Lettre ouverte de Jean-Luc Mélenchon à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. A bas les ours savants de la social-démocratie ! A bas leur traitrise !
Version 4 :Lettre rédigée par Jean-Luc Mélenchon et réponse de Brigitte Bouzonnie
1°)-Brigitte Bouzonnie :
A Mélenchon, ex-frère d’armes,
Louis Aragon écrivait en 1931 :
“Feu sur Léon Blum,
“Feu sur les ours savants de la social-démocratie !”
(Front rouge)
L’ours savant, - l’âne savant serait plus juste-, de la social-démocratie, c’est toi (1). Mélenchon, tu as rédigé une lettre au Ministre de l’économie, Le Maire. Bourrée de demi-intelligences. Platitudes. Le ras des pâquerettes comme seul principe de pensée revendiqué.
Ce passage illustre à merveille ta fausse performance intellectuelle : ”Les électeurs ont droit à davantage de sérieux dans la politique financière du pays. L’argent magique n’existe pas, comme l’a dit Emmanuel Macron. Seule la relance de l’économie repoussera le danger de la récession et son cortège de chômage et de déficits sociaux.(si).
“Paroles, paroles”, comme aurait dit la regrettée Dalida. Tu nous gaves de bonnes vieilles médiocrités recuites, dans le style : “il n’y a pas d’argent magique”. Tout un fatras idéologique, mille fois lu. Mille fois entendu. Quoique tu dises, quoique tu écrives, Mélenchon, tu seras toujours l’éternel baron du PS. L’éternel fils spirituel de Mitterrand, qui t’a légué ses énormes mensonges adressés aux classes populaires pour se faire élire. L’éternel faux râleur pour électeur attrape-couillon. Rompu depuis toujours à toutes les crapuleries idéologiques.
Mélenchon, tu seras toujours un loufiat râleur. “Capable de gouverner”, toi à la différence de nous, les pouilleux autodidactes. Militants de gauche critique. “Crevards à trois mille euros” (sic), pour reprendre ta délicate expression, montrant ta véritable prolophobie, haine du populaire. Nous, qui n’avons pas ton capital social et culturel, ton statut de sénateur dès l’âge de 26 ans, pour parler comme Pierre Bourdieu.
Mélenchon, tu te donnes des airs d’économiste distingué. Délivrant des leçons à l’actuel patron de Bercy : “Moi si j’étais ministre de l’économie, je ferai la promotion des énergies marines renouvelables”(sic), “clé du futur”, comme de bien entendu. Mais dans cette lettre, et sur cette même question cruciale de l’énergie, tu n’as pas un mot pour critiquer les sanctions imbéciles frappant à ce jour la Russie, qui font que par effet boomerang, le prix du litre d’essence atteint les 2,20 euros à la pompe, décision de l’OTAN et des pays occidentaux, dont la France oblige !
Mélenchon, tu te donnes des airs de réformateur social : “Moi, si j’étais au pouvoir, je résorberai les inégalités de salaires hommes/ femmes : 5 milliards. Soit. Mais sur cette même question également cruciale des inégalités, tu ne dis pas un mot sur les inégalités sociales abyssales, qui ont explosé depuis les années 80. On est passé d’un écart des revenus de 1 à 20 dans les années 60 à un écart de 1 à 400 aujourd’hui (chiffre Martine Orange, journaliste de Médiapart). Mais de ces vrais et graves problèmes, qui empêchent le Peuple de dormir, tu ne mouftes jamais.
On voit bien ton mode opératoire : feindre d’occuper un terrain critique, par un discours indolore, inoffensif pour la macronie, sans l’assumer véritablement. Histoire de faire croire que tu égratignes Macron, alors que ton discours appelant à plus d’égalité hommes/Femmes est parfaitement compatible avec une Macronie moderniste, soucieuse de coller à son époque.
Histoire de faire semblant de parler des inégalités, du prix trop cher de l’énergie : pour mettre à la place du verbe, une rhétorique minable, misérable, insignifiante.
