Pouvoir au Peuple préconise des nationalisations sous contrôle populaire, soit une situation de double pouvoir : un pouvoir étatique, un pouvoir à la base !
Prop n°29 du Prog « Pouvoir au Peuple » rédigée le 9 octobre par Brigitte Bouzonnie. Présent. de la « logique autogestionnaire » et du mécanisme de dble pouvoir : un pouv. central, un pouv. à la base
1°)-L'Histoire montre que les nationalisations ne sont pas suffisantes :
L'Histoire montre que la nationalisation des entreprises privées, même non indemnisées comme “Pouvoir au Peuple” le propose, ne règle pas tous les problèmes.
Dans son livre intitulé "Badiou par Badiou", édition PUF, 2021, Alain Badiou écrit avec lucidité à propos de la Révolution de 1917 : "la notion d'État communiste est un paradoxe, une contradiction. C'est pourquoi depuis Lénine, on a pris la précaution de parler d'État socialiste, et de maintenir l'idée que le communisme, c'était la disparition, la fin de l'état. Et comme on sait, au lieu d'avoir la fin de l'Etat, on a eu malheureusement son renforcement constant et dans des conditions absolument tyranniques" (sic).
Ainsi et malheureusement, le régime de l'URSS d'avant et d'après la seconde guerre mondiale n’est pas un régime communiste, mais un capitalisme d’état, nuance. Au sein du Parti communiste de l’Union soviétique, -PCUS-, on voit l'apparition d’une véritable classe d’apparatchiks vivant sur un grand pied. Avec des rémunérations très élevées pointées par l'historien Grover Furr dans son livre : "Khrouchtchev a menti", édition Delga, 2023. A la fin de sa vie, Staline voulait même diminuer les revenus exorbitants d'un Khrouchtchev, Béria, ce qui montre l'acuité des inégalités sociales sévissant en URSS en 1952.
On le voit : la Révolution bolchevique de 1917 a été imaginée et conduite par des petits-bourgeois aisés, comme Lénine. Et surtout Trotsky, dont le père, avec ses 700 hectares, est un des plus gros propriétaires d’Ukraine. Ensuite, une fois au pouvoir, ces petits-bourgeois reproduisent leur mode de vie passé avec de riches rémunérations. Une belle datcha. Dans le livre de mémoires de Sergio Béria, fils de Lavrantii Béria, Ministre de l’intérieur et numéro 2 de du régime soviétique avant-guerre, on apprend que tous les dignitaires soviétiques ont leur riche « datcha »(sic). Cf Sergo Béria : « Béria mon père », édition Plon, 1999).
De l’autre côté, le Peuple vit avec des salaires extrêmement bas, même si la garantie de l’emploi lui est accordée. Vivant dans des conditions très spartiates.
Par ailleurs, à l’intérieur de l’appareil d’état soviétique, deux fractions de classes se livrent “au sommet” à une lutte à mort : les unes pour conserver le pouvoir soviétique (Staline, Molotov, Kirov, Vorochilov, Kaganovitch). Les autres (Trostsky, Boukarine et sa bande) pour conquérir ce même pouvoir, quitte pour cela à faire alliance avec les nazis.
Dans tous les cas, on est très loin de la recherche du pouvoir à la base et du communisme autogestionnaire. Sauf Staline, qui, à la fin de sa vie, voulait mettre en oeuvre un pouvoir populaire, comme l’explique Grover Furr dans son ouvrage : Khrouchtchev a menti, op cit.
Et Alain Badiou d'ajouter : "le mot "communisme" a été corrompu par le pouvoir d'Etat. Lénine écrit au soir de sa vie que l'état bolchevique ne valait guère mieux que l'état tsariste. Et qu'avec ce nouvel état, il n'y aurait pas de sortie du néolithique. Donc, le nouveau communisme (que souhaite Alain Badiou et Pouvoir au peuple) doit s'accompagner d'un dépérissement progressif de l'état. Le principe du communisme ne se réduit donc pas à des nationalisations. En 2008, on a vu le gouvernement américain nationaliser des banques, ce qui prouve que nationaliser est un mot équivoque. Appropriation collective des moyens de productions et nationalisations : ce n'est pas la même chose"(sic) (Badiou par Badiou, op cit).
La révolution d’Octobre de 1917 doit être analysée comme une révolution de petits bourgeois et de paysans, comme par exemple le soviet de Pétrograd. Ainsi, dans sa vidéo sur la révolution d’octobre, Madame Annie Lacroix-Riz pointe le rôle actif des paysans au cours de la révolution de 1917. Parlant même « d’une situation de double pouvoir » (sic) entre, d’une part, l’état russe dirigé alors par le social-démocrate Kerensky. D’autre part, les conseils de paysans à la base. Soit.
