Macron entré par ruses à la tête de l'Etat !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 17 juillet 2017
Macron est entré par ruses à la tête de l'Etat. Et par surprise. Tant son niveau intellectuel ne pesait pas bien lourd face à celui des autres candidats : JLM bien sûr. Mais aussi de petits candidats comme Nicolas Dupont- Aignan, Francois Asselineau ou Jean Lassalle, qui avaient eux des choses à dire. Aidé largement des médias, dont il a aussitôt divorcé sèchement. Du moins partiellement. Comme si l'aide que lui avait apporté la presse tout au long de cette campagne lui était psychologiquement insupportable. Lui, cet enfant gâté, surgi de nulle part, vide à n'y pas croire, ne remplissant même pas les salles de meeting, les gens partant au fur et à mesure. Et se retrouvant du jour au lendemain adoubé Président. C'était même "fastoche" auraient dit les enfants. Quand de vieux routiers de la politique, Mitterand et Chirac furent obligés de s'y reprendre à trois reprises, malgré le brio intellectuel et l'intelligence politique du premier (je n'ai jamais voté pour lui !), l'énergie d'hélicoptère du second. Le soir du premier tour, il s'est véritablement passé quelque chose d'extra-ordinaire, dont personne, parmi les "gens chics" ne veut plus parler aujourd'hui.
Personne pour dénoncer le "quadripartisme" actuel (PS, LR, LREM et FI autour de 20%), vécu comme un phénomène "normal", allant de soi". je me souviens du tripartisme d'après guerre : les gaullistes, le MRP et les communistes également puissants. Cela résultait d'une conjoncture très particulière : la Résistance et surtout le CNR qui ont rendu possible l'entrée en politique au même moment, de résistants gaullistes, démocrates chrétiens et bien sûr communistes. Le large front commun contre le nazisme explique à contrario l'émergence de trois partis puissants. Là, rien ne justifie une France à la fois FN et LR et LREM et FI...
Par ailleurs, et de son divorce avec la presse, Macron a ainsi contribué à scier partiellement la branche sur laquelle lui, le petit énarque, ayant piteusement échoué à deux reprises au concours de Normale Sup, était assis. Calcul à court terme s'il en est, révélant son immaturité. Son incapacité à se voir pour ce qu'il est, puisqu'il s'est tout de suite comparé à Jupiter et à Louis XIV. Elle est là la véritable première faute politique grave de ce nouveau régime. Et non pas, comme écrit (brillamment) Gabriel Nerciat, son admonestation au Chef des armées.
Contrairement à cet article, très brillant sur la forme, mais assez creux sur le fond, De Gaulle n'a jamais été tendre avec les militaires. Leur reprochant en particulier dans ses Mémoires "leur répugnance extrême à penser (et agir) par eux même" (sic). Un mépris incroyable (et fondé) face à cette armée française de 1940, qui a préféré se faire prisonnière des allemands, plutôt que de choisir la Résistance. Dans ses mémoires "L'aventure incertaine", édition du félin, 1998, Claude Bourdet, grand Résistant ("Combat") et l'un des créateurs de la Résistance, développe la même analyse...
Autre faute politique de Macron : ne pas comprendre que le système libéral, tant économique que politique, dont il est directement issu, est en voie de mort cérébrale. La grande dynamique apparue au début des années 80 (Thatcher, Reagan) n'a plus aucun souffle. "A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes" aurait dit Brassens. En gros, depuis la crise des subprimes de 2008. Et ne vit que du pillage éhonté du budget de l'Etat. Crise économique corroborée par une usure politique du régime parlementaire de l'alternance : un coup la droite, un coup le PS, un système qui a permis d'instituer l'austérité à vie depuis 1983. De cela, les gens ne veulent plus. Le coup du "ni droite, ni gauche" joue une fois par Macron, pourra-t-on le refaire avec un autre scrutin... ? Rien n'est moins sûr. Interrogé sur Arte, émission "28 minutes", Alain Badiou a exposé (trop rapidement à mon goût) une analyse très voisine : estimant que Macron président était le résultat logique d'un système totalement à bout de souffle.
Ce n'est donc pas un hasard si le mot "futur", "avenir", sauf pour notre programme "L'Avenir en commun", a totalement disparu du vocabulaire politique. Emmanuel Todd ne disait-il pas très justement : "la Russie a un futur, la France pas du tout !"(Sic) (ENS, Avril 2015). Ne reste plus que l'éternel présentéisme : chaque jour, on oublie ce qui s'est passé la veille, on recommence une nouvelle page blanche de 24 heures. Et le narcissisme, l'autocontemplation de Macron dans les gazettes idolâtres (il en reste !) : ainsi, le dernier numéro de l'Express montre une énième photo d'E.M avec ce titre : "La nouvelle vie quotidienne à l'Elysée" : comme si la souffrance de la société française 2017, en proie au chômage et à la pauvreté de masse ne justifiait pas de parler d'abord des problèmes de survie de millions de français. Et des propositions que l'on formule pour créer des millions d'emplois, doubler le montant des minimas sociaux, ainsi que nous le proposons dans notre programme...