Les occasions populaires de prendre le pouvoir sont rares !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie
“Les occasions populaires de prendre le pouvoir” sont rares écrivait Alain Badiou dans un texte cinglant sur la social-démocratie. Impossible de remettre la main sur ses termes exacts. Mais en substance, il disait que les occasions populaires sont rares comme la Commune de Paris par exemple. Et que de tout temps, la social-démocratie s'est employée avec acharnement à liquider, verrouiller ces moments d'espoir, où on pensait faire advenir un monde meilleur et plus juste. Rien de plus juste si on songe aux années 70 avec Mitterrand et son faux programme commun : Au PSU, où je militais, on savait bien qu'il ne l'appliquerait jamais.
Rien de plus juste aujourd'hui en ces temps de coronavirus. Mélenchon fait semblant de jouer les révolutionnaires de Top 50. Le journal “Libération” du 2 avril 2020 lui consacre un faux article intitulé : "Gestion de la crise : Mélenchon ne prend plus de gants". Et Libé de le qualifier de "rebelle prenant le dessus" (sic). Après tout, les députés français et européens insoumis ne se réunissent-ils pas tous les jours en visioconférence ? Nul doute que l'avis révolutionnaire d'une Autain ou d'un Corbière est de nature à renverser la table libérale, sortir de l'oubli notre programme 'L'avenir en commun", pactole des 22 millions d'euros donné par Macron oblige !
Aujourd'hui, Mélenchon critique le maintien du premier tour des Municipales le 15 mars 2020. Soit. Sauf que la semaine précédant le premier tour, nous n'étions pas nombreux à demander un report de ce scrutin pour cause de coronavirus, Olivier Berruyer et moi. Berruyer appelant à un boycott de ces élections, moi le relayant modestement en titrant : "élections, attention, danger". A ce moment là, je peux le confirmer, Mélenchon se taisait, afin de ne rien perdre du fromage électoral. Son coup de sang quinze jours plus tard peut en impressionner certains, pas moi qui ne suis pas amnésique de son silence assourdissant et politicard avant le premier tour.
Quant à réclamer "une planification des moyens" afin de mettre un terme à la crise sanitaire, on reste confondu devant une proposition aussi timorée, aussi insuffisante. Historiquement, la planification est une idée de technocrates de droite (Uriage), en aucune façon une proposition de la gauche révolutionnaire et populaire. C'est de nationalisation des banques, des assurances, des grands moyens de production et de communication dont nous avons besoin, avec un grand plan de relance de 300 milliards d'euros, financés par de l'argent français et non pas américain comme feu le plan Marshall de triste mémoire : pas d'un gadget aussi insignifiant que la planification indicative de l'ex-Commissariat général au Plan, où l'on croisait Xavier Ortoli et Jacques Delors !
Nous ne sommes pas dupes : Mélenchon veut sauver le soldat Macron. Une fois de plus. Son faux gauchisme n'a d'autre but que d'occuper le terrain médiatique, afin d'empêcher un mouvement politique plus à gauche comme le Rassemblement "Le Peuple d'abord" de prendre son envol. Sans comprendre qu'il n'imprime plus dans les têtes et dans les âmes depuis juin 2017 et l'adoption de sa stratégie PS bis...