L'ETONNANT RETOUR AU MARXISME DE LA JEUNESSE 2016 !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie au mois de juin 2016
Valls nous refait le coup de Thatcher. Son intransigeance actuelle montre bien ses arrière-pensées : sa volonté d'obtenir la défaite historique de la CGT. Tout comme Thatcher a voulu (et eu), au cours des années quatre-vingt, la défaite historique des mineurs anglais.
Mais l'époque est différente. Dans les années quatre-vingt, le libéralisme mondialisé était à la mode dans tous les pays de l'Union Européenne. En France, c'étaient les années bénies, où Montand-la-Joie, ex-vieux compagnon de route du Parti Communiste, éternel marionnette des bureaucrates staliniens, nous faisait son numéro inoubliable d’adoration de la société libérale dans : "Vive la Crise". Nous vendant, d’ailleurs avec un certain bagout, la nouvelle idéologie dominante du moment : la culture libérale, ou la célébration, le sacre des plus forts, de l'oligarchie mondialisée. Le 0,1% possédant 86% des ressources de la planète (chiffres Alain Badiou dans son livre “Penser les tueries du 13 novembre. Notre mal vient de plus loin”, édition Fayard, 2016. Un libéralisme malheureusement synonyme aussi D'ABATTOIR DES PLUS FAIBLES. Des classes populaires paupérisées, ne possédant rien du tout. Mises aussi au rancart du débat public par les responsables politiques de gôche.
Aujourd'hui, rien de pareil. Le libéralisme agonise sur le bord de la route. Dans l'indifférence générale. Avec sa flamme vacillante, "à peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes" aurait chanté Brassens. Personne pour venir défendre à la télévision la loi Khomri : signe, s'il en était besoin de la longue agonie de ce plat unique à la cantine, qu’on nous oblige à manger sept jours sur sept , depuis přès de 40 ans. Depuis Giscard. Excluant férocement toute pensée disjointe alternative.
Pourtant, avec la mobilisation anti loi Travail, on assiste à un mouvement social contre l'Union Européenne. Doublé d'un mouvement social franco-francais contre la Bourgeoisie nationale : les Drahi, Bergé, Bolloré, Lagardère, Pinault, Arnault, Dassault... Le Peuple français, redevenu SUJET POLITIQUE, lutte pour son EMANCIPATION, à travers les manifs et les grèves. Rompant en cela avec 40 ans de résignation, reculades sociales ininterrompues.
A ce stade, toute la question est de savoir si les classes populaires françaises réussiront à s'émanciper toutes seules, sans une alliance (au moins partielle) avec la classe moyenne..? Deux réponses sont possibles :
1)-NON LES CLASSES POPULAIRES NE POURRONT PAS SORTIR DE LEUR ESCLAVAGE ACTUEL : LA CLASSE MOYENNE NE LES AIDERA PAS. Telle est l'analyse d'Alain ACCARDO, dans une chronique pour la revue Décroissance de septembre 2014. Il écrit : "Aucune émancipation des classes populaires ne sera possible, tant que ces dernières resteront en tutelle, sous le magistère politique, moral et culturel d'une classe moyenne corrompue à l'idolâtrie de l'argent, de la consommation, le désir forcené de singer les riches. Ce serait une erreur grossière d'espérer que la chevalerie petite-bourgeoise déserte en masse l'armée de ses puissants suzerains (l'oligarchie), pour faire alliance avec la piétaille plébéienne et renverser en masse le trône des riches" (sic).
2)-ON PEUT ESPERER UN RENVERSEMENT PARTIEL D'ALLIANCES : CERTAINES FRACTIONS PAUPERISEES DE LA CLASSE MOYENNE (LA JEUNESSE) FAISANT ALLIANCE AVEC LES OUVRIERS ET LES EMPLOYES.
