La France souffre de la mondialisation sauvage des échanges, et de sa vassalisation féroce voulue par Washington (part 3) !
Citation de Alain Badiou choisie et commentée le 19 juin 2023 par Brigitte Bouzonnie
1°)- Alain Badiou dit à Michel Onfray : “je pense que nous ne pouvons travailler qu’à l’échelon international, ce qui ne veut pas dire que cela n’englobe pas l’ensemble des situation locales. Tout simplement parce que la puissance organique criminelle du capitalisme mondialisé est à ce niveau. Je ne crois pas que nous puissions nous opposer à cette domination planétaire par des situations locales. Et que, par conséquent, notre tâche est de reconstruire une internationale, le mot est tellement fatigué mais une organisation qui soit à la hauteur de ce qu’il faut bien appeler le désastre contemporain”(sic) (cf Contre-courant 2017).
2°)-Brigitte Bouzonnie : Naturellement, nous partageons 5 sur 5 l’idée émise par Alain Badiou, selon laquelle la puissance criminelle du capitalisme mondialisé se déroule au niveau international. Et qu’une riposte des travailleurs, offensive, digne de ce nom, ne peut que se dérouler au niveau planétaire. Mais, une fois ce constat partagé, une fois n’est pas coutume, je trouve la fin de son topo décevante. Pas à la hauteur du reste de sa très belle intervention, préconisant une démarche affirmative en politique, rompant avec la seule négativité stérile. Donc, une vraie démarche affirmative suppose de rédiger un programme politique. Sans oublier sa critique magistrale de l’individu jouisseur, participant de la subjectivité capitaliste. En revanche, je pense que le philosophe ne répond pas à la question, qu’il soulève lui-même en parlant fort justement de “capitalisme criminel”(sic) : comment lutter concrètement contre le capitalisme mondialisé déchainé, dont l’agressivité n’est plus à établir ?
En guise de réponse, Alain Badiou propose de construire une nouvelle internationale des travailleurs. Son idée est intéressante. On pourrait ainsi nouer des liens privilégiés avec certains partis communistes, notamment le responsable très actif du parti communiste de la fédération de Russie : Guennadi ZIOUGANOV (voir article du Figaro posté sur lettre politique indépendante). Aux dernières élections, il a remporté 25% des suffrages exprimés. C’est Aymeric Monville, éditeur des éditions Delga, qui m’a fait connaitre cet homme politique de caractère, aux préoccupations sociales beaucoup plus fortes que celles de Poutine.
Quand bien même on aurait créé une internationale des travailleurs en état de marche, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, la question du capitalisme mondialisé déchainé reste entière. Comment en est-on arrivé là ? Comment sortir de cette pieuvre capitalistique mondiale immonde, ne générant que chômage et pauvreté de masse sur toute la planète ? Voilà les questions que je me pose et auxquelles je n’ai bien sûr qu’une esquisse, des prolégomènes de solutions.
1°)-Comment la mondialisation des échanges s’est effectuée à compter des années quatre-vingt ?
Au milieu des années soixante-dix, la Bourgeoisie capitaliste fait le choix de la mondialisation. Sciemment, volontairement, en toute connaissance de cause. L’objectif des patrons est de lutter contre leur taux de profit, en chute libre. Ils entreprennent les grandes manoeuvres, visant notamment 1°)-à ouvrir les frontières. 2°)-Casser le statut du salarié fordiste à l’intérieur. L’ouverture des frontières et la mondialisation sauvage des échanges permettent hélas de délocaliser notre secteur industriel français dans des pays à bas coût de main d’oeuvre : Pologne, Lettonie, Estonie. Le Capital licencie massivement les salariés du secteur secondaire. Ainsi, la filière automobile française est sacrifiée. Renault licencie 85% de sa main d’oeuvre (chiffre Elucid). Notre secteur industriel n’occupe plus que 11% de la population salariée (chiffre du site Elucid). Idem pour les filatures de textile du nord de la France, fermant les unes après les autres, au profit d’articles textiles achetés à bas prix en Inde, Pakistan, Chine. Aux Etats-Unis, c’est la même chose : les salariés américains sont massivement licenciés au profit des salariés mexicains.
