MELENCHON AGITE LE MIRAGE POURRI DU FRONT POPULAIRE !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 17 octobre 2022
Hier, au terme de la marche contre la vie chère qui a rassemblé 140 000 personnes selon les organisateurs, 30 000 selon la Police, Mélenchon réclame "la formation d'un nouveau Front populaire" (sic). Clin d'oeil évident au premier Front populaire de 1936.
L'occasion pour chacune, chacun de réviser ses classiques, sur la base de la fiche Wikipedia présentant le Front Populaire. L'ouvrage du regretté Jacques Kergoat, spécialiste du syndicalisme : "La France du Front Populaire", édition La Découverte, 1986. Celui de Henri Noguères : "La vie quotidienne sous le Front Populaire", édition Hachette, 1986. Ce qui nous permettra de comprendre combien le mythe du Front Populaire se fracasse sur une réalité très médiocre, voire clairement antiouvrière avec les décrets fixant la durée du travail à 48 heures par Daladier.
Qu'est-ce que le Front Populaire ? Le Front populaire est une coalition de partis de gauche qui gouverne la France de mai 1936 à avril 1938. Il réunit les trois principaux partis de la gauche : la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), le Parti radical et le Parti communiste (qui soutient les deux premiers sans participer directement au gouvernement) mais également de nombreux autres mouvements de gauche et antifascistes.
1°)- C'est en réaction à la journée d'émeutes menée le 6 février 1934 par les ligues (Action française, Jeunesses patriotes, etc.) et d'autres groupes d'anciens combattants que les partis de gauche décident de s'unir contre « le danger fasciste ». Dès le 12 février 1934, un mouvement en faveur d'une unité d'action se dessine lors des manifestations de rue. Durant ces manifestations, les cortèges communistes et socialistes défilent ensemble sous la pression des militants de chaque parti. Le même jour, la CGT et la CGTU appellent à une journée de grève.
La SFIO se méfie d'un Parti communiste qui, sous couvert de proposer un front unique, cherche en réalité à attirer vers lui les militants socialistes en les éloignant de leurs dirigeants. Par ailleurs les socialistes, alliés traditionnels des radicaux, sont en froid avec ces derniers. Ces deux partis ont déjà connu ensemble par deux fois l'expérience de la coalition, dans le cadre du Cartel des Gauches, en 1924 et 1932.
Pourtant, le 6 février déclenche une dynamique qui l'emporte peu à peu sur les querelles d'appareil. Au lendemain de cette journée, plusieurs comités antifascistes se forment, comprenant des socialistes, des radicaux et des représentants de divers groupes de gauche, mais jamais de communistes. Les clivages idéologiques persistent. Le 9 février, le PCF et la CGTU organisent un grand rassemblement10 place de la République, contre le fascisme et les ambiguïtés du gouvernement. De son côté, la SFIO préfère relayer par une manifestation l'appel de la CGT à la grève générale pour le 12 février. Le PCF décide de se joindre à la manifestation, espérant toujours attirer à lui les militants socialistes en plaçant des orateurs tout le long du cortège. C'est pourtant l'inverse qui se produit : « les militants communistes se joignent au cortège socialiste, abandonnant estrades et orateurs communistes, et c'est aux cris de « Unité ! Unité ! » que les militants des deux partis défilent de concert .
Ce sont donc les militants ordinaires, contre la volonté des états-majors hormis Jacques Doriot, qui font du 12 février 1934 une manifestation unitaire, et préparent ainsi les esprits à l'idée du Rassemblement populaire. Épisode symptomatique d'une union antifasciste bien plus précoce à la base qu'à la tête de deux partis dont les dirigeants se haïssent.
L'évolution vers l'unité n'est pas évidente, la direction du PCF étant dans un premier temps hostile à tout rapprochement avec la SFIO, conformément à la tactique « classe contre classe » élaborée à la fin des années 1920 par la Troisième Internationale. Pourtant, le 26 juin 1934 à Ivry, Maurice Thorez opère un virage en appelant à l'unité d'action avec les socialistes. Il est certain que c'est avec l'accord de l'Internationale, dirigée depuis Moscou, que Thorez opère ce changement de stratégie.