Mélenchon, tu es aussi mauvais en économie que feu ton maître, François Mitterrand. Ta lettre pseudo-savante a un fil rouge : le totalitarisme des idées courtes et convenues. Tu recopies les bonnes vieilles médiocrités du moment, dans le style : “il n’y a pas d’argent magique” (sic). Enfonçant des portes ouvertes. Faux savoir. Fausse intelligence. Véritable rhétorique poudre aux yeux, telle qu’on la déverse, par hectolitres entiers dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale. Tandis qu’en réaction, les autres députés roupillent d’ennui, comme une photo de toi te montrant en train de dormir un sommeil de plomb, au sein de l’hémicycle.
En fait, Mélenchon, tu es de la même génération politique que Macron. Les mêmes repères dans la tête : arrivisme et désir forcené de fric. Pour la galerie, vous faites semblant de vous tirer dans les pattes. Mais d’instinct et depuis toujours, tu appartiens au même conglomérat gluant de trahisons du Peuple qui souffre, de copinages d’idées sur la Politique politicarde comme seul horizon indépassable.
A quatre jours du second tour, ta lettre est un véritable piège pour les électeurs peu conscientisés. Véritable hameçonnage du Peuple français. Afin qu’il “vote bien”, qu’il vote NUPES, ce qui te permettra d’encaisser le pactole : 2,40 euros par électeur + 30 000 euros par député élu. En théorie, si tu rassembles dimanche les 7 millions d’électeurs du premier tour de la Présidentielle 2022 , les gestionnaires du dispositif de financement de la vie politique te donneront 16,6 millions d’euros. Et 6 millions d’euros, dans l’hypothèse où tu aurait 200 députés NUPES X 30 000 euros chacun. Soit un total de 22,6 millions d’euros rien que pour l’année 2022. En cinq ans de législature, toi et la FI auront gagné 113 millions d’euros sur la manne de l’argent public contre 22 millions d’euros entre 2017 et 2022. Plus belle la vie, tu meurs !
Dimanche soir, Mélenchon, toi le cupide et tes potes feront la fête. Dignement. Majestueusement. Somptueusement. Toute la nuit. Sur un plateau, la belle vie dorée sur tranche vous attend. Le suffrage universel dans sa version 2022 t’offre une vie en or à toi et à cette “petite-bourgeoisie moralement anesthésiée”, pour reprendre le mot si lucide du sociologue Alain Accardo, dans son ouvrage : “Le petit bourgeois gentilhomme. Sur les prétentions hégémoniques des classes moyennes”, édition Agone, 2009. Tu nages et tu vas nager dans ton confort de bobo cynique et friqué. Adossé sur ton reniement. Occultant ton statut d’intellectuel à gages, qui a liquidé grossièrement l’intelligence critique de la vraie gauche humaniste des années 60. Ne cherchant nullement à changer véritablement la société française, tirer vers le haut les riennes et les riens au fond du trou, que nous sommes.
Mélenchon, tu seras riche à souhait….. pourvu que “tu critiques Macron, mais pas trop”(sic), pour reprendre la formule du traitre Corbière !
(1)-Je me permets de te tutoyer, vu tous les articles que j’ai écris pour te défendre, en tant que militante du Parti de Gauche puis de la France Insoumise première manière : automne 2008-juin 2017. Sur une clef USB, j’ai rangé tous les articles rédigés en ta faveur : plus de 100 articles, rien que pour la seule campagne présidentielle de 2017 !
