L’Ukraine et la Russie progressent dans leur plan de sortie de guerre !
Par : Georgi Gotev | EURACTIV.com avec agences de presse | translated by Charles Szumski 17 mars 2022
Le conseiller présidentiel russe Vladimir Medinsky arrive à la cérémonie de clôture du 43e Festival international du film de Moscou au théâtre Rossiya à Moscou, Russie, 29 avril 2021. [EPA-EFE/MAXIM SHIPENKOV]
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Un projet d’accord en quinze points entre la Russie et l’Ukraine, rapporté par le Financial Times mercredi 16 mars, impliquerait le renoncement de Kiev à ses ambitions d’adhésion à l’OTAN et l’acceptation de modifications territoriales, en échange de garanties de sécurité.
Selon le FT, qui s’appuie sur trois sources impliquées dans les pourparlers, l’Ukraine et la Russie ont fait des progrès significatifs sur un plan de paix provisoire en 15 points comprenant un cessez-le-feu et le retrait de la Russie à condition que Kiev déclare sa neutralité et accepte de limiter ses forces armées.
L’accord proposé, que les négociateurs ukrainiens et russes auraient discuté en détail pour la première fois lundi 14 mars, impliquerait que Kiev renonce à ses ambitions d’adhérer à l’OTAN et promette de ne pas accueillir de bases militaires ou d’armements étrangers en échange de la protection d’alliés tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et la Turquie, ont indiqué les sources.
La nature des garanties occidentales pour la sécurité de l’Ukraine — et leur acceptabilité par Moscou — pourrait encore s’avérer un obstacle majeur à tout accord.
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Joe Biden a traité mercredi Vladimir Poutine de « criminel de guerre », tout en promettant une aide militaire massive à l’Ukraine, où une vingtaine de civils ont été tués par des tirs ou des bombardements russes.
Mais le plus gros point d’achoppement resterait la demande de la Russie que l’Ukraine reconnaisse la souveraineté de Moscou sur la Crimée, que la Russie a envahie et annexée en 2014, et l’indépendance des deux prétendues « républiques » de Donetsk et de Lougansk, contrôlées par la Russie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a déclaré mercredi que les négociations de paix doivent aboutir à un accord équitable pour l’Ukraine, qui comprendrait des garanties de sécurité fiables la protégeant des menaces futures.
« Nous pouvons et devons nous battre aujourd’hui, maintenant. Nous pouvons et devons défendre notre État, notre vie, notre vie ukrainienne. Nous pouvons et devons négocier une paix juste mais équitable pour l’Ukraine ainsi que de véritables garanties de sécurité qui fonctionneront », a-t-il déclaré dans une allocution vidéo.
L’Ukraine a eu une expérience difficile en matière de garanties de sécurité dans l’histoire récente.
Le mémorandum de Budapest de 1991 interdisait à la Fédération de Russie, au Royaume-Uni et aux États-Unis de menacer ou d’utiliser la force militaire ou la coercition économique contre l’Ukraine, en échange de l’abandon par Kiev de l’arsenal nucléaire soviétique basé sur son sol.
Ce mémorandum n’a toutefois pas empêché la Russie d’attaquer l’Ukraine en 2014 et en 2022, pas plus qu’il n’a garanti un soutien significatif de la part du Royaume-Uni et des États-Unis.
Le Kremlin a déclaré pour sa part mercredi qu’une Ukraine neutre, dotée de sa propre armée sur le modèle de l’Autriche ou de la Suède, était envisagée comme un compromis possible dans les discussions avec Kiev.
« C’est une variante qui est actuellement en discussion et qui pourrait vraiment être considérée comme un compromis », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l’agence de presse RIA, au 21e jour de ce que la Russie appelle son « opération militaire spéciale » en Ukraine, qui a jusqu’à présent fait des milliers de morts et fait de trois millions d’Ukrainiens des réfugiés.
M. Peskov commentait les remarques de Vladimir Medinsky, le négociateur en chef de la Russie, qui avait déclaré plus tôt à la télévision d’État : « L’Ukraine a proposé une version autrichienne ou suédoise d’un État neutre démilitarisé, mais en même temps un État avec sa propre armée et sa propre marine. »
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que des « formulations absolument spécifiques » étaient « sur le point d’être acceptées » dans les négociations.
La fin de la guerre est autant dans l’intérêt de l’Ukraine, dont la population a subi des atrocités choquantes, que dans celui de la Russie, qui a eu du mal à mener sa campagne militaire et est devenue un paria international, soumise à des sanctions paralysantes et proche du défaut de paiement de sa dette internationale.
Il est difficile de savoir si la levée des sanctions occidentales fera partie du plan de paix.