L’Etat keynésien est une vitrine sociale inventée par le Capital, afin que les Peuples ne se révoltent pas
Article rédigé le 28 août 2023 par Brigitte Bouzonnie
L’Etat social keynésien est un mensonge. L’Etat social keynésien est une réécriture fallacieuse de l’Histoire. L’Etat keynésien bénéficie auprès des Peuples d’une admiration mythifiée, Exagérée. Falsifiée. Grâce à lui, entre 1945 et 1975, -les fameuses « trente Glorieuses”-, les salariés français notamment auraient bénéficié de trente années de prospérité salariale, grâce à des augmentations de salaires, indexés “automatiquement” sur le fort taux de croissance du PIB : +3% par an en moyenne dans les années 1960-1970.
Selon les historiens et économistes socio-démocrates, il existerait un « partage à priori des richesses » consenti entre le travail et le capital. Ainsi, l’économiste régulationniste Robert Boyer, un des meilleurs analystes du capitalisme fordiste, pose que le capitalisme d’après-guerre repose notamment sur « un partage conflictuel de la valeur ajoutée »(sic), comme il écrit dans son ouvrage : « Croissance, crise et accumulation », 1979. Autrement dit, chaque année, chaque salarié était crédité sur sa fiche de paye « d’une partie des fruits de la croissance », comme on disait alors.
La réalité historique est beaucoup plus nuancée. Certes, entre 1945 et 1975, les salariés français eurent des hausses salariales appréciables. Mais ces hausses ne doivent rien à un état redistribuant de façon aveugle et quasi automatique la plus-value créée dans l’entreprise.
*Ces hausses salariales, elles sont dues à l’existence d’organisations de défense du Peuple français solides et exigeantes : le Parti communiste français et la CGT après guerre”, analyse Madame Annie Lacroix-Riz dans sa vidéo : « Les parades du patronat contre la baisse du taux de profit », 2019. Le PCF et la CGT construirent et consolidèrent la dichotomie existant entre « eux » (le capital) et « nous » : la classe ouvrière. Leur combativité dans les grandes grèves de 1947 n’est plus à établir.
*Ces hausses appréciables de salaires, les salariés le doivent aussi et surtout à leur propre combativité. Ainsi, l’analyse du nombre de journées individuelles non travaillées (JINT) pour fait de grève montre m’existence d’une courbe croissante et ininterrompue du nombre de grèves et de mobilisations nationales, durant la période 1959-1975. Avec bien sûr le pic de Mai 68, qui vit 15 millions de grévistes dans la rue. Et un journal local comme La Dordogne Libre, qu’on ne peut pas taxer de bolchevique, écrit, qu’à l’occasion des évènements de Mai 68, on découvrit que les salaires périgourdins étaient particulièrement bas. Et qu’ils ne devaient leurs augmentations qu’à la lutte opiniâtre menée par les petits salariés tout au long du mois de mai (voir Dordogne libre : Mai 68 à Périgueux, numéro anniversaire de 2018).
Cet exemple montre bien qu’il n’y avait pas de « partage des richesses à priori » entre le travail et le capital, comme le prétendent ensuite les idéologues, historiens et économistes au service du Capital. Simplement une hausse du PIB qui permettait, en se battant comme des chiens, d’obtenir des bribes du gâteau.
La vérité est que l’Etat social keynésien a été créé en 1934 par Roosevelt aux Etats-Unis, afin d’empêcher les Peuples de mener une révolution communiste sur le modèle de la Révolution bolchevique de 1917, qui bénéficiait alors d’un espoir considérable pour tous les peuples soumis. Comme écrit Alain Badiou dans son article intitulé : “la révolution russe de 1917 a voulu établir pour toujours le règne égalitaire de l'espèce humaine “ : (voilà) “comment la Révolution russe a d’abord enthousiasmé pendant plus de soixante ans des millions de gens, de l’Europe à l‘Amérique Latine. De la Chine à la Grèce, de l’Afrique du Sud à l’Indonésie. Et aussi bien la raison pour laquelle, pendant le même temps, elle a terrorisé et contraint à des reculades importantes, partout dans le monde, la petite poignée de nos maitres réels, l’oligarchie des propriétaires de capitaux”(sic) (cf : “La révolution russe de 1917 a voulu établir pour toujours le règne égalitaire de l'espèce humaine”, article posté sur le site investig’action de novembre 2017).
L’histoire de l’Etat social keynésien mont que le pouvoir et le capital américain ont accordé toute une vitrine sociale de droits sociaux en 1945, afin d’éviter que le peuple états-uniens, tenté alors par le succès de la Révolution bolchevique de 1917, comme dit Jacques Pauwels dans sa vidéo “Le mythe de la bonne guerre”, ne bascule dans le communisme écrit de nouveau l’historien Jacques Pauwels dans son ouvrage intitulé : « 1914-1918, la grande guerre des classes”, édition Delga, 2016).
Ainsi, il écrit : « En France, en Grande Bretagne, en Italie, et dans la partie occidentale de l’Europe en général, ainsi que de l’Allemagne, la défaite du fascisme produisit une situation quasi révolutionnaire, qui, exactement de la même façon qu’à l’issue de la première guerre mondiale, força les élites à lever la pression par le biais de concessions sociales considérables. Ces concessions vinrent sous la forme d’une nouvelle vague de réformes démocratiques et sociale. Dans tous les pays occidentaux, un impressionnant éventail de droits et services sociaux fut introduit du jour au lendemain, transformant ces pays en « états providence ». (…)De façon similaire, il s’avéra nécessaire de maintenir un niveau élevé de services publics sociaux, afin de pouvoir faire la concurrence avec les pays communistes du « bloc communiste », où la population jouissait de garantie de l’emploi, éducation et services publics gratuits »(sic) « 1914-1918, la grande guerre des classes, édition Delga, 2016).
