitisation consumériste. Il écrit : « La jeunesse et la féminité hypostasiées, abstraites et recodées en jeunitude et féminitude se trouvent dès lors élevées au rang d’idéaux régulateurs de l’intégration impériale-citoyenne » (sic (cf TIQQUN, Premiers matériaux pour une théorie de la jeune-fille, Mille et une nuits, 2001).
Afin de dépolitiser un groupe, on le fait entrer dans la société du spectacle. Pour le désorganiser, il suffit de le « jeune-filliser » à travers la diffusion d’images caricaturales des femmes et des jeunes. Comment procède la féminitude ? Comme le montre la psychanalyste Julia Kristeva, certains courants féministes refusent le pouvoir existant, et font du deuxième sexe une véritable contre société sans interdits, libre et jouissive. Sorte d’alter égo à la société officielle, dans laquelle se réfugie leurs espoirs de plaisir Les femmes conservent un quant à soi plus individualiste vis-à-vis du groupe. Persuader un groupe d’adopter des valeurs plus féminines, orientées vers l’intime et la sexualité d’abord, permet de dépolitiser le groupe. Faire disparaitre ses idées critiques et sa possible dangerosité.
Le jeunisme nous met sur la pente de l’infantilisation et d’une régression pré-oedipienne, uniquement tourné vers des processus immatures et émotionnels, où l’intellect est absent. Pour désorganiser et dépolitiser un groupe et el rendre inoffensif, il suffit d’attaquer son Œdipe. C’est-à-dire nier le moment où s’enracine dans les têtes d’une vie sociale organisée différente de la sienne. Attaque l’Œdipe d’un groupe, c’est attaquer toute sa faculté à se constituer en groupe coopérant et soudé. Le réduire à des individus juxtaposés, incapables de communiquer entre eux. Autrement dit faire passer le désir personnel et immédiat avant le respect de l’organigramme du groupe. Sur le plan comportemental concret cela se traduit par une culture du spontané, de l’impulsif, du versatile et de la recherche de résultats immédiats. Induisant une incapacité à la concentration, la planification et l’élaboration de stratégies à long terme.
L’individualisme désoedipianisé, nouvelle figure de la culture libérale/libertaire, est en passe de devenir dominant dans nos sociétés occidentales décadentes. Il provoque ces tendances sociétales à la dévaluation de la virilité, la survalorisation de la féminité, d’enfant roi et de mépris pour les « vieux » que nous sommes.
Demain : analyse et commentaires personnels de l’ouvrage de Lucien Cerise : « Gouverner par le Chaos ; Nouvelle édition 2023 Ingénierie sociale et mondialisation», édition Max Milo, 2023
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