Les cabinets conseil, une invention de la très libérale Thatcher !
Version 2 ; Présentation de la vidéo de Caroline Michel Aguirre, auteur avec Matthieu Aaron de l'ouvrage : "Les Infiltrés. Enquête sur le coup d'état rampant des cabinets conseil", 2022
Hier, j’ai écouté une vidéo où intervenait Caroline Michel Aguirre, auteur avec Matthieu Aaron de l’ouvrage intitulé : “Les Infiltrés. Enquête sur le coup d'état rampant des cabinets conseil”, 2022. Naturellement, j’avais lu ce livre, rédigé aussi un article pour le site ami : ‘Les 7 du Québec”. Avec ses petits chapitres thématiques superficiels, -santé, armée, hôpital….-, j’avais trouvé ce livre superficiel. Occupant un sujet magnifique, -les cabinets conseil-, sans l’investir sérieusement de façon raisonnée. Argumentée. Voilà pourquoi je viens de reposter sur lettre politique indépendante l’article du YETI sur le sujet, autrement construit et incisif.
Tout le contraire de l’ouvrage de Victor Castanet sur les EPHAD et ORPEA: “Les fossoyeurs, révélations sur le système qui maltraite nos ainés”, édition Fayard, 2022. Les économies féroces faites sur les couches des pensionnaires. Les ristournes de fin d’année prises sur l’argent de l’Assurance maladie, permettant aux dirigeants de ORPEA de se gaver. Offrir à Patrick Bruel un cachet somptueux pour venir chanter à leurs soirées privées. Les discriminations syndicales XXL, où les syndicalistes sont vus comme “puant des pieds, portant tous un tee shirt No pasaran” (sic).
L’ouvrage de Victor Castanet est un modèle d’analyse, si on veut rédiger un livre de critique sociale, qu’on se le dise !
Je reviens pourtant sur le livre de Caroline Michel Aguirre et Mathieu Aaron, car son intervention d’hier se démarquait de son livre. En fait un simple article paru dans l’Obs au mois de juin 2021, délayé ensuite, comme l’a expliqué l’auteur. Seulement, à la place des chapitres thématiques de l’ouvrage, elle a fait une approche socio historique très intéressante. Voilà pourquoi j’ai pensé que son intervention pourrait vous intéresser.
Pour info, Caroline Michel-Aguirre vient de la presse écrite et de l’économie. Donc, elle connaissait déjà la question des cabinets conseil. Mathieu Aaaron vient de Radio France, où il resté 25 ans. Il s’intéresse surtout aux cabinets conseil dans le secteur de l’informatique.
Les deux auteurs ont eu beaucoup de mal à rédiger leur livre : toutes leurs demandes d’interview sont restées sans réponse.
Que nous apprend-elle ? Les cabinets conseil se développent dans les années 70/80, notamment avec les ultralibéraux Thatcher et Reagan ! Ces derniers partent de l’idée (fausse) selon laquelle les méthodes du privé sont plus efficaces pour gérer le public. Ainsi, la gestion de l’hôpital est confiée au directeur de Mark and Spencer ! L’hôpital est géré comme une entreprise avec la célèbre T2A. l’hôpital est un cobaye privilégié du consulting avec l’informatique.
Cette idéologie fausse continue de sévir aujourd’hui dans la Macronie : Buzyn, Edouard Philippe “expliquant” que les meilleurs “experts” de l’Etat sont les cabinets conseil. Le patron de Polytechnique est un ancien de cabinet conseil. Un cours de Sciences Po Paris sur la modernisation de l’Etat est donné par un responsable de McKinsey !
Après Thatcher, on note une accélération du recours aux cabinets conseil avec Sarkosy en 2007. Avec Sarko, c’est le triomphe du “ming management” : management consistant à faire “maigrir” le nombre de salariés/fonctionnaires, amélioration de la productivité oblige. Une idée inventée chez Toyota !
Hollande arrête la RGPB, mais les crédits attachés aux cabinets conseil ne diminuent pas.
Culturellement, et dès le départ en 2017, le libéral Macron est en osmose avec l’idéologie libérale des cabinets conseil. Il pousse à la consommation XXL des cabinets conseil, avec des résultats souvent dérisoires : ainsi, un rapport de cabinet conseil sur l’éducation nationale est payé 496 000 euros et ne donne aucun résultat. Un autre rapport sur la réforme des retraites est payé un million d’euros, mis en stand by pour le moment. Un autre rapport sur le télétravail est payé 400 000 euros pour rien.
Résultat : chaque année; 1,5 et 3 milliards sont dépensés chaque année sur la manne de l’argent public (nos impôts) pour payer ces Messieurs-Dames des cabinets conseil (chiffres de Caroline Michel Aguirre).
Mais ce n’est pas tout. Les cabinets conseil flinguent la vraie Fonction publique “historique”, imposée en 1945. Un exemple entre mille : en 2017, Macron veut la casse de notre cade du travail vieux de 150 ans. Résultat des luttes sociales de l’anarcho syndicaliste Benoit Brouchoux, mineur du nord de la France. Rédacteur de la Charte d’Amiens en 1905. Et qui s’est battu avec son syndicat d’action directe de toutes ses forces pour obtenir une retraite. Une journée de dix heures. Un repos hebdomadaire. Un contrat collectif, ancêtre de la convention collective. Une rémunération de 5 francs par jour. Un logement (les corons) qui faisait évidemement l’admiration des autres salariés du pays. Avantages obtenus par la seule lutte.
En 2017, un premier projet de loi de casse du code du travail est rédigé par les fonctionnaire “classiques” d’administration centrale. Mais la CGT fait fuiter le projet dans la presse. Furieuse, Pénicaud, alors Ministre du travail confie la rédaction de ce texte à un cabinet conseil. Donc, les fonctionnaires classiques, dont le métier est de rédiger des textes normatifs sont mis au rancart. Ils n’ont plus qu’à faire des bordereaux.
C’est très grave : avec cet exemple, on voit comment les cabinets conseils dévorent les tâches les plus nobles de la fonction publique, dans le but, évident de la faire disparaitre ! Et de faire disparaitre l’Etat, la nation qui est le support de toute fonction publique traditionnelle.