Macron écrit sa lettre aux français à la va-vite !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 10 janvier 2019
A la sauvette. Macron a publié sa lettre aux français en catastrophe, hâtivement, à la va-vite, comme un vendeur de cravates dans le métro : signe s'il en était besoin de sa fébrilité, de sa peur face au beau succès montant des Gilets jaunes. Le contenu importe guère. A la différence du politicard Hamon, on se gardera bien de la commenter sur le fond, car cela reviendrait à se faire "hameçonner" par Macron et son service de com". "Accepter l'agenda" de Manu, mettre au rancart celui autrement précieux des Gilets Jaunes, dont, depuis le début, nous soutenons 5 sur 5 la révolte sur la longue durée, l'intuition selon laquelle ils vont gagner in fine. Et les demandes d'augmentation conséquente des salaires, minimas sociaux et pensions de retraite, dans un pays qui compte déjà 15 millions de pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté. En attendant que tout s'embrase dans une catastrophe sociale et humaine allant crescendo, indescriptible, à n'y pas croire.
Depuis le 17 novembre, Manu n'est plus maître des horloges, et il le sait. Voilà pourquoi il cherche à n'importe quel prix, par n'importe quel expédient, -cette lettre en est une comme les autres-, à reprendre l'initiative sur les gilets jaunes.
Ce qui compte aux yeux d'un pouvoir en roue libre, c'est d'occulter par tous les moyens possibles dans les médias la très belle réussite de samedi des Gilets Jaunes. Ces derniers ont mobilisé 360 000 manifestants à 17 heures selon le chiffre du syndicat "Policiers en colère". Soit une des plus belles mobilisations depuis le début, si on se réfère bien sûr au chiffre réel de "Policiers en colère" fondé sur une vraie méthodologie : un seul Gilet jaune ne peut pas humainement manifester de 8 heures du matin à 8 heures du soir, ce qui nécessite un turn over important. Alors que les chiffres "officiels" "pensent" le contraire. Tirés du chapeau, sans autre mobile que d'enfumer grossierement l'opinion publique.
Macron ne maîtrise plus rien, ne capte rien, prisonnier de son service de com', qui lui pond un "coup" par jour :discours de Philippe de l'ultra sévérité lundi dernier. Passages médias à répétition de "l'intellectuelle" de choc Schiappa contestant la légalité de la cagnotte pour la famille du boxeur mis en examen. Invention d'une cagnotte pour les policiers remplie de façon très douteuse par Muselier. Pauvre polémique contre JLM hier dans le JDD avec des "arguments" asthmatiques et grossiers. Publication anticipée sur les réseaux sociaux de la lettre à tous les Français par Macron... : autant de mornes initiatives inventées à toute vitesse par ses communicants dépassés par les évènements, histoire de continuer à nous faire croire que 'Chouchou, toujours Jupiter, a tué tous les indiens, avant même que la bataille ne commence" : mais qui y croit encore sérieusement ?
Macron prisonnier de sa morgue de classe d'ex banquier de Rothschild. De son positionnement dans la classe dominante, "l'happy few", qui pille le budget de l'Etat, vend le pays a la découpe : par exemple : l'aéroport de Toulouse. Et qui est profondément illégitime à représenter le Peuple français dans ses misères et dans ses larmes : on ne le dira jamais assez.
Au début de l'annee 2018, nous n'étions pas nombreux, Dominique Kern, Jacques Chastaing et moi, à dire que Macron n'avait pas gagné la partie. Que la mise à mort du Peuple français, c'était pas encore dans la musette. Et ce mouvement social des GJ surprenant, vivant, joyeux, déterminé, courageux, d'une grande maturité politique, ouvre un nouvel espace des possibles, une nouvelle proposition politique. Impose une nouvelle Vérité : celle de ceux qui ne sont rien.
Par ailleurs, la lettre à tous les francais" 2019 de Macron fait penser à "la lettre à tous les francais" de Mitterrand rédigée en 1988, en guise de tout programme politique. Mitt-Mitt avait écrit une lettre longue comme un jour sans pain, imprimée en petits caractères denses dans la presse quotidienne régionale, jugée plus proche des préoccupations des français d'alors. Personne n'avait lu la missive jusqu'au bout, ennui garanti XXL.
Mais les éditocrates parisiens, journalistes du Monde, Régis Debray, pour ne pas le nommer, y étaient allés de leur numéro de coutisans bien pensants, dignes de la Cour du Roi Soleil. En ces années 80 de primat du "look", il s'agissait de flatter le côté "lettré"(sic) de Mitterrand, "son amour des livres rares" : sans se douter qu'un jour, récemment, sa bibliothèque, ses Pléiade, ses livres première édition classés benoîtement par ordre alphabétique, tel un vendeur de la FNAC, seraient froidement vendus aux enchères, pour quelques pauvres dollars de plus. En 1988, Mathieu Lindon du Monde s"exclamait :"on en reste assommé (de tant d'intelligence"(sic). Et Régis Debray, histoire de ne pas être en reste : "on va mettre 15 jours à s'en remettre".
Un concert de pipeaux froidement intéressé bien sûr : car nul doute que devant Chirac affaibli par la mort de Malik Oussekine, le candidat Mitterrand avait les meilleures chances de l'emporter. D'où ces éloges ampoulés, gonflés à l'hélium, exagérés au possible, sans jamais aucune analyse du fond de la lettre, comme d'un vulgaire détail sans importances.
Le résultat: on le connait : Mitterrand fut brillamment réélu, avec notamment 55% de votes ouvriers émerveillés de mettre tant de culture et de savoir littéraire à l'Elysée. Dès lors, et dans le châpitre, "comment parler longuement aux français, quand on n'a rien à dire", le-coup-de-la- lettre-aux-français-de-Mitterrand s'apprend aujourd'hui dans toutes les écoles de com'. Nul doute que le service de com' de l'Elysée le connait par coeur, comme "botte" à sortir dans les moments difficiles. Macron veut suivre son modèle de ruse Mitterrand. Euh, les premiers commentaires entendus ce matin sur la "lettre de Macron" suggèrent quelques critiques, me semble-t-il....