Les jeunes énarques qui sortent de l'ENA sont plus libéraux que les banquiers eux même !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie et Monique Pinçon-Charlot
1°)-Brigitte Bouzonnie : Monique PINCON-CHARLOT, sociologue des riches avec son mari Michel, deux fins connaisseurs des riches en France (cf "PRESIDENT DES RICHES", "LE GHETTO DU GOTHA"...), affirme dans cette interview : "il ne faut plus d'élus (uniquement) issus des milieux favorisés, en connivence avec les milieux financiers". Son idée rejoint une analyse de Frédéric LORDON développée dans son ouvrage :"Et la vertu sauvera le monde...Après la débâcle financière, le salut par l'éthique ?".
1-1°)- La génération politique de l’après guerre soudée autour de l’intérêt général :
La génération politique de l'après guerre avait en commun le PRIMAT DE L'INTERET GENERAL. les Ambroise CROIZAT, Ministre communiste du Travail en 1945, Pierre MENDES- FRANCE, le Général de GAULLE, l'Abbé PIERRE, quitte à interpréter cet intérêt général à travers ses lunettes personnelles : chrétienne pour l'Abbé PIERRE. Communiste pour Ambroise CROIZAT. Radicale pour Pierre MENDES -FRANCE, droite interventionniste pour le Général de GAULLE...
1-2°)- La génération politique actuelle passée au libéralisme :
Inversement, à partir des années 80, Frédéric LORDON parle "de sainte alliance des dominants autour de la finance", un terme beaucoup plus fort encore que celui de Monique PINCON -CHARLOT, parlant de "connivence" des élus politiques avec les milieux financiers. Aujourd'hui, grâce à l'ENA, les jeunes énarques qui en sortent sont plus libéraux que les banquiers eux même ! On les a bien connu, ces petites pimprenelles nanties du précieux papelard de l'Ecole nationale d'Administration, ne vivant que pour la concurrence, le triomphe des plus forts aux dépends des chômeurs, la tune encore et encore .
Plus personne pour opposer une rationalité d'Etat, un INTERET GENERAL, un BIEN PUBLIC aux financiers. C'est ce retour à l'intérêt général, bien sûr, que nous préconisons pour "moraliser" la vie politique. Où la finance aura le rôle le plus contraint, le plus subordonné possible, en particulier, grâce, en particulier, à une nationalisation des banques.
2°)-INTERVIEW DE MONIQUE PINCON-CHARLOT
"La publication de leur patrimoine par les politiques est une mascarade"
Mis à jour le 09/04/2013 | 18:41 , publié le 09/04/2013 | 14:01
La sociologue Monique Pinçon-Charlot en octobre 2012.
Dans la presse, sur leur compte Twitter ou sur leur blog, de plus en plus d'élus et de ministres publient leur déclaration de patrimoine, en gage de transparence, dans la foulée de l'affaire Cahuzac. Une opération de communication et de diversion, juge la sociologue Monique Pinçon-Charlot, auteure avec Michel Pinçon de L'Argent sans foi ni loi (Textuel).
Francetv info : Que vous inspire la publication de leur patrimoine par certains responsables politiques ?
Monique Pinçon-Charlot : C'est une mascarade. Les hommes politiques jouent la transparence individuelle, mais ce n'est pas ce qu'on leur demande. Cette stratégie de communication leur permet de cacher le problème de la responsabilité collective de la classe politique. Ce qu'il faut, c'est un arsenal législatif qui empêche les politiques de s'accaparer le bien commun : une loi d'embargo sur les paradis fiscaux et des moyens pour lutter contre la fraude fiscale.
Certains éléments de ces déclarations vous ont-ils interpellée ?
Quand je lis : "Une Peugeot 5008 de 2012 estimée à 23 000 euros à l’argus" [un élément de la déclaration du député UMP Bruno Le Maire], cela me fait rigoler. Ça n'a aucun intérêt. C'est naïf et populiste. Dans la tempête, ils veulent montrer qu'ils sont simples, modestes, qu'ils font du vélo… Une fois encore, ce n'est pas ce qu'on leur demande. Empêcher les plus riches d'avoir des comptes offshore, le trou noir du capitalisme, me paraît autrement plus important.
Cette démarche n'est-elle pas une avancée vers une plus grande transparence et une meilleure lutte contre la fraude ?
Non. Un des moyens de lutter efficacement contre les fraudes serait d'avoir une assemblée plus représentative de la population française, et plus seulement des personnes issues du même milieu favorisé, en connivence avec les milieux financiers. Pour cela, il faudrait une transformation en profondeur du système électif, avec le vote obligatoire et la limitation du nombre de mandats des élus pour en finir avec les carrières politiques. Avec des députés ouvriers, employés, universitaires, élus pour un temps court, on éviterait les petits arrangements entre amis.
Propos recueillis par Lorraine Kihl
12 avril 2013