Valls nous refait le coup de Thatcher. Son intransigeance actuelle illustre bien ses arrière-pensées : sa volonté d'obtenir la défaite historique de la CGT. Tout comme Thatcher a voulu (et eu), au cours des années 80, la défaite historique des mineurs anglais.
Mais l'époque est différente. Dans les années 80, le libéralisme était à la mode dans tous les pays occidentaux. En France, c'étaient les années bénies, où Montand-la-Joie, le vieux compagnon de route du Parti Communiste. L’éternelle marionnette de tous les bureaucrates staliniens, nous faisait son numéro inoubliable de : "Vive la Crise". Nous vendant, d'ailleurs avec un certain brio, l’idéologie dominante du moment : la culture libérale arrogante. Le sacre des plus forts. L'oligarchie mondialisée, le 0,1% possédant 86% des ressources de la planète. Un libéralisme malheureusement synonyme d’abattoir des plus faibles. De classes populaires ne possédant rien du tout : promises à la souffrance et à la pauvreté. Mais de pauvres, il n’était jamais question, vu qu’ils avaient été mis au rencart du débat public.
Aujourd'hui, rien de pareil. Le libéralisme agonise dans l'indifférence générale : avec sa flamme vacillante, "à peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes" aurait chanté Brassens (Les 4’t’zarts). Personne pour venir défendre à la télévision la loi Khomri : signe, s'il en était besoin, de son déclin. De la longue agonie de ce plat unique à la cantine, qu’on est obligé de manger 7 jours sur 7, depuis prés de 40 ans. Soit depuis Giscard et Barre. Excluant férocement toute pensée disjointe alternative.
Pourtant, avec la mobilisation anti loi Travail, on assiste à un mouvement social contre l'Union Européenne. Doublé d'un mouvement social franco français contre la Bourgeoisie nationale : les Drahi, Berge, Bolloré, Lagardère, Pinault, Arnault, Dassault... Le Peuple français, redevient sujet politique, lutte pour son émancipation, à travers les manifestations et les grèves. Rompant en cela avec 40 ans de résignation, de reculades sociales ininterrompues.
A ce stade, toute la question est de savoir si les classes populaires françaises réussiront à s'émanciper toutes seules, sans une alliance (au moins partielle) avec la classe moyenne..? Deux réponses sont possibles :
1)-NON LES CLASSES POPULAIRES NE POURRONT PAS SORTIR DE LEUR ESCLAVAGE ACTUEL : LA CLASSE MOYENNE NE LES AIDERA PAS. Telle est l'analyse du sociologue Alain ACCARDO, dans une chronique pour la revue Décroissance de septembre 2014. Il écrit : "Aucune émancipation des classes populaires ne sera possible, tant que ces dernières ( classes moyennes) resteront en tutelle, sous le magistère politique, moral et culturel d'une classe moyenne corrompue à l'idolâtrie de l'argent, de la consommation. Le désir forcené de singer les riches. Ce serait une erreur grossière d'espérer que la chevalerie petite-bourgeoise déserte en masse l'armée de ses puissants suzerains (l'oligarchie), pour faire alliance avec la piétaille plébéienne et renverser en masse le trône des riches" (sic).
2)-On peut espérer un renversement d’alliances, au moins partiel : certaines fractions paupérisées de la classe moyenne font alliance avec les ouvriers et les employés.
Telle est la thèse que nous souhaitons défendre. La Classe moyenne n'est pas un TOUT MONOLYTHIQUE. Si en effet, ses fractions supérieures communient dans le culte du pouvoir, de l'argent, de la petite joie de la marchandise : il en est tout autrement des jeunes à la recherche d'un premier emploi durable.
Les chiffres sont sans appel. 190 000 jeunes (chiffre Mathieu Plane de l'OFCE) débarquent chaque année sur le marché du travail. 57 000 postes ont été créés en 2015 (chiffre INSEE). Encore s'agit-il à 91% d'emplois précaires. Le taux de chômage des jeunes est de 25%. Pire encore, une étude de l'INSEE du 4 décembre 2014 montre que 49% des jeunes non qualifies sont au chômage en 2012. Contre 29% en 1990, soit +18 points en 22 ans.
Affirmer donc, comme l'écrit Alain Accardo, que cette fraction de la Classe moyenne est corrompue par l'argent facile, la consommation de masse, est profondément inexact. La présence des jeunes dans les manifs anti-Khomri ne doit donc rien au hasard. Ou au seul fait qu'elle se connecte tous les jours sur les réseaux sociaux, afin d'avoir de la contre information au bourrage de cranes des médias aux ordres. La jeunesse subit tous les jours les publicités tapageuses : maisons somptueuses, belles voitures, vie facile, "cool", femmes extraordinaires, etc.., alors qu’elle ne peut même pas se payer un sandwich. Il y a un moment où elle se dit :
CA NE PEUT PLUS DURER COMME CA...!
Les slogans de la jeunesse nous apprennent beaucoup de leurs motivations, principalement économiques : "Regarde ta Roleix, c’est l’heure de la Révolte. Parti Socialiste : chose promise, chomedu" ; "Feuilleton Khomri : plus moche la vie" ; "Notre futur" remplace par "No futur". "Ni chair à patron, ni chair à police" ; "Hollande, t'es pire que Sarkosy", Nos rèves sont trop grands pour rentrer dans vos urnes…
La lecture de ces slogans me rappelle un "vieil" article de 2010 de Greg OXLEY, marxiste, animateur du courant La Riposte, au sein du Parti Communiste français. Qui organise toutes les semaines "les mardis du marxisme". L'auteur montrait qu'avec l'absence totale de perspectives économiques offertes aux jeunes, l'absence d'un emploi durable, ON ASSISTAIT A UN ETONNANT RETOUR AU MARXISME DES MOINS DE 30 ANS. J'avais poste cet article sur mon mur en 2010. Il avait beaucoup plu aux jeunes du Parti de Gauche, Nouveau Parti Anticapitaliste, jeunes communistes : , bien au delà du seul courant "La Riposte", les jeunes politisé se reconnaissant dans cette analyse habitée par un marxisme des plus classiques : le primat de l'infrastructure.
Aujourd'hui, cette analyse n'a rien perdu de son actualité, bien au contraire : comme le montrent les jeunes venus écouter Alain Badiou (marxiste que l'on ne présente plus) au théâtre d'Aubervilliers et ailleurs, on trouve beaucoup de jeunes.
En clair et en rupture avec 40 ans de libéralisme, CE QUI EST PAYANT AUJOURD'HUI POUR CONVAINCRE LES JEUNES, C'EST LA RADICALITE, LE MARXISME... ! Certains l'ont oublié. Pas moi.. Mais les jeunes ont participé massivement au mouvement social contre les retraites de 2010. Avec leurs slogans spécifiques : "pour la France d'en haut, des couilles en or. Pour la France d'en bas, des nouilles d’abord". "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère". La mobilisation des jeunes contre la loi Khomri peut donc s'analyser comme la POURSUITE D'UN PROCESSUS LONG DE RADICALISATION, politisation, conscientisation des moins de 30 ans. Une nouvelle jeunesse conscientisée, politisée, émerge, dans le débat politique.
A nous au Rassemblement Pouvoir au Peuple, à relayer ses revendications économiques et sociales légitimes !