Les apprentis sorciers du génome !
Extraits de l'article de Bruno Canard, Étienne Decroly & Jacques van Helden, publié en février 2022 par Le Monde Diplomatique. Je remercie mon amie Monika de m'avoir fait connaitre cet article :
Monika Karbowska : Après nous avoir bassiné avec le pangolin et culpabilisé que le covid c’est à cause de notre mode de vie, voila que le Monde Diplo publient enfin les Marseillais qui ont toujours su que les labos travaillent sur les gains de fonction, en Chine, en France et aux USA
Désormais, une panoplie d’outils permet de résoudre des questions de biologie fondamentale avec des applications à la médecine, à l’agriculture ou à l’environnement. Mais l’édition génomique et les nouvelles techniques en matière génétique soulèvent des questions d’éthique et de biosécurité qui nécessitent plus que jamais un débat citoyen et une régulation internationale.
La technologie avance plus vite que notre capacité à évaluer le rapport entre ses bénéfices potentiels et ses dangers. Nous anticipons mal les risques liés à l’utilisation des nouveaux outils moléculaires ou les conséquences éventuelles de la dissémination d’organismes vivants génétiquement modifiés (OGM) dans un écosystème. Les enjeux scientifiques et éthiques liés à ces bouleversements dépendent de facteurs tellement complexes que bien peu de scientifiques sont suffisamment compétents dans les différents domaines du vaste champ des biotechnologies pour comprendre et estimer toutes leurs conséquences possibles. Les chercheurs disposent rarement du recul nécessaire pour apprécier les implications des expérimentations qu’ils proposent, alors que les pressions se multiplient pour qu’ils deviennent tout à la fois des producteurs de résultats scientifiques, des inventeurs de technologies à débouchés économiques et des manageurs de la recherche en quête permanente de financement.
Depuis les premiers travaux sur l’acide désoxyribonucléique (ADN), l’histoire de la biologie moléculaire est jalonnée de découvertes permettant des interventions humaines toujours plus fines sur le génome (lire « Des premières interventions sur l’ADN aux thérapies géniques »). Nous avons désormais la capacité de modifier le vivant et de changer le cours de son évolution. En se fondant sur des travaux étudiant les mécanismes de défense des bactéries face aux pathogènes, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont inventé un outil extraordinairement puissant, dénommé Crispr-Cas9 , pour modifier la séquence d’un génome avec une précision « chirurgicale ». Il permet par exemple de changer un nucléotide pour un autre (substitution), d’éliminer un morceau de séquence (délétion) ou d’en insérer un nouveau (insertion), à un endroit ciblé. Regroupés sous l’expression « édition génomique », ces outils moléculaires ont été rapidement adoptés et font maintenant partie de la routine des laboratoires de recherche. Dans son allocution pour la réception du prix Nobel de chimie en 2020, (...)
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Bruno Canard, Étienne Decroly & Jacques van Helden
Respectivement directeurs de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques, université d’Aix-Marseille, et professeur de bio-informatique à l’université d’Aix-Marseille, laboratoire Theories and Approaches of Genomic Complexity (TAGC).
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extrait par Jacques van Helden et Bruno Canard et Étienne Decroly • Lu par Thibaud Delavigne + • •
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