Telle est la thèse que nous souhaitons défendre dans cet article. La Classe moyenne n'est pas un TOUT MONOLITHIQUE. Si en effet, ses fractions supérieures communient dans le culte du pouvoir, de l'argent, de la petite joie de la marchandise : il en est tout autrement des petites classes moyennes et des jeunes à la recherche d'un premier emploi durable.
Les chiffres sont sans appel. 190 000 jeunes (chiffre Mathieu Plane de l'OFCE) débarquent chaque année sur le marché du travail. 57 000 postes ont été créés en 2015 (chiffre INSEE). Encore s'agit-il a 91% d'emplois précaires. Le taux de chômage des jeunes est de 25%. Pire encore, une étude de l'INSEE du 4 décembre 2014 montre que 49% des jeunes non qualifiés sont au chômage en 2012. Contre 29% en 1990, soit +18 points en 22 ans.
Cette fraction de la Classe moyenne n’est pas corrompue par l'argent facile, la consommation de masse. La présence des jeunes dans les manifs anti-Khomri ne doit rien au hasard. Ou au seul fait que la jeunesse se connecte tous les jours sur les réseaux sociaux, afin d'avoir de la contre information au bourrage de cranes des médias à la botte du pouvoir.
La jeunesse subit tous les jours les publicités tapageuses : maisons somptueuses, belles voitures, vie facile, "cool", femmes extraordinaires, etc, alors qu’elle ne peut rien s’acheter...Il y a un moment où elle se dit : CELA NE PEUT PLUS DURER COMME CA...!
Les slogans de la jeunesse nous apprennent beaucoup de leurs motivations, principalement ECONOMIQUES : "Parti Socialiste : chose promise, chomedu" ; "Feuilleton Khomri : plus moche la vie" ; "Notre futur" remplace par "No futur". "Ni chair a patron, ni chair a police" ; "Hollande, t'es pire que Sarkosy", etc.
La lecture de ces slogans me rappelle un article de 2010 rédigé par Greg OXLEY, marxiste, animateur du courant LA RIPOSTE, au sein du Parti Communiste français, qui organise toutes les semaines "les mardis du marxisme". L'auteur montrait qu'avec l'absence totale de perspectives économiques offertes aux jeunes, l'absence d'un emploi durable, ON ASSISTAIT A UN ETONNANT RETOUR AU MARXISME DES MOINS DE 30 ANS. J'avais posté cet article sur mon mur Facebook. Il avait beaucoup plu aux jeunes du Parti de Gauche, du Nouveau Parti Anticapitaliste, et du Parti Communiste Français. Bien au delà du seul courant "La Riposte", les jeunes politisés se reconnaissant dans cette analyse habitée par un marxisme prônant le primat de l'infrastructure.
Aujourd'hui, il n'a rien perdu de son actualité, bien au contraire : comme le montrent les slogans des jeunes manifestants.
Les articles du Pôle pour la Renaissance du Communisme Français sont souvent postés par de jeunes types, jeunes femmes, adhérant 5 sur 5 à des analyses bien marxistes, bien carrées.
De même, parmi les auditeurs venus écouter Alain Badiou au théâtre d'Aubervilliers, pour sa conférence sur les tueries du 13 novembre 2015, on trouve beaucoup de jeunes.
En clair et en rupture avec 40 ans de libéralisme, CE QUI EST “PAYANT” AUJOURD'HUI POUR CONVAINCRE LES JEUNES, C'EST LA RADICALITE, C'EST LE MARXISME. Certains l'ont oublié, mais les jeunes ont participé au Mouvement social contre les retraites de 2010. Avec leurs slogans spécifiques : "pour la France d'en haut, des couilles en or. Pour la France d'en bas, des nouilles d"abord". "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère".
La mobilisation des jeunes contre la loi Khomri peut donc s'analyser comme la POURSUITE D'UN PROCESSUS LONG DE RADICALISATION, conscientisation des moins de 30 ans, pourtant totalement occulté par les médias aux ordres et les politiciens corrompus par le pouvoir du moment.