Petits bijoux d'analyse de Alain Badiou (25). Il parle de la tyrannie des 51%, et des élections comme étouffoir professionnel des révolutions !
Citations rédigées par Alain Badiou choisies par Brigitte Bouzonnie le 20 mai 2023
1°)-Alain Badiou :
-La tyrannie des 51% :
*Pourquoi diable 51% des français serait-il “les” français ? N’est-il pas constant dans l‘Histoire, comme par exemple au moment crucial de l’occupation allemande, que les “français”, c’est bien plutôt la petite minorité de “résistants”, en fait, pendant au moins deux ans, trois pelés et un tondu ? Les autres sont largement pétainistes, ce qui veut dire, dans les conditions de l’époque, non pas du tout “français, mais serviteurs peureux de l’Allemagne nazie. C’est un trait caractéristique de la France justement : quand la question de son existence est en jeu, ce qui la constitue, sur un fond réactionnaire et peureux fort épais, est une minorité aussi active et admirable que numériquement très faible. Notre pays n’a existé et n’existera, quelle qu’en soit la forme venir, que par ceux qui n’ont pas consenti aux abaissements qu’exige universellement la logique de la survie des privilèges, ou même la simple conformité “réaliste” aux lois du monde. Ce sont ceux là qui ont choisi, et ce n’est certes pas en votant” (De quoi Sarkosy est-il le nom ? Edition Lignes, 2008).
-Sur ce point, il faut quand même se souvenir de Mai 68. On a des millions de grévistes. Des manifestations tous les jours. Une alliance sans précédent entre les jeunes qui ont des trajets différents, ouvriers et étudiants. Tout le monde est emporté par une nouveauté massive. On voit même des drapeaux rouges chez les habitants de certains beaux quartiers ! Partout l’extravagance, en somme, partout l’espoir d’une diminution des asservissements. Eh bien il a suffi que les gens au pouvoir, nommément De Gaulle et surtout Pompidou, arrivent à organiser des élections : on a eu la chambre la plus réactionnaire qu’on ait vu depuis 1919, une chambre bleu horizon. Il n’y a aucun doute que l’élection a été le recours essentiel pour la dissolution et l’écrasement du mouvement. Et ce n’est certes pas par extrémisme, mais dans la lucidité la plus totale, que les militants criaient dans les rues : “élections, piège à cons !”(sic) (De quoi Sarkosy est-il le nom, op cit).
2°)-Brigitte Bouzonnie : Alain Badiou conteste avec courage et lucidité la tyrannie des 51%. Cette analyse lui a valu de se faire traiter publiquement “d’anti-démocrate”(sic). “D’aristocrate athénien”(sic), à cause de son admiration pour Platon, pour les plus aimables des critiques. C’est ce qu’on appelle une inversion accusatoire. Le philosophe critique le principe même du capitalo-parlementarisme : un parlementarisme adossé au capitalisme déchainé. Et les plumitifs du système lui renvoient dans les gencives que “c’est un ennemi de la démocratie”. A tort.
2-1°)-D’abord, essayons de compléter les deux exemples cités par Alain Badiou :
*La Résistance représente à peine 2% de la population en 1942 analyse Mireille Albrecht, fille de la grande résistante Berty Albrecht. Soit. Sauf que les Bourdet, Lucie et Raymond Aubrac, Raymond Badiou, Germaine Tillon, Geneviève Antonioz-De Gaulle, De Gaulle…défendent véritablement une France souveraine contre les partis politiques de la IVème République corrompus et qui ont failli. Trahisons réitérées des hommes politiques de droite et de gauche, remontant tout au long des années trente. Ces ministres/députés régulièrement élus font “le choix de la défaite”, pour reprendre l’analyse de l’historienne Madame Annie Lacroix-Riz dans son livre collector : “Le choix de la défaite. Analyse des élites françaises des années trente”, édition Armand Colin, 1986 et 1989. De quoi a besoin le Peuple français ? D’être véritablement défendu ? Ou d’être gouverné par des 51% de circonstance de professionnels de la Politique.
Comme écrit le Général de Gaulle : “Des gouvernements de rencontre ont pu capituler, cédant la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant rien n’est perdu”(sic). Ce faisant, il pointe le caractère profondément illégitime de ces hommes politiques, au demeurant élus au suffrage universel. A juste titre, il ne se laisse pas impressionner par la règle des 51%. S’assied dessus, démarche ô combien justifiée !