2°)-La victoire électorale et la mise en place du gouvernement de Front populaire
Les partis du Front populaire (parti communiste, SFIO, Parti radical) remportent la victoire électorale de 1936.
Profitant de son unité (les désistements entre le premier et le second tour furent quasi-systématiques et de ce fait, les reports de voix, notamment communistes, meilleurs qu'en 1928 et 1932), de la crise économique et de l'absence d'une politique alternative à droite (où l'argument de campagne principal se limita à l'anticommunisme), le Front populaire remporte une nette victoire aux élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936, rassemblant environ 57 % des suffrages exprimés au premier tour et envoyant, au terme du second, un total de 386 députés sur 608 siéger à la Chambre des députés, dont 147 pour la SFIO.
Pour autant, l'opinion française n'a pas alors nettement glissé à gauche. Comme le souligne l'historien Eric Hobsbawm, le triomphe du Front populaire « résulte de l'augmentation d'à peine 1 % des suffrages obtenus par les radicaux, les socialistes et les communistes en 1932 », déjà favorable à la gauche il est vrai, et le succès du Front populaire met surtout « dramatiquement en relief les coûts de la désunion passée ».
Malgré cette relative stabilité du corps électoral de gauche, les évolutions de la part de chacun des trois partenaires du Front populaire permettent d'éclairer l'évolution de l'opinion de gauche. « Le parti communiste pouvait légitimement apparaître comme le grand vainqueur de la consultation : avec 1 500 000 voix, il doublait ses suffrages de 1932 ». L'essentiel de ces gains sont réalisés aux dépens des socialistes, qui compensent leur perte dans le milieu ouvrier en mordant sur l'électorat rural du Parti radical.
De fait, les radicaux (1 400 000 voix), compromis par leur participation aux gouvernements de droite et par leur soutien à la politique de déflation, mais également du fait de la bipolarisation du scrutin, perdent 350 000 voix. Cependant, le caractère stratégique de leur place dans la coalition gouvernementale ne doit pas être négligé. Si les radicaux ont perdu de leur superbe, ce sont leurs 106 députés qui permettent au gouvernement d'exister, dans la mesure où aux 219 députés socialistes et communistes correspondent les 219 députés de la droite. De ce fait, les radicaux affaiblis jouent néanmoins un rôle pivot. Il suffit qu'ils fassent le choix de basculer vers la droite comme en 1926 ou 1934, et le gouvernement de Front populaire disparaîtrait.
Paradoxalement, bien que « battus par les électeurs le 26 avril, les radicaux se trouvent en position d'arbitres, en mesure de faire ou défaire les majorités, et leur puissance parlementaire est intacte.
3°)-Le gouvernement Blum de juin 1936
Blum plaide pour l'application la plus stricte du programme du Front Populaire. Quel est -il ? Jacques Kergoat nous répond : c'est la question des nationalisations qui symbolise le mieux les désaccords entre les partis du Front Populaire. La SFIO propose une série de nationalisations des chemins de fer, des assurances, des usines et des sociétés de distribution électrique (coucou EDF, coucou macron !), du contrôle du Comité des forges et des industries clé. Mais le parti radical refuse, n'acceptant que la nationalisation des industries de guerre. Thorez refuse ce programme de nationalisations. C'est donc l'alliance parti radical/parti communiste qui l'emporte.
Le document final ne parle, ni de la défense de l'école laïque, ni de la réduction du temps de travail, ni la nationalisation des grands monopoles capitalistes, qui faisaient accord dans un document commun de 1934. Au total, le programme du Front populaire est très décevant, vidé de toutes ses innovations les plus prometteuses.