Résultat : on observe une explosion sans précédent du chômage de masse : 1 million de chômeurs en 1980. 2 millions en 1988. 3 millions en 1997. 6,5 millions selon la Dares aujourd’hui. Idem pour la pauvreté qui explose de façon considérable. Le regretté Julien Lauprêtre, Président du Secours Populaire, n’hésite pas à parler de “ras de marée de pauvreté recouvrant notre pays”. Selon mes calculs, on évalue à 15 millions, le nombre de personnes vivant en France en dessous du seuil de pauvreté.
Certes, dans le passé, il y eut aussi des échanges internationaux. Mais jamais avec le mode opératoire des années quatre-vingt, consistant à siphonner tout un pan de notre économie (le secteur secondaire), aujourd’hui hélas totalement sinistré. Pour délocaliser notre industrie le plus souvent en Europe de l’Est, où le coût horaire de la main d’oeuvre est de 3 euros de l’heure contre 10 euros en France (chiffres Elucid).
La mondialisation des échanges permet au Capital de filer à la classe ouvrière la pire raclée de son histoire. Lui imposant tout à la fois la mort sociale résultant du chômage et de la pauvreté de masse. Et la mort politique : dans ce nouveau contexte économique très exposé, il est très difficile de se révolter, ne serait-ce que perdre une journée de salaire pour faire grève. Au cours des années quatre-vingt, on assiste à une chute importante du nombre de JINT (journée individuelle non travaillées pour fait de grève). Et de cartes d’adhésion dans un syndicat de salariés. Ce n’est pas un hasard.
Résultat, et comme dit Alain Badiou, “dans les années quatre-vingt, le capitalisme prend un nouveau souffle, un nouvel élan”. Ce nouveau souffle vient, ni plus ni moins, de la mondialisation des échanges. Celle-ci rebat totalement les cartes de la relation travail/capital en faveur du seul capital. Un chiffre entre mille : depuis les années quatre-vingt, dans le partage de la valeur ajoutée, le Travail perd dix points par rapport au Capital.
2°)-Comment la France est devenue la vassale des Etats-Unis sur le plan politique et économique :
Cependant, l’explication économique ne suffit pas à comprendre la déchéance de la place de la France dans le monde, passée du sixième au quarante-septième rang mondial. Il importe aussi de prendre en compte la haine, le mot n’est pas trop fort, des élites américaines pour notre pays. Dans les années 20, la banque JP Morgan a donné des millions à Hitler et sa bande, alors parfaitement inconnus, en raison de son bellicisme enragé contre France.
L’historien gaulliste Eric Branca a rédigé un ouvrage précieux sur le sujet intitulé de façon ironique : “l’ami américain”, édition de poche. Dans ce livre, il montre 70 ans de guerres secrètes menées rageusement par les responsables américains, afin de décaniller notre beau pays. Le sortir à coups de pieds des pays importants sur le plan mondial.
Ainsi, en 1944, un document est préparé par le Département d’Etat américain. Il s’agit, ni plus ni moins, de partager le territoire français en trois : le Dauphiné est rattaché à l’Italie. Le nord et l’Est de la France à la Belgique et aux Pays Bas. Il ne reste plus que la France de l’Ouest : nord et sud-ouest. A travers ce plan, on voit le grand amour (vache), que vouent les responsables américains à notre pays et aux français.
La construction européenne supra nationale, téléguidée après guerre par la CIA et le Ministre des affaires étrangères américain, Dean Acheson, avec les traitres rémunérés Monnet et Schuman, participe de la même stratégie haineuse, visant à pulvériser la puissance Française.
La nomination de Giscard à l’Elysée, agent également rémunéré par la CIA est une autre étape importante explique Eric Branca dans son livre. Il est le premier d’une longue liste de Présidents français imposés par les responsables américains. Idem pour mitterrand, leader de la gauche américaine. Idem pour Sarkosy, analyse Thierry Meyssan dans un article intitulé collector : “opération Sarkosy : comment la CIA a placé un de ses agents à la Présidence de la République”, posté ce jour dans la lettre politique indépendante. Article qui valut à son auteur d’être obligé de quitter la France.
