"O QUE MON PEUPLE REPRENNE ENFIN SON VISAGE DE LUMIERE...!"
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie
“O QUE MON PEUPLE REPRENNE ENFIN SON VISAGE DE LUMIERE...!"
(Louis ARAGON, Murmure)
Les gens savent. Les gens savent que la gravité du chômage, de la pauvreté, est beaucoup plus noire, plus dramatique, que ne le disent les média non équitables. Les gens savent aussi que Macron n'a pas inversé la courbe du chômage. Comme en témoigne cette lettre d'un lecteur d'Anglet (près de Pau) au journal SUD-OUEST du 23 décembre 2012, à propos de l'exil fiscal de DEPARDIEU en Belgique. Notre lecteur pointe un paysage social extrêmement inégalitaire : avec, d'une part, un chômage des jeunes de 23%. De l'autre, des "Gégé" DEPARDIEU, gagnant plus de 88 000 euros par mois. Et de conclure par ces mots : "quand on gagne 4000/5000 euros par mois, on trouve que la vie est belle. Alors (s'adressant à Gégé), un peu de décence !"
L'intuition contenue dans cette lettre me rappelle une réflexion d'Annette WIEWORKA, l'excellente historienne de la Shoah que l'on sait, au cours d'une interview dans le journal LIBERATION. Et qui disait en substance : "la vérité, il n'y a pas besoin de la connaitre en entier, dorée sur tranche, publiée au Journal Officiel de la République Française, pour, intuitivement, "savoir" que les choses vont très mal. Et de parler de ces habitants d'Agen, qui, en 1943, ont empêché le départ de femmes et d'enfants pour Auchwitz, le simple spectacle de bébés jetés dans des bétaillères n'augurant rien de bon. Qu'importe si ceux qu'on appelait pas encore les "lot-et-garonnais" ignoraient tout de la chambre à gaz, du Zyclon B, rendant possible la mort de masse...!
De la même façon, avec les chiffres truqués, tronqués, déformés, profondément mensongers de l'INSEE ( sur la pauvreté) ou de Pôle emploi ( sur le chômage), à cause sans doute de l'épaisse muraille de silence qui entoure le manque d'emploi, manque d'argent, sujets qui n'accèdent jamais à la lumière médiatique, les français, intuitivement , savent que la situation est très noire, très angoissante. Beaucoup plus que ne le diront jamais les journaleux, qui traitent les habitués de Restos du coeur de "sacrés veinards", parce qu'un grand chef leur a concocté de bons petits plats pour Noël. Beaucoup plus que ne le dira jamais Macron : car, sinon, il ne parlerait pas d'inverser la courbe du chômage, comme d'une chose "fastoche", pour parler comme les enfants.
Les gens savent. Les gens savent, parce que, dans chaque famille, il y a un fils, une mère au chômage. Un exemple entre mille ; l'insertion professionnelle des jeunes diplômés de Sciences Po. De ma génération à moi, on leur déroulait le tapis rouge. Aujourd'hui, j'en connais, qui cherchent du travail encore et encore. L'HUMANITE du 10 décembre 2012, donnait l'exemple d'Alice, diplômée de Sciences Po, et d'un MASTER dans l'audio visuel, vivant avec 600 euros par mois. A compter du 15 ou du 16 de chaque mois, elle prend la carte bancaire de son copain, ce qui n'est pas sans créer des frictions entre eux. Si les jeunes diplômés des grandes écoles ne s'en sortent pas, que dire alors des 140 000 jeunes non qualifiés, qui sortent chaque année du système scolaire ? De la même façon, je me souviens de ce jeunes énarque, travaillant dans un ministère, dont la mère, ouvrière dans le textile, avait perdu son emploi à 42 ans. Et n'en jamais jamais retrouvé. Autrement dit, n'en déplaise à la vision technocratique des chômeurs, qui s'imagine que les sans emplois sont un groupe A PART, EN LEVITATION du reste de la société, les demandeurs d'emploi sont DANS LES FAMILLES, qui s'inquiètent, à juste titre de leurs difficultés énormes à trouver ou retrouver un emploi. Y compris dans les familles de cadres supérieurs, qui ne sont pas plus épargnées par le chômage que les autres.
C'est là où on voit ce jeu de dupes : Macron, hier, HOLLANDE et SARKOSY, s'imaginent qu'avec des chiffres truqués, le black out mis sur le sous emploi, les français n'y voient que du feu. Or, dans un mélange d'intuition et d'observation concrète d'un des leurs, ne retrouvant pas d'emploi malgré tous ses efforts, les français savent que l'apocalypse est arrivée. Et, pas plus tard qu'hier, je suis tombée sur un document officiel parlant de "l'appauvrissement des familles" (sic) comme un fait majeur de la société de 2013, comme quoi les pouvoirs officiels eux même ne sont pas dupes du pipeau qu'ils nous servent. Cet appauvrissement des familles étant malheureusement constaté tous les jours par les français, obligés de prendre à leur charge l'un des leurs au chômage.
TOUT LE SOUFFRIR D'UN PEUPLE S' AVANCE
DANS NOS TETES, NOS CONSCIENCES,
COMME UNE ARMEE A LA PARADE
PLUS CLAIR, PLUS LUCIDE,
QUE TOUS LES SPECTACLES "SONS ET LUMIERE"
SUR LA PAUVRETE
QU' ON NE FERA JAMAIS !
Je rêve d'un pays, où se refairait avec du rêve, de l'inquiétude aussi,
La dignité de vivre,
Ou se réinventerait pour tous
Le vivre décent et la lumière...