Le texte de la nouvelle Constitution populaire sera rédigé par les Gilets Jaunes, esquisse d'un double pouvoir !
Version 2 Excellente proposition formulée par mon ami Dominique Kern
1°)-Dominique Kern : Je ne pense pas qu'il faille voir les choses de cette manière...Ce n'est pas la VIe république qui doit être imposée, c'est la Constituante... Les assemblées de rond point comme amorce de celle-ci. C'est là qu'il faut creuser ... Mettre en place à la base des structures de double pouvoir... Ne pas déléguer à des professionnels !
2°)-Brigitte Bouzonnie : Excellente idée : Domi propose que le texte de la nouvelle Constitution populaire soit rédigé par les Gilets Jaunes, sur les rond points. On pourrait ajouter dans le même sens : le texte de la nouvelle Constitution populaire doit être rédigé aux points de départ des manifs des manifestants anti dictature et vaccination obligatoire : eu égard aux millions de français qui se sont mobilisés chaque samedi en 2021 contre le pass sanitaire, puis contre le pass vaccinal.
L’objectif est de rompre avec ces professionnels, disposant d’un capital universitaire rare, écrivant seuls le programme politique de “gôche”.
2-1°)-De tout temps, les propositions dites de gôche ont été rédigés par des constitutionnalistes, conseillers d’Etat, juristes de droit du travail, pas du tout représentatifs des catégories populaires :
* Ainsi, Alain Garrigou montre excellement comme l’idée du suffrage universel, loin d’avoir été réclamé par le Peuple de gôche a été rédigé à la va-vite en février 1848 par les deux constitutionnalistes modérés de l’époque ; Louis-Marie de Lahaye de Cormenin et Isambert.
Par exemple, Louis Marie de Lahaye, baron (1818) puis vicomte (1826) de Cormenin, est un jurisconsulte, homme de lettres et homme politique français, né à Paris le 6 janvier 1788 et mort dans la même ville le 6 mai 1868. Il est vice-Président du Conseil d’Etat. Conseiller général de l'Yonne entre 846 et 1848. Député. On le voit : c’est un noble (vicomte). Pur professionnel du droit et de la politique. En aucun cas, ses écrits en reflètent les aspirations populaires du moment.
*Pierre Laroque, jeune conseiller d’Etat rédige un rapport sur la convention collective en 1934. Les organisations patronales sont vent debout contre. Arrivent les manifestations du Front populaire, qui imposent aux patrons l’idée d’une convention collective. C’est la grande loi de 1936 rédigée par Pierre Laroque (cf entretien que j’ai eu avec Pierre Laroque dans le cadre de ma thèse). Pierre Laroque rédigera aussi la loi instaurant la sécurité sociale en France, comme le raconte notre regretté ami Michel Etiévent dans sa biographie du Ministre du Travail Ambroise Croizat.
*La quatrième loi Auroux, loi du 13 novembre 1981, intitulé: “la négociation collective et le règlement des conflits collectifs de travail” impose une obligation de négocier chaque année dans la branche et dans l’entreprise. Cette loi, dite “loi Auroux” ne figure pas dans le corps du Programme Commun, négocié par une délégation communiste et socialiste, comme le raconte Thomas Hofnung dans sa biographie de Georges Marchais intitulée : “Georges Marchais, l’inconnu du comité central”, édition l’Archipel, 2001.
L’idée de “droits nouveaux pour les travailleurs” apparait dans les 110 propositions, nuance. Le rapport Auroux est largement inspiré du rapport Sudreau publié en 1976 sur de nouveaux droits aux salariés. Ce sont les juristes de droit du travail du bureau de la négociation collective (NC1) à la Direction des relations du Travail du Ministère du Travail, tous à la CFDT, aidé de Jean-Paul Murcier, responsable juridique à la CFDT, qui rédigent la loi du 13 novembre 1981 obligeant l’employeur à négocier chaque année au niveau de la branche et avec le comité d’entreprise (cf mon mémoire de DEA de politique sociale intitulé : “la socio-genèse de la loi du 13 novembre 1991”).
On le voit : les “programmes iconiques de gôche” sont rarement rédigés par le Peuple lui-même. Avec Dominique, nous voulons rompre une bonne fois pour toutes avec ces professionnels de la rédaction de programme pas du tout représentatifs des catégories populaires et de leurs problèmes de survie économique et sanitaire.
2°)- Instauration d’un double pouvoir :
Cette Constitution populaire entérine l’existence d’un double pouvoir : pouvoir étatique, pouvoir à la base.
La dualité de pouvoir est une situation dans laquelle il y a deux sources de pouvoir en dispute. Le Pouvoir central et le pouvoir à la base. C'est une situation révolutionnaire.
