Les Gilets Jaunes, la révolte de la misère sur le modèle de Haïti !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie en février 2019, mis à jour le 13 février 2022
La révolte des Gilets jaunes accable et surprend. Depuis trois mois, depuis le 17 novembre 2018, la France vit une révolte de la misère sur le modèle de Haïti. Souvenons-nous : cet été, en révolte contre l'augmentation des taxes sur l'essence, les haïtiens sont descendus dans la rue. Obtenant le départ du Premier Ministre. Pourtant, rien n'est réglé. La vie chère continue : des milliers d'habitants sont descendus dans la rue samedi dernier, contestant les prix alimentaires trop élevés. Avec son lot de morts des deux côtés, une fillette haïtienne ayant été tuée ce week end, tandis qu'à Paris, un jeune photographe avait la main arrachée.
De leur côté, l'action des Gilets Jaunes depuis trois semaines est comparée par le Figaro de lundi dernier, "pire qu'au passage d'un cyclone" (sic) . On rappelle qu'ils avaient également organisé samedi dernier une marche contre la vie chère contre la loi alimentation publiée le 1er février 2019, qui a généré une augmentation des prix alimentaires de +6%.
Mais des vraies causes (légitimes) de la colère des gilets jaunes, la difficulté pour 80% des français de finir leur fin de mois (info Médiateur de la République) 2015, il n'est jamais question dans les chaines d'info. Infos officielles, devenues irrespirables. Inécoutables, à force de mensonges, "éléments de com', pondus directement par le service de communication de l'Elysée.
C'est clair : le mouvement des Gilets Jaunes est une révolte, comme on en trouve dans les pays et régions les plus pauvres de la planète, résultat de 40 ans de politique austéritaire. Et surtout du choix cyniquement fait par les dirigeants successifs de laisser filer sciemment la courbe du chômage : 1 million de chômeurs sous Giscard. 2 millions en 1988. 3millions en 1997. 6,6 millions aujourd'hui selon la Dares. 8-9 millions selon nos calculs. Et des salaires qui stagnent depuis les années 80 : avec +0,7% de hause entre 1990 et 2021 contre +2,5% entre 1947 et 1979 (chiffres INSEE).
Entre 2008 et 2018, les salariés français ont perdu 440 euros de pouvoir d'achat. Le point d’indice des traitements de fonctionnaires est gelé depuis 2009. Les hausses généralisées de salaires occultées au profit de prime tête du client. Résultat ; depuis 1980, dans le partage de la valeur ajoutée, le facteur travail a perdu dix points au profit du capital.
Le Monde a rédigé un article intitulé "La vie à un euro près", parlant de la vie quotidienne d'une famille modeste. Le plus incroyable a été le déchainement d'insultes prolophobes (haine du populaire), de la part de ses lecteurs petit-bourgeois bobos, grassement payés.
Sans surprise, le journal branchouille occultait les vraies causes de cette pauvreté, à savoir les manoeuvres de la Bourgeoisie, au cours des années 70, pour reconquérir son taux de profit en chute libre. Mondialiser les échanges. Casser le statut du salarié fordiste. Laisser croître la courbe du chômage. Supprimer l’échelle mobile : indexation des salaires sur les coûts. Filer à la classe ouvrière la pire raclée de son histoire.
Et ce n'est pas tout : selon les derniers chiffres de l'OCDE, 3 millions de jeunes français ne sont ni en formation, ni en emploi. Certes, il faut se méfier des statistiques de l'OCDE, majorant systématiquement la réalité. On préfère s'appuyer sur une étude du Centre d'analyse économique de 2014, chiffrant à 900 000 le nombre de jeunes sans appartenance : n'ayant ni emploi, ni formation. Alors que l'économie française peine à créer des emplois (essentiellement des CDD), -100 000 selon le dernier chiffre, à peine 20 000 CDI-, alors que 190 000 jeunes débarquent chaque année sur le marché du travail (chiffre Mathieu Plane de l'OCDE).
Le mouvement des Gilets Jaunes est une réponse à l'accroissement des inégalités, une misère accrue des classes populaires. Ernst Wolff, écrivain allemand écrivait dans un article du 21 novembre 2015 : "la France en particulier est soumise à une pression économique croissante due à la crise de l'euro. Pour augmenter sa capacité de concurrence avec le marché mondial, le pays doit prochainement réduire les prestations sociales, durcir la loi du travail et abaisser le niveau des salaires. Toutes ces mesures vont provoquer une résistance sociale accrue, à cause des inégalités déjà existantes dans le pays. Cette résistance va pouvoir être réprimée au moyen de toutes les mesures de limitation du droit de rassemblement, de surveillance élargie de l'internet, et de l'extension des pouvoirs de la police et de l'armée"(sic) (Frankfurter Allegemeine Zeitung).
Mais cela, les zélites du moment ne le disent jamais, occultant le vrai problème de survie de millions de français modestes. Ils y vont de leur explication inintelligente et accusatrice : les gilets jaunes seraient des "complotistes", "électeurs de Marine Le Pen, alors que 50 d'entre eux sont à gauche, 15% a peine votant Front National. Et que le mouvement dont ils se sentent le plus proche est la France insoumise (28%) et l'abstention (53%). "Antisémites", responsables (sans preuve) de tous les vandalismes et tags actuels du moment.
Une fois de plus, la question sociale est la grande absente du programme de la France insoumise 2022, alors qu'elle est la véritable cause de la colère des gilets jaunes...!