Portrait de Achenbach, du pillage de la France en temps de guerre au Parlement européen en temps de paix !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie, à partir de l'ouvrage de Eric Branca, intitulé : "Le roman des damnés. Ces nazis au service des vainqueurs après 1945", édition Perrin, 2021.
Après le portrait du traitre Robert Schuman, qui nous a imposés l’Europe supra nationale sur ordre des américains, nous poursuivons notre galerie de portraits des renégats et nazis passés après guerre au service de l’Europe. Aujourd’hui, nous parlons de Ernst Achenbach, à partir de l’enquête menée par l’historien Eric Branca, dans son ouvrage intitulé : "Le roman des damnés. Ces nazis au service des vainqueurs après 1945", édition Perrin, 2021.
Né en 1909 à Siegen (Rhénanie), Achenbach obtient de solides diplômes universitaires. En 1936, il est docteur d’état en droit, un diplôme rare à cette époque, attaché au Ministère des Affaires étrangères. En 1937, il intègre l’ambassade d’Allemagne à Paris et travaille avec d’un ambassadeur, nazi convaincu : Johannes von Welczeck. Welczeck lui confie la tâche de convaincre les milieux industriels et financiers français de s’entendre avec les industriels allemands.
Dès cette époque, Achenbach est déjà ami avec beaucoup de patrons allemands, possédant sa carte au parti national socialiste depuis 1933. En particulier, il s’investit beaucoup dans un organisme crée par Krupp,patron du géant de l’acier lui-même : l’Adolf- Hitler -Spende -der-deutschen-Wirtschaft, ce qui veut dire : “don de l’économie allemande à Hitler”. Cette structure permet de financer Hitler et le parti nazi, grâce à une manne gigantesque : 30 millions de deutschmarks par an, selon les estimations de l’historien Jacques Pauwels, dans son ouvrage : “Big business avec Hitler”. Lucien Steinberg explique comment Achenbach était passé maître dans l’art de changer de casquettes : le militant national-socialiste utilisait sa positon officielle pour obtenir un maximum de fond pour son parti. L’avocat son savoir faire pur défiscaliser les dons, plus ou moins volontaires ( extorsion de fonds aussi !), pur obtenir une défiscalisation de ces aides, cf son ouvrage : Les allemands en France.
A 30 ans, il siège déjà dans de nombreux conseils d’administration allemands, ce qui lui confère la surface requise pour aller ensuite négocier avec le patronat français. Il fréquente tout particulièrement Jacques Barnaud, dirigeant de la banque Worms. Barnaud est souvent reçu à l’ambassade allemande de Paris.
Prédateur en temps de paix : en 1938, Achenbach remporte sa première victoire : convaincre le groupe Schneider de renoncer à ses intérêts en Tchécoslovaquie, sur les usines Skoda, en contre partie d’un substantiel dédommagement. L’affaire a été étudiée par Madame Annie Lacroix-Riz, dans son livre : Le choix de la défaite. les élites françaises dans les années 30, édition Armand Colin, 2010. L’historienne montre comment la Collaboration plonge ses racines dans la politique suicidaire menée pendant les années 30.
Fleuron de l’industrie d’armement autrichienne, Skoda avait été acquis par Schneider en 1920 et représente des intérêts métallurgiques et miniers que Hitler veut à tout prix neutraliser. D’autant que ses lieux de production étaient dans les sudètes, enjeu de l’accord de Munich de 1938.
Les sudètes étaient un cauchemar pour Hitler, à cause des redoutables fortifications érigées par la Tchécoslovaquie pour empêcher une offensive allemande. On comprend aussi pourquoi, juste après que le Président du Conseil Daladier et le Premier Ministre anglais, Chamberlain eurent signé l’accord livrant les sudètes à Hitler, celui-ci déclara : “c’est le plus beau jour de ma vie” !
Renoncer à Skuda revenait donc pour le France à renoncer à la Tchécoslovaquie. Cette cession de Skuda à Krupp, qui s’apparente à de la haute trahison fait penser à la vente forcée par Macron d’Alsthom à General Electric. Cette cession de Skuda n’a pu être possible, qu’en raison des bonnes relations existantes entre Achenbach et le patronat français de cette époque.
Au mois de juillet 1940, Achenbach, grand gaillard à uniforme vert, chauve, l’oeil froid, a un nouvel ambassadeur : Otto Abetz. Mais le rôle de l’ambassadeur d’Allemagne à Paris a changé profondément de sens. Désormais, il transmet les “ordres” venus du vainqueur : Hitler. Quant à Achenbach, il devient le chef tout puissant de la section politique de l’ambassade d’Allemagne à Paris. Il rédige l’arsenal juridique par lequel l’Allemagne prend le contrôle de la presse, radio, édition, cinéma et théâtre français. Il prépare l’entrevue de Montoire Pétain/Hitler.
Tout puissant, Achenbach impose la transaction Skuda comme une “bonne pratique”, “exemple pour les achats allemands” (sic). Autrement dit, la haute trahison des intérêts français devient la règle. De plus, rares sont les prises de participation allemande dans l’appareil de production français, où la signature de Achenbach n’apparait pas. Il ne manque jamais un déjeuner de la table Ronde, instance présidée par François Supré, Président des grands hôtels associés, et qui rassemble, toutes les trois semaines, les deux élites économiques des deux côtés du Rhin.
La victoire de l’Allemagne devenant de moins en moins probable, Achenbach participe activement aux débats appelant à un renversement d’alliances. Un ami de Achenbach, Lemaigre-Dubreuil passera du statut de collabo à celui d’allié des Etats-Unis. Jean Jardin, Laval, Achenbach travaille à un rapprochement avec l’OSS.
Fin 1943, Achenbach est rappelé à Berlin, en administration centrale du Ministère des affaires étrangères.
A la fin de la guerre, si Abetz est arrêté, Achenbach ne subit pas le plus petit commencement de procédure. En 1946, il s’installe comme avocat à Essen, Allemagne et retrouve comme client Krupp, Stinnes, qui l’encourage à se présenter au parti libéral démocrate allemand lancé en 1948. Selon l’historien Kristian Buchna, le parti libéral aurait servi de refus à de nombreux nazis et d’interface avec les magnats de al Ruhr. Son immunité est due à ses relations privilégiées avec les américains. Il se présente aux élections locales. Mais l’affaire Werner Neumann met un terme à sa carrière. Neumann et Achenbach veulent reconstruire un parti nazi ‘propre”, sans la sémantique guerrière d’avant 1945. En 1951, Achenbach devient porte-parole du FDP. Les conjurés poussent l’un des leurs à être Dirigeant de ce parti : Middlehauve. Mais les britanniques, maîtres de la zone d’occupation, enquêtent sur ce projet. Naumann est arrêté, mais pas Achenbach, qui bénéficie de hautes protections. Et parvient à se faire élire en 1957 député du Bundestag.
Ensuite, il souhaite devenir Commissaire européen, dont l’idéologie ressemble curieusement à la sienne. Il faut attendre la fin des années 60, pour qu’il fasse le dérapage final. “Pesant” 5,8% des voix, Achenbach fait alliance avec Willy Brandt. Brandt cède au chantage de Achenbach et s’allie avec le parti libéral, en échange de sa protection pour obtenir le poste de commissaire européen. Mais Béate Klarfeld intervient. Serge et Béate Klarfeld découvrent qu’il s’est aussi impliqué dans les persécutions raciales.
Enfin Achenbach est démasqué. Le gouvernement social démocrate fait savoir que la candidature bruxelloise de Achenbach est une faute et la retire. Il s’éteindra en 1991…