Pouvoir au Peuple préconise un programme de nationalisations, faisant basculer dans la sphère publique les profits privés. Les limites des nationalisations.
Texte du programme Pouvoir au Peuple rédigé par Brigitte Bouzonnie le 17 août 2023
Pouvoir au Peuple préconise l'appropriation collective des moyens de production, autrement dit, la démarche visant à faire basculer dans la sphère publique les profits privés. C'est la première démarche indispensable de sortie et de rupture avec le capitalisme mondialisé occidental, lui-même en situation de crise grave et de désagrégation. L'affirmation de la priorité du "commun" sur l'intérêt privé d'une poignée d'oligarques. On le rappelle : 10% de la population contrôlant 86% des richesses (chiffres Alain Badiou extraits de son livre : "Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre 2015, édition Fayard, 2016).
1°)-Pouvoir au Peuple préconise un programme de nationalisations, afin de faire basculer dans la sphère publique les profits privés :
1-1°)-Le choix de la nationalisation :
A ce stade, Pouvoir au Peuple propose donc par la voie législative donc juridique un programme de nationalisations de toutes les entreprises occupant plus de 1000 salariés.
La transformation des rapports de production n’est possible, que si, dès maintenant, les échanges marchands, l’orientation des productions, l’emploi des travailleurs, la formation des revenus sont soustraits à l’expression marchande de l’exploitation : le profit.
S’attaquer au marché capitaliste, c’est donc faire en sorte que les échanges marchands n’obéissent plus à la recherche du marché et donc du profit, mais s’organisent en fonction d’une maitrise collective des choix de production et de consommation. Et des objectifs d’investissement, d’emploi, de revenu, de dépenses qui ne découlent.
Aujourd’hui, un vaste programme de nationalisations est nécessaire, pour trois raisons étroitement liées : a)-Donner à la collectivité les moyens de dominer la crise économique, notamment le chômage et la pauvreté de masse. Et de s’opposer aux manœuvre de sabotage, que tentera la bourgeoisie. b)-Permettre une réorientation profonde de l’appareil productif en fonction des objectifs qui seront démocratiquement décidés par la planification : notamment la nécessaire relocalisation de nos activités. c)-Expérimenter une autre organisation du travail. d)-Enfin et surtout, mettre en œuvre le pouvoir de contrôle à la base des travailleurs.
Proposition n°39-1°)- Le Rassemblement Pouvoir au Peuple préconise la nationalisation de toutes les entreprises françaises du secteur secondaire et tertiaire, occupant plus de mille salariés, afin de faire basculer dans la sphère publique les profits privés. La nationalisation juridique se fait sous contrôle ouvrier.
1-2°)-Le champ des nationalisations prévues par Pouvoir au Peuple :
-Toutes les banques, y compris les banques d’affaires et les assurances.
-Les entreprises du secteur de l‘énergie (EDF).
-Toutes les grosses entreprises de l’automobile (Renault), de l’aéronautique, sidérurgie, chimie, textile et habillement, et de façon générale du secondaire.
-Toutes les grosses entreprises de l’industrie alimentaire
-Tous les Médias, c’est à dire toutes les chaines de télévision et de radios. Les journaux subventionnés : Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Parisien, le JDD, La Croix, Le Canard enchainé.
-Nationalisation immédiate de Facebook, Tweeter et de tous les réseaux sociaux.
-Toutes les grosses entreprises du secteur tertiaire.
-Tous les laboratoires médicaux : Pfizer, Astrazeneca, Moderna….
Toutes les entreprises sont nationalisées/étatisées, c’est-à-dire, basculent dans le secteur public, dès qu’elles occupent plus de 1000 salariés.
2)-Mais l'Histoire montre que les nationalisations ne sont pas suffisantes :
Mais l'Histoire montre que la nationalisation des entreprises privées ne règle pas tous les problèmes.
Dans son livre intitulé "Badiou par Badiou", édition PUF, 2021, Alain Badiou écrit avec lucidité à propos de la Révolution de 1917 : "la notion d'État communiste est un paradoxe, une contradiction. C'est pourquoi depuis Lénine, on a pris la précaution de parler d'État socialiste, et de maintenir l'idée que le communisme, c'était la disparition, la fin de l'état. Et comme on sait, au lieu d'avoir la fin de l'Etat, on a eu malheureusement son renforcement constant et dans des conditions absolument tyranniques" (sic).
Ainsi et malheureusement, le régime de l'URSS d'avant et d'après la seconde guerre mondiale voit l'apparition d’apparatchiks vivant sur un grand pied. Avec des rémunérations très élevées pointées et dénoncées par l'historien Grover Furr dans son livre : "Khrouchtchev a menti", édition Delga, 2023. A la fin de sa vie, Staline voulait même diminuer les revenus exorbitants d'un Khrouchtchev, Beria, ce qui montre l'acuité des inégalités sociales sévissant en URSS en 1952.