Ce qu’écrit Jacques Pauwels est très intéressant. Mais, on peut aller encore plus loin dans son analyse. Montrer comment l’Etat keynésien et Rooseveltien de 1934 a purement et simplement “repris” les principes de justice sociale existant déjà dans l’Etat social bolchevique créé en 1922 : garantie de l’emploi pour tous. Mise en oeuvre de nombreux services publics non marchands. Accent mis sur une santé et une éducation gratuite. La célébrité “historique” de l’Etat keynésien redistributeur est telle qu’elle a occulté le modèle original inventé par les pays de l’Est dans les années 1920. De la même façon, ont été occultés l’Etat keynésien du régime communiste chinois du Président Mao. Et les services publics de Cuba, où chaque cubain peut se soigner à un prix très modique. En clair, la “copie” (l’état keynésien) a remplacé “l’original” (l’Etat social bolchevique) dans les têtes et dans les coeurs.
L’ouvrage de Jacques Pauwels montre aussi deux choses :
-Loin d’être une « institution anticapitaliste »(sic), comme le prétend l’historien social-démocrate Edouard Delruelle dans son chapitre intitulé : « Philosophie de l’Etat social », civilité et dissensus au XXIème siècle », édition Kimé, 2019 , l’Histoire montre que l’Etat social est une invention du capitalisme américain puis occidental, pour empêcher leurs peuples de mener leur propre révolution bolchevique.
-Naturellement, quand bien même miraculeusement en 2023, on recréerait un état social keynésien, on ne sortirait pas pour autant du chaos et des choix mortifères imposés par le capitalisme mondialisé occidental, et d’un état totalement contrôlé par le capital, comme le préconise Christophe Ramaux, auteur de l’ouvrage : Sortir du chaos par l’Etat social, édition des Mille et une nuit, 2024. Ramaux ne prend pas la mesure de la puissance maléfique du capital monopolistique mondialisé, hyper-concentré actuel, qui aujourd’hui décide absolument de tout, pour chaque pays de la planète. Grâce au contrôle des institutions mondiales comme l’OMS, le FMI, l’OMC, l’UE, l’OTAN, Shenghen. La recherche d’une gouvernance mondiale par tous les moyens. Et l’imposition hélas en cours du Grand Reset et de guerres, comme la guerre en Ukraine.
L’histoire mythifiée, exagérée de l’Etat keynésien sensé résoudre à lui tout seul tous les problèmes sociaux occulte une autre histoire : celle de l’Etat social communiste (bolchevique, cubain, chinois, yougoslave..) : notamment l’état social bolchevique qui, historiquement précède l’Etat keynésien commencé à partir de 1934 par Roosevelt : et dont il est en Occident extrêmement difficile d’avoir des informations précises : tant ses réalisations ont été renvoyées au cimetière de l’impensé. Et surtout de l’impensable.
Pourtant, on sait, grâce à l’historien russe et non communiste, Viktor Zemskov, que les soviétiques soutenaient massivement Staline en 1939, notamment à cause de ses réalisations sociales. Il écrit : « Bien sûr, il y avait des sentiments antisoviétiques, anti bolcheviques et anti-staliniens dans la société. Mais nous ne devons pas exagérer leur ampleur. L’ordre social et politique formé en URSS bénéficiait d’un soutien massif : la plupart des gens lui était fidèle. Il incarnait l’idéal de la révolution d’Octobre. Et l’Etat soviétique était lui-même perçu dans l’esprit de millions de personnes comme le seul Etat des ouvriers et des paysans au monde. Par conséquent, en cas de danger militaire, les citoyens soviétiques étaient prêts à défendre en masse, non seulement leur patrie, leur Etat, mais aussi le système social et politique établi en URSS, son système social et étatique » (sic) (Staline et le Peuple. Pourquoi il n’y a pas eu de révolte », édition Delga, 2023. Dans le système social, il y avait notamment l’état social bolchevique, auquel le peuple soviétique était très attaché. Prêt à mourir pour lui.
On le voit : l’état social keynésien est une simple construction idéologique visant à gommer, occulter l’âpreté de la lutte des classes après-guerre. Durant la période 1945-1975. la redistribution forcée du capital est opérée, grâce aux luttes sociales nombreuses et réitérées des salariés français, dont la conflictualité après-guerre est sur un trend ascendant : surtout pour la période allant de 1959 jusqu’en 1975, période suivie ensuite d’un lent repli du nombre de journées individuelles non travaillées. Donc présenter les hausses salariales obtenues par la mobilisation salariale, comme un « souhait » de la Bourgeoisie et de ses hommes de paille politiques, soudainement désireux de partager le gâteau de la croissance, est un pure galéjade.
On le voit aussi : l’état social keynésien mythifié aujourd’hui par de nombreux écrits historiques fallacieux, à qui on attribue un rôle redistributeur largement exagéré à postériori, vise surtout à faire disparaitre des consciences l’Etat social bolchevique créé en 1922. Le premier à avoir initié une garantie de l’emploi pour tous. Des services publics gratuits, notamment une santé et une éducation pour tous. Mais cet Etat social bolchevique a complètement disparu de l’Histoire, au profit de le promotion exagérée et menteuse de l’Etat keynésien, afin que les Peuples dupés, trompés, acceptent le système capitaliste. Et ne basculent pas dans le modèle de la Révolution bolchevique.
Très bon article qui donne un éclairage sur la position de Roosevelt.