*En mai 68, il y a 15 millions de grévistes dans la rue, dont 12 millions d’ouvriers et employés voulant une nouvelle proposition politique. Ce n’est pas rien. Eh bien il a suffi que des professionnels de la politique, pas du tout critiques du système, participent à des élections, pour gommer. Balayer. Ignorer, toutes les critiques émises au cours du mois de mai. Et il y a encore des gens pour croire qu’avoir 51% des suffrages, avec une liste de candidats professionnels de la politique, totalement coupés de la vie du vrai Peuple français sont la “démocratie”. En soi, je n’ai rien en soi contre la règle des 51%. Mais à condition que les candidats soient de vrais représentants du Peuple, et pas des traitres grassement rémunérés par l’Etat comme le personnel politique de gôche. Lénine ne disait-il pas : les responsables social-démocrates sont les meilleurs alliés de la Bourgeoisie. Rien de plus juste !
2-2°)-Alain Badiou n’est pas un ennemi de la véritable démocratie. Pour comprendre, il faut revenir à cette règle du suffrage universel imposée par les élites Louis-Philippardes en 1848 à des fins de paix sociale. Ainsi, le professeur de droit constitutionnel et baron Louis-Marie de Lahaye de Cornemin est créateur avec Isambert du vote pour tous, analyse Alain Garrigou, professeur de sciences politiques dans on ouvrage : “Le vote et la vertu. Comment les français sont devenus électeurs”, édition Presses de la Fondation Nationale de Sciences Politiques, 1993. Au mois de février 1848, le Peuple français est dans la rue pour des revendications sociales classiques. Pour le calmer, le faire revenir à la maison, on lui donne le suffrage universel. Une réponse hors sujet du pouvoir de l’époque, qui ne nous surprend pas. Le Peuple meurt de faim. On lui octroie un porte-clef : combien de fois le stratagème a-t-il été utilisé !
Ce petit détour historique pour rappeler que, contrairement à ce que je lis parfois sur le fil d’actu de Facebook, le suffrage universel n’est pas une conquête de la gauche, pour laquelle des hommes sont morts”(sic). Mais un outil de paix sociale pour empêcher les classes populaires de descendre dans la rue. On n’est pas la seule à le penser. Victor Hugo, contemporain de la création du suffrage universel en 1848, loin d’être enthousiaste face à la création de ce vote, ne dit-il pas justement ? “Quand on donne le vote, on enlève un fusil”(sic).
2-2°)- Le suffrage universel confisque depuis toujours le droit de faire de la politique. Depuis sa création en 1848, “grâce” au suffrage universel, la vie politique est initiée, organisée, par les seuls professionnels de la politique, vivant “pour” et “par” la politique. qui n’ont jamais pris leur musette pour aller travailler de leur vie.
Coucou hier le député Ledru-Rollin brocardé par Marx dans son livre : “La lutte des classes en France”, édition Folio, Gallimard, 1994. Grâce aux succès électoraux de son groupe de plus en plus puissant à l’Assemblée, Ledru-Rollin espére faire la ”révolution par les urnes”(déjà !). Mais en 1850, et afin de freiner ses ardeurs, les conservateurs votent une loi qui supprime carrément le suffrage universel quelque temps. Et calme les ardeurs de Ledru-Rollin.
Coucou aujourd’hui Mélenchon, sénateur à 26 ans. Député européen entre 1989 et 2017. Chef du groupe parlementaire de la France insoumise entre 2017 et 2022. Député de la FI entre 2022 et 2023, avec au moins 10 000 euros par mois pris sur la manne de l’argent public. Payés “pour critiquer macron mais pas trop”, comme dit le beefsteackard Corbière. Pour qui la vie est belle, merci pour lui. En 2017, un jeune député de la France Insoumise, avoua de façon un peu étourdi : mais ici ( à l’Assemblée Nationale), tout est gratuit !”(sic). Il ne croyait pas si bien dire. Dans une vidéo du Marquis de Dreslincourt, sur la base d’une information du policier Bruno Attal, le Marquis raconte comment Garrido et Corbière partouzent à l’Assemblée Nationale, aux frais de nos impôts. Je reposte ce jour la vidéo dans la lettre politique indépendante.
mélenchon n’a aucune critique véritable et sincère du capitalisme mondialisé occidental. Il suffit de l’écouter : jamais je ne l’ai entendu dire : cela ne peut plus durer comme cela, en réponse à l’ampleur du chômage et de la pauvreté de masse recouvrant notre pays : 6,5 millions de chômeurs selon la DARES, 15 millions de pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté. Jamais je ne l’ai entendu dire : cela ne peut plus durer comme cela, avec des salaires jamais relevés globalement depuis 1992, au profit d’une prime au mérite tête du client. Salaires dont le niveau stagne, recule en valeur absolue depuis les années quatre-vingt, à cause de la suppression de l’échelle mobile (indexation des salaires et retraites sur les prix) décidée par le félon Mitterrand en 1983. Le député de la FI préfère parler “écologie”, sujet inoffensif s’il en est. Et parce que c’est “payant” sur le plan électoral. Cela permet d’avoir de nouveaux électeurs : donc plus d’argent dans son porte-monnaie à la fin du mois.