Blum plaide donc en faveur de l'application la plus stricte du programme du Front populaire : le 31 mai, il déclare devant le Conseil national de la SFIO, que « non seulement le Parti socialiste n'a pas la majorité, mais les partis prolétariens ne l'ont pas davantage. Il n'y a pas de majorité socialiste ; il n'y a pas de majorité prolétarienne. Il y a la majorité du Front populaire dont le programme du Front populaire est le lieu géométrique. Notre mandat, notre devoir, c'est d'accomplir et d'exécuter ce programme. Il s'ensuit que nous agirons à l'intérieur du régime actuel, de ce même régime dont nous avons montré les contradictions et les iniquités tout au long de notre campagne électorale ». L'expérience ne sera donc pas socialiste, mais se limitera à une nouvelle forme de réformisme social.
Le gouvernement est globalement dominé par les socialistes (20 ministres et secrétaires d'État, contre 13 radicaux), les communistes choisissant de le soutenir de l'extérieur. L'objectif est de ne pas se compromettre avec un pouvoir resté bourgeois et de préserver le cas échéant son image au sein des masses, où son influence grandit47.
4°)-Le mouvement de grève de mai-juin 1936
Avant la formation du nouveau gouvernement, des grèves éclatent dans des usines d’aviation du Havre. Le 11 mai, 600 ouvriers et 250 employés des usines Breguet arrêtent le travail pour demander la réintégration de deux militants licenciés pour avoir fait grève le 1er mai. L’usine est occupée et les tentatives de la police de déloger les grévistes échouent, les dockers se solidarisant des grévistes48. En deux jours, ces derniers obtiennent satisfaction. Le 13 mai, c'est au tour des usines Latécoère, à Toulouse, puis le 14 à celles de Bloch, à Courbevoie, d'être occupées. Le mouvement se répand comme une trainée de poudre, atteignant rapidement les entreprises voisines39.
De nombreuses grèves débutent en région parisienne, qui obtiennent généralement rapidement satisfaction. Le 28, les 30 000 ouvriers de Renault à Billancourt entrent dans la grève. Un compromis est trouvé avec la CGT, mais la lame de fond continue, et à partir du 2 juin des corporations entières entrent en grève : la chimie, l’alimentation, le textile, l’ameublement, le pétrole, la métallurgie, quelques mines, etc. À partir du 5, les vendeurs de journaux, les tenanciers de kiosques, les employés des salles de spectacles, les commis, les garçons de café, les coiffeurs, des ouvriers agricoles, etc., font grève, souvent pour la première fois51.
Pour la première fois également les entreprises sont occupées par les grévistes, qui organisent des comités de grève. Se trouve remis en cause le principe de la propriété privée des moyens de production. On compte 12 000 grèves, dont 9 000 avec occupation, entraînant environ 2 millions de grévistes. Malgré les paroles rassurantes de Léon Blum, le climat qui règne alors en France a des connotations clairement révolutionnaires. Peu ou pas encadré par des organisations politiques ou syndicales, le mouvement trouve des causes multiples et fortement localisées, mais a aussi un côté festif. Comme l'a écrit la philosophe Simone Weil dans la revue La Révolution prolétarienne, ce sont de véritables « grèves de la joie » : on fête la victoire électorale de la gauche, la dignité ouvrière retrouvée après une longue période de compression. L'aile gauche de la SFIO soutient pleinement la grève générale : dans un article publié dans Le Populaire le 27 mai, Marceau Pivert presse Léon Blum de s'appuyer sur ces mouvements sociaux pour envisager une vraie conquête du pouvoir, clamant que « tout est possible ».
Le patronat hésite à employer la force pour évacuer les usines et préfère la négociation. Le gouvernement Blum, enfin formé le 4 juin, cherche tout de suite à faire cesser le mouvement de grève. Les accords Matignon sont signés dans la nuit du 7 au 8 en échange de l’évacuation des usines. À partir du 11 juin, le PCF conseille l’arrêt des grèves, Maurice Thorez déclarant qu'« il faut savoir arrêter une grève dès que satisfaction a été obtenue ». Le mouvement gréviste reflue peu à peu à Paris, mais continue à se développer en province.
