Madame Annie Lacroix-Riz m'écrit à propos de la Cagoule !
Mail rédigé par Mme Annie Lacroix-RiZ le 30 août 2022
J’avais redouté, en feuilletant Murder in the metro, Laetitia Toureaux and the Cagoule in 1930s France, Baton Rouge, Louisiana State University Press, mai 2010, que Brunelle Gayle K. and Finley-Croswhite Annette, deux historiennes modernistes (qui se sont alors lancées dans l’histoire contemporaine, avec vraiment peu de munitions), que l’ouvrage ne fût mauvais, comme je le leur ai écrit quand elles ont eu la bonté de me l’envoyer, en 2012, voir lettre ci-jointe.
Le second, également reçu, Assassination in Vichy : Marx Dormoy and the Struggle for the Soul of France, Toronto, University of Toronto Press, 2020, qui fait de Marx Dormoy le héros par excellence (sans oublier Léon Blum) de la Résistance française, évidemment, et pour cause, sans le moindre étai archivistique, est pire encore, sombrant dans le ridicule. Elles me l’ont également aimablement envoyé, mais j’ai renoncé à en faire la recension dans Le Monde diplomatique, ayant scrupule à l’« assassiner ». Et j’aurais été contrainte de le faire.
Ces collègues ont eu les moyens de consulter des archives décisives sur la Cagoule, leur timidité et l’insuffisance de leurs dépouillements ne l’ont pas permis. Depuis 1999 (date à laquelle j’ai commencé la préparation du Choix de la défaite), je n’ai cessé de trouver de la documentation originale sur la Cagoule et la synarchie, tant aux Archives nationales qu’aux archives de la Préfecture de police : tous mes ouvrages qui ont suivi le démontrent, y compris La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950. Ce ne sont pas les sources, policières et judiciaires, qui manquent sur la Cagoule (comme sur la synarchie), c’est juste l’audace scientifique et civique, et la capacité de résister à la pression des ânes ou des idoles de l’Action française (du genre Olivier Dard) qui jurent que tout cela relève du « conspirationnisme ».
Pierre Cot, comme je l’ai montré dans De Munich à Vichy, a oscillé entre l’audace et la timidité (pour « couvrir » son ami Daladier, complice plus que passif des putschistes : c’est dire ce que vaut l’argument « que l'inculpation éventuelle de Pétain créerait un grand émoi dans le pays et dans l'armée ». Il a déchiré son dossier, en sa présence, en 1937, comme tous les gens bien informés du parti radical le racontaient volontiers, notamment en 1945).
Jean Zay, incontestable antinazi, comme Pierre Cot, a montré aussi une très grande faiblesse envers ses amis radicaux.