*La révolution anglaise se résout par une guerre civile ouverte. Avec deux centres gouvernementaux, Londres et Oxford, créent leurs armées, la dualité des pouvoirs prend forme. Le parlement l'emporte. Le roi est fait prisonnier.
Ensuite, face à la dictature de Cromwell, les couches inférieures de l'armée, sous la direction des "levellers" (niveleurs), aile extrême-gauche de la révolution, tentent d'opposer à la domination des hautes sphères militaires, des grands de l'armée, leur propre régime, authentiquement plébéien. Mais Cromwell l’emporte.
*La Révolution française voit les couches inférieures du Tiers-État de la capitale (les sans-culottes) s'affirmer. Elles s'animent d'abord dans les sections parisiennes en opposition à la Commune encore tenue par la bourgeoisie, grande et moyenne. Puis elle s'empare de la Commune le 10 août 1792. Si les sans-culottes ont globalement été alliés de l'Etat jacobin, ce dernier fait tout pour réprimer leurs franges les plus radicales. Jusqu'à finir par les démoraliser.
*La commune de Paris de 1871 était un gouvernement ouvrier qui a réussi temporairement à diriger Paris de manière auto-organisée. Mais dans le même temps, l'Etat central bourgeois continuait d'exister, en particulier à Versailles. à encore, il s'agit d'une situation de dualité de pouvoir.
*d°)-La Russie en 1917. Au lendemain des journées révolutionnaires de Février qui renversent le tsarisme, deux pouvoirs se constituent :
le gouvernement provisoire, composé de membres de la bourgeoisie libérale
les soviets d'ouvriers et de soldats qui se constituent un peu partout.
Les soviets sont initialement majoritairement dominés par les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires, qui font confiance au gouvernement provisoire et présentent donc les soviets comme des forces d'appoint, minimisant leur rôle.
Suites aux Thèses d'avril de Lénine, le parti bolchévik reconnaît une situation inédite de double pouvoir, et revendique « tout le pouvoir au soviet ».↑ Lénine, Sur la dualité du pouvoir, Pravda n° 28, 9 avril 1917.
3°)- La logique autogestionnaire :
Pour rédiger ces lignes, nous sommes partis de l’ouvrage rédigé par Michel Mousel et la Commission économique du PSU intitulé : “L’utopie réaliste : une autre logique économique pour la gauche”, Christian Bourgois éditeur, 1977.
Dans les années 70, la CFDT développe l’idée d’une stratégie autogestionnaire : selon laquelle l’organisation des différentes activités sociales doit être réappropriée au niveau des quartiers, commerces et régions. Aujourd’hui, les nouvelles forces sociales apparues depuis 2017, -mouvement des Gilets jaunes, mobilisation des anti vaccinés…-, demeurent très réservés, c’est une litote de le dire, vis à vis des partis politiques classiques.
Pourtant il existe des bases objectives à leur convergence politique entre mouvements populaires : leur refus de la société actuelle ne se confond pas avec une énième lutte corporatiste. Il trouve ses racines au niveau de ce que sont les conditions générales d’existence : 80% des français qui ont du mal à finir leur fin de mois. Chômage et pauvreté de masse, puisqu’on comptabilise un taux de chômage à 23% ( chiffre ELUCID) et 15 millions de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté. D’où la nécessité de relever les salaires de façon substantielle. Créer des millions d’emplois dans le secteur privé et dans le secteur associatif pour les chômeurs, notamment les chômeurs de longue durée. Ils ont également en commun de subir une pandémie de Covid, sciemment voulue par la Macronie, comme le montre notamment l’absence de rétablissement de frontières entre mars 2020 et aujourd’hui.
Le combat des Gilets Jaunes et des militants anti pass vaccinal remet en cause le statut subordonné et le mauvais état physique, que la Bourgeoisie entend assigner aux catégories populaires. Pour certains dans la cadre du projet du Grand Reset.
En réaction, la logique autogestionnaire vise à obtenir une maitrise collective et à la base des conditions de vie et de travail, coopération remplaçant les relations hiérarchiques. Egalité des revenus. Egalité entre les peuples.
C’est bien une stratégie alternative à celle de la bourgeoisie financière, tant au plan intérieur que mondial qu’il faut inventer.
Le véritable enjeu des élections présidentielles 2022, n’est-il pas l’alternative entre cinq ans de Macronisme mortifère, tant sur le plan social que sanitaire, et l’engagement d’un processus de transition, par une mobilisation populaire ayant son propre pouvoir à la base, capable de faire voler en éclat le macronisme pourri ?