Macron : "Je ne sens pas de colère dans le pays !"
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 22 mars 2018
"Je ne sens pas de colère dans le pays". C'est ce qu'a déclaré cyniquement Macron jeudi dernier, pourtant journée de belle mobilisation des retraités. Nul doute que cet après midi, voyant défiler les centaines de milliers de manifestants, "une manifestation importante et suivie" (sic) explique Le Figaro. Voyant les manifestants partir des 175 lieux de départ de la manif comptabilisés à cette heure. Donc en voyant toute cette marée humaine, ce nombre immense, qui, tout à coup, prendra conscience de sa force, -des "riens" s'unissant et commençant à compter un peu-, le Pouvoir changera un peu d'avis. Perdra de sa morgue et de sa suffisance, troquera sa condescendance et son mépris, pour un peu de lucidité, début de la sagesse...!
Car on sent déjà comme une fébrilité, un affolement en haut lieu. Ainsi, la direction de la SNCF a supprimé certains trains, afin d'empêcher les grévistes les plus aguerris de monter à Paris. Comme par hasard aujourd'hui... ! Hier aussi, il fallait entendre l'inquiétude de Thierry Arnaud sur BFMTV, n'hésitant pas à tacler le gouvernement sur la hausse de la CSG et la perte consécutive de son électorat de retraités, pour comprendre combien l'heure était grave. Non pas pour le Peuple, les "riens", mais pour le Pouvoir, qui ne rigole plus, commençant même à douter de son rôle de "réformateur"(sic), comprenez, chargé des besognes de basse politique libérale. L'oligarchie entre dans une période noire. Même Christophe Barbier, libéral de choc bien connu, annonce à son tour un "puissant mouvement social" (sic) aujourd'hui. De même, on a changé la façon de comptabiliser les manifestants, afin d'interdire toute comparaison flatteuse...!
Autant de micro-gestes, qui montrent la fébrilité du sommet, quand hier encore, il n'y avait de leur part que mépris forcené et arrogance pour ces nouvelles "classes dangereuses" que nous sommes : surtout les salariés du rail, objet de toutes les moqueries et de tous les mensonges : ne seraient-il pas des "privilégiés".(sic)..??? Même Mailly s'en mêle : lui qui "doutait hier que les salariés descendent massivement dans la rue"(sic), déclare sans rire ce matin sur BFM-TV "qu'il y aura du monde aujourd'hui".
Résumons la situation : il y a une férocité de Macron à écraser socialement le Peuple français, sous un flot de contre reformes libérales imposées à marche forcée. C'est ce qu'il fait méthodiquement depuis son arrivée au pouvoir, appliquant à la lettre la politique de Bruxelles. Mais l'inertie, l'apathie du Peuple observée au début du quinquennat face à la brutalisation des relations sociales aujourd'hui, où il est possible de virer un salarié en CDI du jour au lendemain, cède la place à un réveil des luttes catégorielles, une nouvelle colère, une détermination rare des manifestants tous horizons confondus !
Comme écrit Alain Badiou, "l'émeute fait exister l'inexistant"(cf "Le réveil de l'Histoire", édition Lignes, 2011), c'est à dire nous les "riens", les sans nom les sans grade, surgissons grâce à la manif dans l'espace médiatique des sujets dont on parle. Il faut au moins un mouvement de rue pour que la question sociale, jamais abordée par la petite-bourgeoisie médiatique, accède enfin dans la bulle politique.
Nos luttes réinventent un nouvel espace des possibles, une nouvelle alliance populaire, un projet alternatif au triste libéralisme, que nous subissons chaque jour depuis Giscard. C'est à la création de ce neuf que nous devons tous nous battre, pour le faire enfin advenir....!
AUJOURD'HUI 22 MARS, TOUS AUX MANIFS ! TOUS DANS L'ACTION JUSQU'A SATISFACTION...
Comme on disait dans les années 70 :
On a raison de se révolter !