Un mouvement de grève et d'occupation d'usines se mit en place, gagnant toute la France. Près de deux millions de travailleurs débrayèrent, paralysant le pays. À l'image des électriciens et des gaziers, la plupart des différentes catégories professionnelles ont pris part à ce mouvement largement dominé par les métallurgistes. Les patrons, craignant au plus haut point une révolution bolchevique, s'empressèrent de négocier sous l'égide du gouvernement dans le but d'obtenir la reprise du travail.
Le gouvernement Léon Blum, premier gouvernement de coalition issu de la nouvelle majorité, fut surtout le premier de la IIIe République dirigé par les socialistes. Il initia plusieurs réformes sociales importantes : L'augmentation de tous les salaires de +7 à +15%, les célèbres "accords Matignon". Spectacle prodigieux que celui de voir les patrons sortir en pleurant, tellement ils ont été obligés de relever les salaires. Mais curieusement, cette mesure phare du Front populaire est oubliée dans la mémoire collective au profit des congés payés (15 jours). La réduction du temps de travail avec la semaine de quarante heures et l'établissement des conventions collectives. Il fut suivi de trois autres (deux dirigés par un radical, Camille Chautemps, et un dernier dirigé à nouveau par Léon Blum).
Le 28 août fut adopté un budget de 20 milliards de francs pour de grands travaux de type keynésien.
A ce stade, récapitulons : -l'idée d'un Front populaire, c'est à dire l'alliance entre le parti radical, la SFIO et le parti communiste français est une idée soufflée, imposée par des militants de base ordinaires.
-Le programme du Front populaire est très décevant. Vidé notamment de son projet de nationalisations des grands groupes industriels et de la réduction du temps de travail. Comme dit expressément Blum, il ne s'agit pas de faire une révolution prolétarienne en faveur du Peuple mais un simple réformisme social.
-Les résultats numériques des votes aux électons de 1936 ne montrent aucune dynamique propre créée par l'union de la gauche", quoique dise aujourd'hui fallacieusement Mélenchon. Le parti radical perd même 30% de ses voix. C'est grâce à une "stabilisation" du corps électoral que les partis du Front populaire sont victorieux. Là encore, une information peu connue et qui gagne à être partagée.
-Le PCF ne participe pas à la coalition gouvernementale, estimant que le pouvoir est de droite. Décision très importante qui brise l'image de cette "belle union de la gauche", sensée être idyllique, proposée par Mélenchon hier aux militants peu formés, amnésiques sur la véritable histoire du Front populaire.
-Les accords Matignon sont signés, en échange de la promesse expresse faite par les syndicats de salariés d'évacuer les entreprises. On voudrait démontrer que Blum est du côté patronal qu'on y arriverait pas mieux !
-Le Front Populaire, ce n'est pas le pouvoir du Peuple à la base ! mais tout le contraire. Ce sont des professionnels de la politique, vivant pour et par la politique, coupés du peuple, qui prennent les décisions impactant la vie quotidienne des français. Ce sont des partis qui se détestent, le Parti Radical et la SFIO. La SFIO et le PCF, qui font alliance, uniquement pour gouverner. Obtenir tous les hochets de la Politique officielle : belles rémunérations, voitures qui font Pin Pon, téléphones obéissants, passages à la télévison.....
Le Rassemblement Pouvoir au Peuple refuse catégoriquement ces alliances d'états major de partis de gôche "putréfiées"(sic), comme disait si bien Lénine dans son livre : "Impérialisme, dernier stade du capitalisme". Notre rassemblement préconise le pouvoir à la base, à partir de la rédaction d'une nouvelle Constitution par le Peuple lui-même, aux rond-points des Gilets Jaunes et dans les entreprises en grève.
Comme on disait dans les années 70.
ON A RAISON DE SE REVOLTER !