2°)-Lettre ouverte de Jean Luc Mélenchon à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances
Cher monsieur Le Maire,
Tout à l’heure vous m’enjoigniez de vous répondre. Je vous ai demandé le temps de m’extraire de l’enfer de la circulation Porte Maillot à Paris pour arriver chez moi et sauter sur mon clavier. M’y voici. Commençons par dire que j’ai exagéré à propos de la porte Maillot. Même la porte d’Orléans est un paradis à côté alors que l’on y passe de l’autoroute à une seule file pour entrer dans la capitale. En réalité l’enfer est moins cruel que l’organisation de la circulation Porte Maillot. Le chaos y est à son comble et toutes les circulations y sont bloquées sur des kilomètres de périphérique par-dessus le marché. Le sort des Parisiens est d’être maltraités de cette façon presque partout. Quant aux banlieusards, on connaît leur destin : justement ils sont bannis. Venons à notre affaire.
Ce matin, monsieur le ministre des Finances Bruno Le Maire, vous avez reconnu le chiffre de 80 milliards à compenser dans le budget pour retrouver le niveau de 3% de déficit annoncé comme objectif par monsieur Macron. La veille, vous disiez pourtant le contraire à France 2 et me traitiez de complotiste, à moins que ce soit le ravi de la crèche monsieur Castaner qui s’en soit chargé. Le mystère n’est pas épuisé pour autant. Car inexplicablement, vous avez reconnu vouloir retirer (seulement) 40 milliards du budget. Mais de nouveau sans dire ni où ni comment. Pourquoi 40 milliards ? Où est passé le reste du déficit ? Mais 40 milliards c’est quand même beaucoup. C’est le budget de plusieurs ministères. Votre recette ? Vous comptez sur la croissance pour produire ces recettes nouvelles. Pourtant celle-ci est au point mort et même négative depuis un trimestre. Les électeurs ont le droit à davantage de sérieux dans la politique financière du pays. L’argent magique n’existe pas, comme l’a dit Emmanuel Macron. Seule la relance de l’économie repoussera le danger de la récession et son cortège de chômage et de déficits sociaux.
Mais pour finir, vous me posez trois questions précises.
D’abord, vous me demandez si je m’engage à faire la retraite à 60 ans sans baisse des pensions. Je suis ravi de vous voir vous intéresser à la retraite à 60 ans ! Notre réforme comporte trois volets. D’abord le passage à la retraite à soixante ans à taux plein et sans décote pour 40 annuités. Ensuite la hausse de toutes les pensions inférieures à 1063 euros pour que toutes parviennent à ce minimum. Enfin, troisième volet, la retraite pour quarante annuités ne sera jamais inférieure à 1500 euros pour une carrière complète. Donc non seulement il n’y aura pas de baisse des pensions mais elles vont augmenter.
En revanche, les pensions baisseraient avec la retraite Macron à 65 ans. En effet, de moins en moins de personnes réussiront à travailler assez longtemps pour atteindre le taux plein. Ce recul social sera pour l’essentiel payé par plus de chômage, de personnes dépendantes des minima sociaux ou de pensions d’invalidité. Et il coûtera 4,5 milliards aux caisses de la Sécurité sociale en RSA et allocation chômage selon le très officiel Comité d’orientation des retraites. Où trouvez vous cette somme qui s’ajoute au déficit des comptes sociaux ?
L’ensemble de nos mesures sur les retraites sont chiffrées et publiques. Je les ai détaillées dans une interview au magazine « Alternatives Économiques ». Le passage à la retraite à soixante ans à taux plein et sans décote pour 40 annuités coûte 29 milliards. Dans les grandes lignes, voilà notre financement. Résorber les inégalités de salaire entre femmes et hommes : 5 milliards. Économies sur les prestations sociales, allocations chômage et dépenses de santé : 4 milliards. Faire payer des cotisations sociales supplémentaires aux plus hauts salaires : 4 milliards. Enfin, augmenter les cotisations vieillesse de 0,25 points par an : 16 milliards. Comme ce niveau de croissance est inférieur à la croissance moyenne constatée des salaires les années passées, les salaires nets continueront d’augmenter. Le compte est bon. Mais on ne peut pas en dire autant de vos comptes, cher monsieur Bruno Le Maire.