Donc, Mélenchon ne fait aucune critique véritable du système, pour la bonne raison qu’il fait partie du système. De façon générale, ces professionnels de la politique de droite et de gauche ne sont pas la démocratie véritable, en tant qu’expression des problèmes de fin de mois de 80% du Peuple français. En tant qu’expression et critique de la gestion de la pandémie de Covid. Absence scandaleuse de masques. Absence de Chloroquine, médicament éprouvé depuis des décennies. Rien sur le décret pris par Véran pour interdire les antibiotiques. Rien sur le confinement strict allant du 16 mars 2020 au 11 mai 2020 générant un million de chômeurs supplémentaires et 15 millions de dépressions nerveuses. Sans parler de toutes les maladies générées par la sédentarité : obésité, crises cardiaques, etc. De ce point de vue là, sans risque de se tromper, les réseaux sociaux ont relayé et dénoncé cette triste pandémie beaucoup mieux que les professionnels de la politiques enkistés dans leur fric et leurs privilèges.
Pourtant, c’est mélenchon qui décide seul, avec son programme politique de 2022, ce qu’il va “dire” ou non. Or ce programme ne prévoit aucune mesure de lutte contre le chômage et la pauvreté. Rien sur le nécessaire rattrapage salarial, où le compte n’y est pas depuis les années quatre-vingt et la suppression de l’échelle mobile. Rien sur tout ce qu’on avait vécu en 2020 avec la pandémie de Covid organisée, planifiée de longue date. Et le pire, c’est que tout le monde trouve cela “normal”, “allant de soi”, persuadé qu’il n’y a pas d’autre forme de démocratie véritable.
Les députés de la France insoumise se croient intouchables. Dans leur tête, ils “sont” la démocratie, ils “sont” la République. On n’a pas oublié la sortie de mélenchon, le jour de la perquisition du siège de la France Insoumise au mois d’octobre 2018. Son célèbre : “je suis la République” (sic) ! Résultat : ils sont d’une arrogance extrême à nos égard, nous les riennes et les riens non élus. Mélenchon peut nous traiter de “crevards à 3000 euros par mois”(sic), il ne m’impressionne absolument pas. Je leur conteste frontalement le pouvoir absolu qu’ils ont sur nous, lorsqu’ils prétendent nous “représenter”. Ils ne représentent qu’eux même. Rassembler 20% du corps électoral comme le montre le dernier résultat des élections présidentielles de 2022, ne signifie absolument rien, puisque sur le fond, ils ne défendent pas véritablement le Peuple dans ses difficultés économiques.
mélenchon peut se vivre comme un surhomme, au sens Nietzschéen du terme dans sa tête, d’ailleurs, il ne s’en prive pas : on lui conteste toute légitimité, au motif qu’il a livré le Peuple à la servitude du capitalisme mondialisé occidental, que jamais il ne conteste. Capitalisme mortifère gérant notre pays en coupes réglées, depuis à peu près les années quatre-vingt de son maître, mitterrand et l’acceptation par nos gouvernants successifs de la grande mondialisation des échanges/délocalisation des entreprises/chômage et pauvreté de masse.
51%, voire 100% de traitres au Peuple, ce n’est pas la démocratie, en tant que système de gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple, comme l’écrit l’article 4 de la Constitution de 1958. S’insurger contre cette tyrannie des 51%, confisquant tout, comme le fait Alain Badiou, c’est bien le début de la vérité !
Voilà pourquoi nous avons créé le Rassemblement "Le Peuple d'abord", regroupant le Pôle de la Renaissance pour le Communisme Français, le Conseil National Souverain pour la Justice Sociale, le PARDEM (parti de la démondialisation), les Insoumis critiques, Les Franchement Insoumis, le courant interne/externe à la FI : "Rupture, Pouvoir aux insoumis". Avec mes amis Philippe Meens et Dominique Kern, nous avons élaboré un programme politique en 43 points, proposant notamment la suppression de tous les parlementaires : députés et sénateurs, qui ne défendent pas le Peuple français. Le rétablissement de l’échelle mobile, c’est à dire l’indexation des salaires et des retraites sur le coût de la vie. Des relèvements massifs des salaires et retraites. Un grand plan de rattrapage, afin de neutraliser la chute du niveau des salaires réels depuis les années 80. Une lutte frontale contre le chômage et la pauvreté : objectif : zéro chômeur, zéro pauvre. Une vie décente et joyeuse pour tous.