En effet, certains dignitaires soviétiques disposent de palais comme Nikita Khrouchtchev. Et de harem, comme Lavrentii Beria, Chef de la Police de Staline. Inversement le Peuple soviétique porte les stigmates de sa pauvreté sur son visage, comme le montrent en gros plan, les images des soldats soviétiques dans Berlin bombardé, en mai 1945 (voir vidéo youtube des soldats soviétique à Berlin 1945).
Et Alain Badiou d'ajouter : "le mot "communisme" a été corrompu par le pouvoir d'Etat. Lénine écrit au soir de sa vie que l”'état bolchevique ne valait guère mieux que l'état tsariste”(sic). Et qu'avec ce nouvel état, il n'y aurait pas de sortie du néolithique.
De son côté, Robert Bibeau, rédacteur en chef marxiste du site Les 7 du Québec montre comment la Révolution d’octobre a été confisquée par une fraction petite-bourgeoise de la population russe : Trotsky, Staline, Kouchtchev, Béria issus de la petite-bourgeoisie. La Révolution bolchevique n’a nullement été réalisé par le prolétariat lui-même. Leur bel espoir de Révolution a été confisqué par une Bourgeoisie et petite-bourgeoisie très active.
Robert Bibeau écrit : Une Révolution sociale est un acte de mise en accusation et de destruction d’un mode de production sociale sous tous ses aspects. D’abord et toujours sous ses aspects économique et financier, ensuite sous ses aspects politiques, et enfin et en dernier sous ses aspects culturel, moral et idéologique. Cette destruction sociale totale appel évidemment la reconstruction complète de tous ces aspects de la vie en société. Il écrit : “Une Révolution sociale est le fait d’une classe sociale opprimée, exploitée et aliénée par une classe sociale dominante exploiteuse et aliénante. Jusqu’à maintenant, les révolutions sociales ont été réalisées pour le bénéfice d’une troisième classe sociale qui s’était emparé du pouvoir économique et commercial (moyens de production, d’échanges et de communication). Nous avons résumé ces principes matérialistes dans deux volumes (DE L’INSURRECTION POPULAIRE À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (5/5) – les 7 du quebec et Manifeste du Parti Ouvrier (réédition-2020) – les 7 du quebec).
Prenons l’exemple de la plus grande révolution sociale des temps modernes…la Révolution russe de 1917-1918. La classe paysanne, comprenant des millions de serfs (moujiks), soutenue par la classe ouvrière (peu nombreuse) furent les classes révolutionnaires de masse. L’aristocratie féodale fut la classe exploiteuse, dominante et réactionnaire. La classe bourgeoise et son segment petit bourgeois dirigèrent le soulèvement paysan, l’insurrection populaire, la destruction de l’ordre féodal ancien et l’édification du mode de production capitaliste sous le modèle du capitalisme monopoliste d’État plus communément appelé « socialisme ». À long terme, la Révolution russe fit table rase de l’infrastructure et de la superstructure féodale. La révolution extermina la classe aristocratique féodale, ses organes politiques, ses lois et ses organes de gouvernance mais conserva une partie de sa jurisprudence ainsi que l’appareil ecclésiastique. À long terme, la classe paysanne fut transformé en classe prolétarienne. Si bien qu’en 1941, les troupes nazis furent bien étonnées de découvrir la Nouvelle Russie industrialisée. Sur le plan culturel le processus de transformation fut plus long et plus complexe. En tout état de cause, dans cette révolution comme dans tout autres les transformations dans les domaines culturel et idéologique reposèrent sur les bouleversements de l’infrastructure et de la superstructure de production, d’échange et de communication.
L’article qui suit repose sur les chimères petites bourgeoises de la gauche bobo wokiste américaine et sur la fumisterie de la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne » des maoïstes en Chine…deux sources qui se complètent. Une Révolution culturelle repose nécessairement sur une révolution sociale globale. Les « grands hommes et les grandes femmes » « révolutionnaires » ou réactionnaires sont l’expression des classes sociales en lutte. Ces personnages ont pour mission de formaliser les forces, les faiblesses, les insuffisances et les perspectives des classes sociales en lutte. La classe exploiteuse dominante qui contrôle”(sic) (topo rédigé par Robert Bibeau en introduction de l’article : la révolution culturelle menée par les petits-bourgeois wokiste du 29 aout 2023 sur le site Les 7 du Québec).
Donc, le nouveau communisme (que souhaite Alain Badiou et Pouvoir au peuple) doit s'accompagner d'un dépérissement progressif de l'état. Le principe du communisme ne se réduit donc pas à des nationalisations. En 2008, on a vu le gouvernement américain nationaliser des banques, ce qui prouve que nationaliser est un mot équivoque. Appropriation collective des moyens de productions et nationalisations : ce n'est pas la même chose"(sic). Mais aussi à l’arrivée au pouvoir du Peuple français.
Voilà pourquoi Pouvoir au Peuple soumet ce programme de nationalisations au contrôle populaire, c’est à dire au droit de décision donné à chaque comité d’entreprise ( voir partie du programme sur l’hypothèse autogestionnaire).