Lettre ouverte à Emmanuelle Cosse, Ministre du logement
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie en 2017
Ma pauvre Emmanuelle,
Je vais, une fois de plus t'agresser. A tort, bien sûr. Tu es comme un punching ball, tu auras toujours pour toi l'effet de l'inertie, face à mes mes petits coups de griffes, mode écriture. Tu auras toujours pour toi l'effet de masse, lorsque j'ironise joyeusement sur tes talents d'intellectuelle de choc, illimités comme chacun sait. Qui n'ont, bien sûr, jamais recours aux oppositions simplistes, schémas de pensée grossiers, mobilises en toute hâte, par des affreux gauchistes comme moi. Par exemple, expliquant la crise européenne uniquement à cause de vilains "souverainistes", défenseurs de l'idée de nation, enclave de vie pacifiée, salopant sans scrupule cette belle idée qu'est l'Europe de demain : c'est dire si ton combat est salvateur contre ces énergumènes à deux balles !
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Comment te reprocher ton entrée dans ce gouvernement libéral sécuritaire de Valls, toi qui es, mieux qu'une girouette, une rose des vents à toi toute seule... ? Acceptant ce vrai faux remaniement, cette union de la gauche cosmétique, réduite à l'entrée de Baylet (PRG) et la tienne. Entrée destinée à tuer EELV, au demeurant sévèrement condamnée par les 2 porte parole d'EELV : qui ont précisé par écrit, que tu te mets en retrait de ton propre parti.
Comment te reprocher ce choix, conduisant à échanger la peau d'EELV contre une place en Conseil des Ministres, la bonne affaire (du moins pour toi)... ?
Comment te reprocher tes déclarations : "je suis très honorée d'avoir été choisie par Hollande"(sic) ? Déclarations qui montrent ta myopie profonde de la société de misère et de larmes, qu'est (malheureusement) devenue la société française 2016. Pauvreté qui n'a rien de naturelle. Voulue et tolérée par le capitalisme mondialisé, dont tu refuses d'admettre que c'est lui le problème numéro UN. Et son bras armé politique itou, dont tu participes désormais...
Tu sais, tu sais, je connais très bien ce qui se passe dans ta tête. J'ai vécu la même histoire avec Bouchardeau en 1984 : lorsqu'elle a sacrifié le PSU, pour un pauvre secrétariat d'état à l'écologie. Notre seul énarque, Michel Mousel, est alors devenu son Directeur de cabinet. Dans une ambiance à couper au couteau, comme nous l'avons su très vite. Il "fallait" lui payer un tour de piste. Il "fallait" que cette fille d'ouvrier de Saint-Etienne devienne Ministre, sinon gare...! Les origines populaires de Bouchardeau ne me posent bien sûr aucun problème, ne venant pas moi-même de Neuilly. C'est l'exigence très naïuve, qu'ont certaines personnes, ne payant pas de mine comme Bouchardeau et toi, à être "Ministre": à défaut de quoi, elles font leur crise, ne peuvent plus se lever chaque matin. Faute de voitures qui font PIN PON, de téléphones obéissants, de "oui notre bon Maitre !", de fonctionnaires ovalisants, à force d'obéir... Tu es dans la même caricature. Même tes amis d'EELV ne te suivent pas dans ton délire...!
Comme Bouchardeau, tu vas finir dans la solitude, le mépris des militants écolos et des historiens du futur. Désormais, je ne peux plus rien pour toi. N'engraisses pas trop au Ministère du Logement, la cuisine y est parait-il beaucoup trop grasse, voire malsaine... ! Tu aurais du mal à rentrer dans tes jeans, sauf à mettre une épingle à nourrice...! Laisse la vraie écologie, -la critique des centrales nucléaires, cette folie que constitue l'uranium, - la fission d'un kilogramme d'uranium dégage autant d'énergie que 2100 tonnes de charbon, soit 110 wagons de 32 tonnes !- aux vrais militants écolos de ma jeunesse. Ceux qui collaient l'autocollant "nucléaire non merci", ou on voit un cadavre irradié. Rien à voir avec l'écologie bobo où tu émarges depuis toujours...
N'écoute pas Ariane, les mauvaises langues qui doutent (bassement) de ton quotient intellectuel. Moi, j'ai confiance en toi, en ton "haut potentiel", comme disent les chasseurs de tête, en ton avenir radieux...! Trahis dans les grandes largeurs, restes pareille à toi même, oblige ton parti à faire naufrage pour la breloque d'un ministère : c'est comme ça qu'on t'aime le plus : d'ailleurs, pourrais-tu faire autre chose...?? Et pendant qu'on se divertit sur ton cas, on oublie le pire : les gens qui n'ont rien pour vivre, leurs angoisses les empêchant de dormir la nuit. En un mot on oublie l'essentiel, la vraie vie de femmes et d'hommes abandonnés de tous...