2)-Le Rassemblement Pouvoir au Peuple préconise la logique autogestionnaire :
L’hypothèse autogestionnaire repose sur l’idée selon laquelle l’axe du contrôle collectif est nécessairement le contrôle ouvrier. C’est à la source, donc au niveau de la production que doit s’exercer ce contrôle.
La mise en place de l’hypothèse autogestionnaire voulue par Pouvoir au Peuple donne lieu à des modifications juridiques du code du travail. Et la création d’un droit de décision donné au comité d’entreprise. De même, Pouvoir au Peuple favorise les luttes sociales dans l’entreprise, pour imposer les nouveaux pouvoirs donnés au comité d’entreprise. Pouvoir au Peuple crée une subjectivité nouvelle en faveur de l’hypothèse autogestionnaire.
2-1°)-Pouvoir au Peuple crée un nouvel article du code du travail donnant un pouvoir de décision au comité d’entreprise :
Alain Badiou préconise in fine "des procédures de décisions collectives qui sont de moins en moins étatiques, autoritaires et centralisées" (sic) (cf Badiou par Badiou, édition PUF, 2021.
Prolongeant cette démarche, le Rassemblement Pouvoir au Peuple demande la mise en oeuvre de l'hypothèse autogestionnaire : en officialisant un pouvoir de décision donné à chaque comité d'entreprise, par la création d’un nouvel article regroupant les articles L 431-4 et L 431-5 du code du travail.
(Le comité d’entreprise constitue la structure essentielle du contrôle ouvrier. Créé par les ordonnances du 22 février 1945, le comité d’entreprise ne bénéficie à ce jour que d’un vague droit de regard sur la vie économique de l’entreprise. Dans la perspective qui est la nôtre, des changements radicaux sont à attendre dans le sens d'un pouvoir de décision effectif donné au comité d'entreprise).
Le rassemblement Pouvoir au Peuple dote le conseil social et économique (nouveau nom du comité d’entreprise) d’un véritable pouvoir de décision, tant sur les choix économiques de la structure, que sur le niveau de l’emploi dans l’entreprise, précisé à l’article L 431-4 du code du travail.
Le nouvel article L. 431-4 et L. 431-5 du code du travail est ainsi rédigé : Le comité d’entreprise dispose et sans réserve d’une information complète sur l’activité de l’entreprise, ce qui suppose la levée du secret bancaire. Et l’ouverture permanente des livres de comptes, permettant un contrôle de la formation des prix et des mouvements de marchandises.
Le Comité d’entreprise dispose d’un droit de véto sur toutes les questions touchant directement le sort des salariés : emploi, tout ce qui est relatif aux décisions de licenciements en cours. Modification des conditions de travail. Grille de qualification. Il dispose d’un droit d’appel suspensif sur certaines décisions de la direction : prix, investissement, décision de délocalisation, échange extérieur…
En cas de litige entre l’employeur et le comité d’entreprise, l’inspection du travail est saisie et statue dans un délai de quinze jours
Le président du Comité d'Entreprise est obligatoirement élu par les représentants des salariés. L’employeur n'est pas habilité à présider un comité d’entreprise.
Les fonctions de président du comité d’entreprise seront précisées par décret, ainsi que celles de son équipe de direction. Seront précisées aussi les fonctions de trésorier et de secrétaire, mais aussi les fonctions techniques, dont les responsables doivent eux aussi répondre devant l'assemblée générale des salariés.
2-2°)-Le contrôle populaire suppose obligatoirement la mise en oeuvre du mécanisme de double pouvoir : a)-pourvoir étatique, b)-pouvoir à la base
Il ne s'agit pas seulement de nationaliser une grande entreprise. Mais de mettre en oeuvre le mécanisme de "double pouvoir" :
1°)- un Pouvoir étatique allant decrescendo. Devenu ultra minoritaire, il périclite.
2°)-un pouvoir de décision à la base dans les entreprises, détenu par 25 millions de salariés. Celui-ci plus nombreux va crescendo et se confronte nécessairement avec le pouvoir étatique, qui, devenu minoritaire, périclite.
Ne reste plus alors que le pouvoir à la base. On est enfin parvenu à "la dégénérescence de l'appareil d'état" dont parle Marx. Seul le pouvoir à la base existe.