Pourquoi les États-Unis peinent-ils à négocier la fin du conflit en Ukraine ?
Article rédigé le 3 juin 2025 par Mohamed Lamine Kaba, posté sur le site Réseau International
Le 2 juin, Istanbul accueillera le deuxième cycle de négociations de paix directes entre la Russie et l’Ukraine.
En pleine négociation du conflit ukrainien et naviguant entre doctrine de Brzezinski et dynamiques géopolitiques contemporaines, les États-Unis font face au défi de la politique d’endiguement de Truman, tandis qu’avec eux, un nouveau triangle de pouvoir émerge, aux deux angles, la Russie et la Chine, au cœur de cette politique depuis respectivement 1947 et les années 2000.
En réalité, initié par le renversement de pouvoir de Maïdan en 2014 avec l’appui de Washington, le conflit ukrainien se déploie comme un théâtre de rivalités géopolitiques intenses depuis janvier 2025. Manœuvrée par Washington, cette confrontation indirecte ambitionne de miner la puissance russe, en écho à la stratégie de Brzezinski qui, dans son ouvrage «Le Grand Échiquier» paru en 1997, préconise le morcellement de l’Eurasie pour maintenir la suprématie américaine. L’administration Biden a exacerbé la situation en injectant des milliards en équipements militaires, métamorphosant ainsi l’Ukraine en arène de l’OTAN face à Moscou en 2022. En dépit des engagements de Trump pour un retrait américain, les impératifs du complexe militaro-industriel et l’expansionnisme de l’OTAN – critiqués par Poutine – entravent toute perspective de dialogue. Cette dynamique géostratégique dévoile un cynisme implacable : Washington consent au sacrifice de l’Ukraine pour contrecarrer toute convergence eurasiatique entre l’Europe et la Russie, envisagée comme un défi à son autorité. Les sanctions imposées à Moscou et l’intensification de la présence militaire de l’OTAN aggravent les frictions, précipitant la région dans une précarité prolongée, au grand dam des populations civiles et de la stabilité internationale.
Une guerre par procuration orchestrée par Washington
La stratégie géopolitique de Washington se manifeste dans le conflit ukrainien, initié suite au coup d’État de Maïdan de février 2014 – avec le soutien des États-Unis – et s’intensifiant sous l’administration Biden en 2022 par un appui militaire conséquent à Kiev. En 2025, l’administration Trump peine à trouver une issue à ce conflit, qui s’inscrit dans leur stratégie géopolitique globale. Les révélations du New York Times indiquent que Washington avait préalablement investi des milliards en armements et en conseillers militaires en Ukraine, exacerbant les tensions avec la Russie. Ce conflit par procuration, visant à ébranler Moscou, se heurte à la résilience russe et à l’épuisement ukrainien, rendant complexe toute tentative de résolution négociée. Malgré ses engagements de retrait, Trump se trouve confronté à une impasse où les intérêts militaro-industriels et l’OTAN semblent entraver toute forme de compromis, prolongeant ainsi le conflit pour maintenir la pression sur la Russie qui, déjà, a avec elle le Sud global et donc, la majorité de la population mondiale.
Dans une démarche affirmée et souveraine, la Russie, par l’intermédiaire de la porte-parole de son département diplomatique, a exprimé une position intransigeante quant à l’implication de tiers dans les dialogues stratégiques d’Istanbul du 2 juin. Madame Zakharova, s’exprimant sur le cadre des pourparlers russo-ukrainiens, a catégoriquement écarté l’éventualité d’une médiation turque ou d’une quelconque autre partie, soulignant l’absence d’utilité perçue de la participation de délégués américains, britanniques, allemands et français dans le processus de négociation directement engagé avec l’Ukraine.
La doctrine Brzezinski – empêcher l’union eurasiatique
De fait, pilier de la politique étrangère américaine, la doctrine Brzezinski postule que les États-Unis doivent prévenir la consolidation d’une Europe unie s’étendant de Brest à l’Oural, afin de conserver leur prééminence. Zbigniew Brzezinski, conseiller de Carter, soulignait en 1997 dans son ouvrage «Le Grand Échiquier» (qui constitue encore la boussole qui oriente la politique étrangère des États-Unis) l’importance de fragmenter l’Eurasie, en incitant notamment l’Ukraine à s’opposer à la Russie. En 2025, cette doctrine demeure prégnante à Washington. L’OTAN, influencée par les États-Unis, intensifie les provocations, telles que l’élargissement vers l’Est, et toujours critiqué par Poutine. Cette stratégie sacrificielle, exposant l’Ukraine à des ravages, obstrue toute diplomatie authentique. Les États-Unis, attachés à leur suprématie, privilégient un conflit prolongé à une paix qui favoriserait un rapprochement entre l’Europe et la Russie, menaçant ainsi leur hégémonie mondiale.