Sarkosy a sa mère, Andrée, avec qui il s’entend très bien. Qui l’a élevé seule, étant divorcée. Puis une belle-mère, seconde épouse de son père, qui divorce pour épouser une troisième femme. Cette belle-mère épouse ensuite le responsable des services secrets américains et lui vante les qualités intellectuelles de son beau-fils et agent de la CIA : Nicolas Sarkosy. La suite, on la connait : Sarko est élu président de la République.
Macron est un autre agent de la CIA, promu par Hillary Clinton. C’est grâce à ce titre, qu’il est porté à l’Elysée par fraudes massives, grâce à des serveurs truqués en 2017 et en 2022.
La France 2023 ne souffre donc pas seulement des effets de la mondialisation sauvage. Elle souffre aussi de son inféodation, sa vassalisation féroce voulue par Washington depuis au moins 1943. Soit 80 ans. Pourtant, personne ne moufte au niveau politique. Sauf dernièrement Arnaud Montebourg sur le site ELUCID ( je repose son interview dans la lettre politique indépendante).
3°)- Comment sortir de cette pieuvre capitalistique mondiale ne générant que chômage et pauvreté de masse sur toute la planète ?
Aujourd’hui, le moment mondialiste est terminé. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Darya Douguine, fille du philosophe Alexandre Douguine dans une interview à Breiz-Info, deux semaines avant d’être lâchement assassinée par une bombe placée dans sa voiture.
Dans ce nouveau cadre, où la mondialisation occidentale agonise, voilà ce que modestement je propose :
2-1°)- La sortie immédiate de la zone euro en plan A, de l’OTAN et de Shengen : même si cette décision ne règle pas, et de loin tous les problèmes, il faut absolument sortir de cette Europe supranationale, initiée, voulue et téléguidée par les américains depuis 1945. Bruxelles décide honteusement à la place de nos dirigeants nationaux. Hier, mon ami Dominique Kern écrivait en ce sens : “Maintenant en Europe, tous les états européens sont menacés dans leur existence, parce que le seul contrat qui reste aux états dans l'Union Européenne, c'est d'appliquer les décisions de la commission anti-démocratique qui dirige l'Union Européenne”(sic) (cf son article : “il est évident que nous ne pouvons continuer comme cela”) ...En toute hypothèse, il faut agir vite, et ne pas attendre l’éclatement de l’Union Européenne, comme le proposent certains économistes, comme David Bayla : ce choix serait un oreiller de paresse.
2-2°)-L’adhésion de la France aux BRICS : Le groupe des BRICS regroupe les pays suivants : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud. Ils sont à la recherche d’un monde multipolaire en opposition avec le monde unipolaire commandé par les seuls Etats-Unis. Les BRICS font le choix d’un capitalisme national, tout en conservant des relations commerciales avec certains pays amis. Leur objectif est de créer le plus grand groupe commercial du monde. Les BRICS rompent donc avec une certaine mondialisation sauvage des échanges, “vidant” chaque pays de son industrie, comme le pratique l’Occident sous commandement états-uniens depuis les années quatre-vingt.
La guerre en Ukraine est en train d’être gagnée par les russes. Comme dit l’historien militaire Sylvain Ferreira, Poutine fera la paix. A SES CONDITIONS. Dans ce contexte très précis, 19 pays expriment leur désir de rejoindre les BRICS (voir vidéo postée sur Lettre politique indépendante). Une telle “ruée” montre, s’il en était besoin, le succès de cette nouvelle organisation internationale alternative à l’OTAN guerrier. Inversement, l’OTAN, qui depuis 1945, a poursuivi 22 guerres. Fait 200 000 morts, se décompose lentement.
Demain, nous complèterons ce topo en analysant les deux points ci-dessous :
2-3°)-La relocalisation des activités : reconstruire un secteur secondaire français :
2-4°)-Le retour au keynésianisme, modèle chinois :