Les oligarques ne tiennent aucunement compte de l'intelligence et de l'honnêteté !!
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie
Chris Hedges écrit : "Les oligarques ne tiennent aucun compte de la compétence, de l'intelligence, de l'honnêteté, de la rationalité, de l'abnégation ou du bien commun. Ils pervertissent tous les pouvoirs pour servir leurs intérêts immédiats"(sic) (extrait de l'article : "Le régime mortel des oligarques du 7 mars 2018, posté sur le site "Les crises"). C'est une phrase magnifique et d'une rare lucidité, qui pointe l'essence même de ceux qui nous gouvernent.
On rappelle que Chris Hedges est un ancien journaliste du New York Times : son propos vise donc l'oligarchie américaine. Mais il vaut évidemment pour l'oligarchie française. En France, on est aussi dans un système, règne absolu des menteurs, des plus cupides en matière d'argent et de pouvoir. Avec un Pouvoir confisqué par des médiocres d'une rare inintelligence : 50 mots de vocabulaire !
Guillaume Meurice, humoriste sur France inter écrit très justement : "Pour Macron, la question (agit-il par cynisme ou par connerie ?) ne se pose même pas. Niveau foutage de gueule, on est sur les bases d'un prix Nobel. Il a poussé la vacuité au niveau de l'art contemporain"(sic). On n'a pas oublié ses "éléments de langage " pondus par son service de com, ses salles de meeting aux 3/4 vides. Ni les personnes venues l'écouter s'enfuyant coudes au corps, de la fin du premier quart d'heure.
Pour ma part, je le verrai bien obtenir haut la main le premier prix de l'anti-Jean-Paul Sartre, récompensant l'auteur le plus idiot du moment, clin d'oeil bien sûr au grand philosophe existentialiste, mais aussi à son livre majeur "L'être et le néant" (1943), que Michel Tournier, un de ses élèves présente : "l'oeuvre était massive, hirsute, débordante d'une force irrésistible, pleine de subtilité exquise, encyclopédique, superbement technique, traversée de bout en bout par une simplicité diamantine "(sic) (cf "Le vent Paraclet", Folio n°1138, 1977). On l'aura compris : tout ce que n'est pas le discours macronien;
Outre l'inintelligence, il convient d'ajouter le Mensonge médiatique majuscule, véritable pierre angulaire du système. Si les gens savaient la vérité, notamment les vrais chiffres du chômage et de la pauvreté (9 millions de chômeurs et 15 millions de pauvres, très loin des données truquées, minorées de l'INSEE), tout le système s'effondrerait comme un château de cartes.
La petite bourgeoisie médiatique participe activement à la domination sociale de la Classe dominante. Inintelligence et mensonges sont ses deux (mauvaises) sources d'inspiration. Comme écrit Alain Accardo, "on reste confondu devant la bassesse, l'ignorance, la niaiserie, la vulgarité, et le cynisme qui règnent dans ces milieux, où il semble qu'on ait entrepris d'oeuvrer méthodiquement, avec l'aide de certains intellectuels à gages, à la liquidation de l'intelligence critique et de la raison"(sic) (...) "Il est à cet égard très regrettable que le pouvoir médiatique soit professionnellement à la disposition d'une de ses fractions les plus ignares, les plus nombrilistes, et la plus imbue d'elle même, devenue malheureusement la nouvelle institutrice de tous. (in "Le petit-bourgeois Gentilhomme, sur l'hégémonie des classes moyennes", édition Agone, 2009.
Certes, il existe, ici et là, des travaux universitaires abordant très sérieusement la question de la connerie dans la société française : outre Alain Accardo déjà cité, il y a Frédéric Lordon, qui pointe à juste titre "la disparition de pans entiers de l'intelligence dans la champ journalistique" (sic)(La pompe à phynances). De même, Emmanuel Todd dénonce dans son dernier livre les "crétins éduqués"(sic). Mais ces travaux, certes stimulants, ne vont pas assez loin. Dans les cas pré-cités, ces auteurs pointent ce qu'ils estiment être UNE NOUVELLE SOCIALISATION DES ELITES, sans aller plus loin.
Alors que Chris Hedges, fin observateur du système politico-médiatique américain, n'hésite pas à montrer que c'est L' OLIGARCHIE elle-même, pour satisfaire ses besoins immédiats, pour survivre, A BESOIN STRUCTURELLEMENT DE MENSONGES ET DE CONNERIES. Et précise : "chaque civilisation voit sa fin caractérisée par le sophisme des oligarques, qui dévastent la carcasse de l'Etat en décomposition" (sic). Ce que faisant, l'oligarchie du XXIème siècle se conduit comme l'Empire romain, pendant sa décadence, où le Mensonge était promu roi du système.
Mais le vrai problème est ailleurs. En France, on continue de faire comme si on était en démocratie, avec des responsables intelligents, disant toujours la vérité. Personne pour dénoncer ce pouvoir perverti, déviant, comme le fait Chris Hedges aux Etats-Unis. Personne pour dire que les vrais intelligents ne sont pas à la place qui, normalement leur reviendrait.
Dans son dernier livre "Eloge de la Politique", édition Café Voltaire-Flamamrion, 2017, Alain Badiou se plaint de sa solitude. Il écrit : " au fond ce qui est dramatique, c'est ma solitude. Je veux bien dire, naturellement, pour ne pas qu'on me déclare aussitôt paranoïaque, "notre" solitude, mais ce sera tout de même parler d'un tout petit ensemble. C'est ça le point. Quand quelqu'un de tout à fait ordinaire dans le métro me dit : je vous remercie", c'est à la fois très gratifiant, et au vu de ce que j'ai pu faire, au vu de la situation intellectuelle présente, c'est aussi une gratification à bien des égards injustifiée" (sic).
L'isolement, pour prendre un mot moins émotionnel que solitude, d'Alain Badiou est la conséquence logique d'une oligarchie, qui ne tient absolument pas compte des esprits les plus intelligents du moment. Qui s'en tape comme de ses premières chaussettes...! La présence omnipotente de Macron sur nos écrans, et dans nos esprits comme seule possibilité du moment, c'est, inversement, l'impossibilité structurelle pour les vrais philosophes de la qualité et de l'importance de Badiou d'avoir la place que ce dernier aurait eu par exemple, pendant les années Pompidou, à l'égal d'un Jean-Paul Sartre....!