De ce qui précède, nous pouvons déduire que l’obsession hégémonique des États-Unis, guidée par Brzezinski, sacrifie l’Ukraine et bloque la paix pour diviser l’Eurasie plutôt que d’engager une véritable résolution du conflit par la prise en compte des préoccupations de la Russie en matière de sécurité. Le retrait de l’intégralité du soutien américain à l’Ukraine le matin, signifierait la fin du conflit le soir. Les élites de l’Europe des va-t’en guerre : ces vassaux automates et insipides, fantasques et pervers narcissiques, feinteurs et faux-fuyants qui s’agitent n’auront qu’un seul choix entre périr collectivement dans un suicide ou se maintenir aux pieds du maître (Washington) remuant affectueusement la queue.
source : New Eastern Outlook
Mohamed Lamine Kaba
- Expert en géopolitique de la gouvernance et de l'intégration régionale - Sociologue des Organisations
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10 Commentaires
HIKBOO
15 heures
« Pourquoi les États-Unis peinent-ils à négocier la fin du conflit en Ukraine et pourquoi ? »Les Etats Unis ont perdu au fil des décennies toute crédibilité et toute confiance mondiale, y compris d’une majorité de leurs serviteurs.
Une mafia de grande ampleur y gère les affaires, elle même, cette mafia est divisée entre clans impitoyables qui s’y livrent une guerre sans merci ni oubli. Comment diriger une entité pareille qui balance le droit le plus évident et élémentaire par-dessus son épaule à chaque événement un peu inattendu et prétendument « non gérable » ?
Il y faudrait un chef de gouvernement très éclairé qui aurait compris quel est vraiment le mal étatsunien, depuis ses racines anglo-sionistes, c’est à dire dans l’époque où Cromwell a implanté sa terreur. Peu d’étatsuniens ont compris ce mal insidieux, à part quelques esprits questionneurs historiquement habités.
Après les tromperies initiales des premiers envahisseurs occidentaux dans l’Amérique amérindienne et les massacres génocidaires qui s’en sont suivis, peu de témoins restent (par voie orale ou photographique) de cette incroyable malfaisance. Les Etatsuniens actuels croient sincèrement à leur légitimité d’exister sur cette terre volée dans des fleuves de sang.
Les Noirs africains terrorisés et punis dans l’esclavage pour partir en Amérique en savent aussi quelque chose et ont peut-être plus de vestiges mémoriels de cette infamie par leur extermination interrompue par les guerres du Vietnam, de Yougoslavie, d’Irak, de Libye, de Syrie, d’Afghanistan, etc…Mais, à quel point interrompue, s’ils sont les 1ers à servir en priorité de chair à canon ? Il y a un étrange faux mystère si on observe que les Noirs étatsuniens sont les 1ers en tout : ravages des drogues, y compris pharmaceutiques, ravages de la criminalité urbaine et péri-urbaine, ravages de la malbouffe et des vaxxinations tous azimuts, soit un bilan global catastrophique, dont nous avons des échos assez mal renseignés (par sécurité).
Pour revenir à l’interrogation initiale : Trump patauge dans toutes les affaires internationales car il n’a pas mesuré l’ampleur du problème étatsunien, et voilà ce qui est à l’origine de son incompétence internationale à comprendre l’origine des conflits. Il est gravement handicapé de la comprenette à cause de cet oubli majeur : L’origine ethnologique et culturelle des Etats Unis, sans se cacher derrière son petit doigt Maga qui est le sommet du ridicule à ce point de basculement de l’ancien monde.
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HIKBOO
14 heures
Répondre à HIKBOO
En effet, pour compléter, quand un président des USA fait semblant de ne pas comprendre que les USA sont à l’origine de tous les maux qui accablent l’Ukraine, l’Europe et la Russie, il hésite aussi pour aller se faire consoler en Israël, car il s’est vautré là-bas dans les mêmes problèmes qui ne sont pas prêts d’être résolus non plus ! Et il s’acharne encore avec Taîwan, y’a quoi qui bute dans son intellect ?
14
8 heures
Répondre à HIKBOO
La soi disant suprématie des EU occupe tout son cerveau et ne laisse aucune place aux autres pays …
1
14 heures
Répondre à HIKBOO
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