L'Etat social raclé jusqu'à l'os !
Article rédigé en 2016 sur blog Médiapart, mis à jours le 4 septembre 2023 par Brigitte Bouzonnie
Les Restos du Coeur sonnent l’alarme : ils n’ont plus assez d’argent pour servir tous les pauvres français, masse hélas qui augmente : ne compte-t-on pas 15 millions de pauvres selon nos calculs ? Et fréquentent leurs centres. Certes, cette situation est terrible. Mais le pire est ailleurs. Volontairement occulté du débat public : c’est l’Etat social, qui a longtemps redistribué au profit des plus démunis, d’être à son tour raclé jusqu’à l’os. L’occasion pour nous de republier un article rédigé en 2016, mis à jour en 2023, initulé : “l’Etat social raclé jusqu’à l’os”.
L’Etat social est raclé jusqu’à l’os. L’Etat social agonise sur le bord de la route. Nous vivons la fin du vieux monde. “La grande victoire de la réaction capitaliste dans la dernière partie du XXème siècle, quand 260 personnes possèdent autant que 3 milliards d’individus qui n’ont rien” (sic), écrit Alain Badiou dans son livre : Eloge de la politique, édition Café Voltaire/Flammarion, 2017. Le succès planétaire et arrogant du capitalisme mondialisé occidental, sous couvert de "modernité", fait revenir sur le devant de la scène les idées les plus archaïques du vieux patronat, n’est plus à dméontrer. Macron, c'est le Duc de Morny, ministre de l'intérieur de Napoléon III, ancien banquier, participant à toutes les grandes opérations industrielles et financière du second Empire .Animé par la seule cupidité. Et son célèbre : “enrichissez-vous !” Comme explique Pierre Bourdieu, "c'est la Révolution conservatrice néolibérale, qui se présente comme "progressiste", mais qui revient à nous faire vivre un passé lointain. Ceux qui la combattent, (par exemple les militants de Pouvoir au Peuple), ont l'air régressistes. Et se font traiter "d'archéos" et de "ringards" (cf entretien avec Günther Walraff à la télévision allemande 1998).
Le vieux monde, c'est aussi ce monde cadenassé par des inégalités abyssales. Alain Badiou donne les estimations suivantes :
- 10% de la population possède 86% des richesses mondiales.
- 40% des classes moyennes ont 14% des richesses mondiales.
-50% de la population mondiale n'a rien du tout.
("Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre 2015", édition Fayard, 2016).
Et d'ajouter : "surtout qu'il y a une obscénité à présenter, par des moyens médiatiques discontinus, la vie des ultra-riches (villas somptueuses, grosses voitures, femmes sublimes), il y a un déversement continu de ces images dans le monde entier. Un monde qui fait un nombre maximal de frustrés, qui n'ont même pas le minimum pour vivre (Emission Clique, 1er février 2016).
Le vieux monde, c'est l'Etat social raclé jusqu'à l'os : par exemple, les enveloppes de contrats aides supprimées dans 95% des cas. Historiquement, en nombre de contrats aidés, on est passé de 2,659 millions sous Jospin pour l’année 2000 à aujourd’hui moins de 100 000 sous Macron : soit une diminution de près de 95% !
- C’est l’argent de la sécurité sociale : 498 millions d’euros volés aux salariés entre 1992 et 2018, au profit des employeurs, qui économisent royalement leurs frais de cotisations sociales mensuelles, auxquelles ils sont pourtant assignés comme les salariés. C’est 157 milliards du budget de l’Etat jusque là redistributeur des plus riches vers les plus pauvres, qui part chaque année en ”aides aux entreprises”. C’est bien sûr les 50 millions au tire du CICE : 50 millions de cadeaux aux patrons.
Résultat : toute une collection de souffrance et de larmes de la part des classes populaires abandonnées de tous, dans l’indifférence générale.
Le vieux monde, c'est enfin et surtout l'hégémonie de la culture libérale, cette fausse conscience nous transmuant en individu conquérant et prédateur. “Individu sans surmoi” analyse le psychanalyste Eugène Enriquez. Avide de biens privés et de jouissance perverse illimitée, sur le modèle de la culture américaine.
Patrons hermétiques à toute préoccupation collective, notamment vis à vis des plus démunis. Luttant contre la baisse du taux de profit, par un vol féroce de la masse salariale en coûts réels : entre 1980 à aujourd’hui, les salaires augmentent à peine de 1% par an contre +2,25% entre 1959 et 1979. Pire encore, entre 1980 et aujourd’hui, dans le partage de la valeur ajouté, le facteur travail a perdu 10 points par rapport au facteur capital.
Le patrons français font de la société française une société inhumaine et mortifère, où chaque instant est une épreuve de guerre des plus forts contre les plus faibles.
Certes, on peut écrire : le grand mouvement idéologique néolibérale apparu au cours des années 80 est en situation de mort cérébrale. A l'image du Parti socialiste, voire de la France Insoumise, sans aucune idée nouvelle. Faisant fuir ses militants et ses électeurs historiques. Comme aurait dit Brassens : “avec ce qu’il en reste, "à peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes !"(Le 22 septembre).
Inversement, le programme de Pouvoir au Peuple propose une société égalitaire, où l'écart maximal entre les revenus est ramené de 1 a 6. Où chacune, chacun mènera une vie décente, soit par un emploi bien rémunéré, soit par le nouveau revenu minimum de 1200 euros par mois. L'argent, l'enrichissement personnel ne seront plus l'alpha et l'oméga de notre existence, puisque tous les profits auront basculés dans la sphère publique, par un important programme de nationalisations sous contrôle des salariés. La politique, les choix économiques sont menés au seul profit de l'intérêt général. Notre programme développe les liens de solidarité entre les gens : notamment grâce à la création de 3 millions d’emploi d'intérêt général, créant du lien social entre les personnes dans le secteur associatif. Financés à hauteur de 80% par l'Etat : éducation aux pratiques numériques, ateliers d'écritures, aide aux personnes âgées, entretien des espaces verts, lutte contre le décrochage scolaire, chantiers d'insertion et premières mises au travail, assistance des enfants en bas age, etc...
Le programme de Pouvoir au Peuple, c'est la promesse d'un nouveau monde plus heureux, solidaire, où la pauvreté d'hier face au spectacle arrogant des ultra riches est remplacée par une vie décente offerte à chacun. C'est une balafre dans l'azur mensonger du système capitaliste mortifère, dans lequel on patauge depuis les années 1980. Un cran d'arrêt dans la pauvreté de masse voulue par les patrons et et le CAC 40. Après tout, comme écrit le livre rédigé par ATTAC, “Super-profit, le petit livre noir du CAC 40”, septembre 2023, sur avril-juin 2023, le CAC40 n’a-t-il pas distribué 49,6 milliards d’euros de dividendes”(sic) ?
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