Offrir une allocation de 900 euros par mois par personne pauvre
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 8 janvier 2017
Dans mon livret "pauvreté", je reprends longuement l'idée d'une sécurité sociale professionnelle pour les salariés et les jeunes. Mais il convient aussi de répondre à la situation des personnes les plus pauvres : d'où la publication de ce texte... Par ailleurs, je remercie chaleureusement mon amie Nathalie Cotton, qui a rédigé la première trame de ce dispositif de 900 euros par mois pour les personnes pauvres. Et qui a su en parler avec empathie, ce qui est rare aujourd'hui, lorsqu'on parle des bénéficiaires de minima sociaux.
Texte :
Nous proposons une allocation de 900 euros par mois + 270 euros d'APL aux 7,4 millions bénéficiaires d’une allocation d'un minima social, sauf pour les allocataires d'une AAH.
Pour les personnes en situation de handicap dans l'impossibilité totale de travailler, il est proposé l'augmentation de l'A.A.H. au niveau du SMIC : 1326 euros net mensuels.
1°)- Présentation du dispositif :
Le retour au plein emploi n’empêche pas la situation de personnes, qui, à force d’être demandeuse d’emploi sur la durée, finissent par s’enkister dans le chômage. Ces personnes, installées depuis longtemps dans le chômage, ne retravailleront que très difficilement. Il s’agit souvent de personnes désaffiliées socialement par le libéralisme, comme analyse Roland Gari, psychanalyste. Peut-on croire sérieusement que des SDF, personnes désociabilisées par la misère et l'angoisse sont capables de reprendre du jour au lendemain une activité, même de durée réduite… ? D’ailleurs, ces personnes restent hélas souvent prostré(e)s chez elle, plutôt que de chercher un emploi, comme l’explique le rapport annuel du Secours Catholique : dont les bénévoles sont souvent sollicités par ces personnes en très grande difficulté. Beaucoup ne retrouveront pas d'emploi, y compris une activité dans le secteur associatif. Les professionnels de l’insertion le confirment : si on arrive à réinsérer durablement des chômeurs de longue durée, ou des personnes handicapées. En revanche, on a beaucoup de mal à recruter en contrat aidé des allocataires du RSA dans une association.
Pour autant, elles ont besoin d’une aide financière pour vivre. Il existe une responsabilité d'Etat vis à vis de la situation de ces personnes. Politique d'austérité à vie oblige, année après année, les gouvernements successifs n'ont pas créé le nombre d'emplois suffisants pour accueillir les adultes sans emploi. Voilà pourquoi nous proposons une allocation de vie d’un montant minimum de 900 euros par mois. Que la personne percevra sans le "flicage" qui entoure aujourd’hui l’obtention administrative très difficile du RSA. Mais avec l'encouragement bienveillant des services de l’insertion.
*Pour celles et ceux qui ont les moyens intellectuels de s'engager dans le secteur associatif, qui en ont les compétences, et qui le souhaitent : on peut les recruter dans une association, ce qui permet de les valoriser. Et aussi de ne pas créer un nouvel assistanat pour le RSA et le RMI.
*Pour les plus démunies intellectuellement, il faut envisager une prise en charge globale, déjà leur redonner de la dignité et de la confiance, un logement, avant d'étudier un projet de vie.
Le chômage et la pauvreté isolent socialement celui qui les subit : par un sentiment de déclassement, de pertes de repères. Il ne faut pas que les chômeurs restent désocialisés psychologiquement. Chacun a un savoir à partager. Il importe donc d’inciter les gens à partager leur savoir : ce qui pourrait être une condition pour être éligible à cette allocation par exemple. Il importe que le chômeur se resociabilise en faisant par exemple partager une passion. Aidant d’autres personnes, remettant en marche les SEL. Il ne s'agit pas "d'exiger" mais d'inciter les personnes à sortir de chez elles, à s'engager dans quelque chose qu'elles aiment ou maîtrisent. Pour les jeunes qui sont nombreux, des ateliers d'écriture, de théâtre, ne peuvent que leur être utiles. Il faut se démarquer de l'idée d'assistanat, en proposant une offre culturelle, sociale, sportive etc... Une fois les besoins primaires assouvis (manger, se loger, etc..), on change déjà de vision de la société : on se sent disponible pour rencontrer des gens, effectuer une activité d’utilité collective.
L’allocation de vie d’un montant de 900 euros par mois pour les bénéficiaires de minimas sociaux pose une question incidente : certains petits retraités perçoivent aujourd’hui une retraite de 720 euros par mois, retraite complémentaire incluse : car ils appartiennent à ces générations de travailleurs et de travailleuses des années 70-80, qui ont perçu un salaire mensuel inférieur au niveau du SMIC. L’hypothèse consistant à ce rien faire reviendrait à provoquer une différence de niveau de vie préjudiciable, entre ceux qui auront travaillé toute leur vie avec un salaire inférieur au SMIC et les bénéficiaires de minima sociaux percevant 900 € par mois. Aussi et afin d’éviter qu’une telle situation d’injustice s’installe, nous proposons que le minimum vieillesse + retraite complémentaire perçus par une personne retraitée ne soient pas inférieur à 900 euros par mois.
2°)- Financement de l’allocation de vie :
Le financement de cette allocation se fera en ponctionnant l’enveloppe des exonérations de charges sociales : dont nous avons montré plus haut l’inutilité. En effet, il est préférable d'utiliser ces crédits au profit des français les plus démunis, et qui en ont le plus besoin, afin de pouvoir manger et se loger. Chacun, quelle que soit sa situation, doit pouvoir bénéficier d’une vie décente, ainsi que nous nous y sommes engagés en introduction de ce livret.