Puis vous vous inquiétez de notre intention de bloquer les prix, et surtout des moyens de le financer. Vous ne comprenez pas que l’État ne va pas compenser le blocage des prix. Notre logique n’est pas la vôtre. Nous ne voulons pas, comme vous, garantir à tout prix les profits. Les entreprises pétrolières devront baisser leurs marges pour respecter les prix bloqués. Elles le peuvent : elles ont réalisé des profits exceptionnels cette année. Voyez par exemple le cas de Total qui a enregistré un profit historique, le plus important jamais réalisé par une entreprise française. Quant à l’alimentation, la baisse sera payée par la grande distribution. L’agriculteur, lui, n’empoche que 8 centimes sur 1 euro affiché en rayon. Je vous fais remarquer que le blocage des prix, y compris sur l’essence, existe aujourd’hui dans les départements d’Outre-mer. Cela n’y entraîne ni chaos, ni pénurie, ni rationnement. Cela n’a pas été le cas non plus lorsque M. Rocard a bloqué les prix du carburant en 1991, ou que M. Macron lui-même a bloqué les prix des masques et du gel hydroalcoolique.
Enfin, vous vous inquiétez pour le nucléaire. Il y a de quoi. L’incompatibilité entre le nucléaire et les conséquences du réchauffement climatique est désormais une évidence, même pour ses plus fervents partisans. La preuve : le 6 juin 2022, EDF a baissé la puissance d’un réacteur nucléaire de plus à cause du faible débit du Rhône. La sécheresse et les vagues de chaleur exceptionnelles risquent de devenir la norme. En toute hypothèse, la question n’est donc plus de savoir si nous allons sortir du nucléaire mais comment et dans quels délais si nous ne voulons pas connaitre une panne généralisée.
Dans ce domaine aussi le gouvernement auquel vous appartenez fonce dans le mur. En effet, les futurs EPR et autres mini-réacteurs ne résisteront pas davantage et ne seront pas opérationnels avant 2040 ! Vous m’interrogez sur les premiers réacteurs à fermer ? Mais vous connaissez la liste ! C’est vous qui l’avez établie ! La liste des 14 premiers réacteurs à fermer d’ici 2035 a été fixée en 2020 par EDF et entérinée par la Programmation Pluriannuelle de l’énergie. Bien sûr, depuis, Emmanuel Macron a annulé cette trajectoire, je le sais bien. En février 2022, il a décidé (tout seul comme d’habitude) qu’« aucun réacteur en état de produire ne doit être fermé ». Patatras, la moitié des réacteurs sont déjà à l’arrêt, dont douze pour cause de corrosion. Cause structurelle, irrattrapable sans de nouvelles dépenses somptuaires qui s’ajouteront au déficit déjà constaté. Comment le financez-vous ?
Évidemment, planifier la sortie du nucléaire intègre la réhabilitation et la reconversion des sites nucléaires et de l’ensemble de leur bassin de vie. Les travailleurs des centrales nucléaires sont les plus qualifiés pour mener à bien le démantèlement des centrales et la montée en puissance des renouvelables. Bien sûr, sobriété et efficacité sont indispensables. Les énergies marines renouvelables sont la clé du futur. L’océan contient ainsi 66 fois l’énergie dont nous avons besoin. Avec le deuxième domaine maritime mondial, la France a de quoi remplacer le nucléaire. Ainsi, RTE évalue le potentiel éolien offshore en France à 62 GW, soit l’équivalent de la puissance nucléaire installée.
Voilà qui devrait vous rassurer monsieur Bruno Le Maire. Mais ne perdons pas l’essentiel de vue. Le gouvernement doit faire 80 milliards d’économie pour ramener le déficit à 3%. Il a avoué 40 milliards. Où les prenez-vous ? Et où est passée l’autre moitié des économies promises ? Et avec une telle cure d’austérité en forme de remède pour tuer un cheval, comment comptez-vous empêcher l’économie française d’être asphyxiée ? Maintenant, à votre tour de répondre.