Krouchtchev ment avec désinvolture, dans son rapport de 1956 !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie le 23 mai 2023 à partir du livre de l'historien Grover Furr : "Khrouchtchev a menti", édition Delga, 2023
1°)- Alain Badiou :
*Bien entendu, à l’échelle du monde, il y a eu l’effondrement de l’URSS, accompagnant la dissolution de tous les repères idéologiques “marxistes”, dont cet état vermoulu était l’apparent gardien. De ce point de vue, du reste, on notera, que ce qui a créé la crise la plus grave de la gauche, face à la prétention victorieuse du capitalisme déchainé, ce n’est aucunement Staline. Du temps de Staline, il faut bien dire que les organisations politiques ouvrières et populaires se portaient infiniment mieux, et que le capitalisme était moins arrogant” (sic) (De quoi Sarkosy est-il le nom ?, édition Lignes, 2008)
*Après tout les moyens techniques de contrôle de la population sont aujourd’hui tels que Staline, avec ses fichiers manuscrits interminables, ses fusillades de masse, ses espions à chapeau, ses gigantesques camps pouilleux et ses tortures bestiales, apparait comme un amateur d’un autre âge” (sic) (De quoi Sarkosy est-il le nom ?, op cit).
Krouchtchev se comporte avec désinvolture avec la vérité historique, dans son rapport de 1956 !
2°)- Brigitte Bouzonnie. Alain Badiou nous dit que, du temps de Staline, le capitalisme était moins arrogant qu’aujourd’hui. Mais simultanément, il décline toutes les critiques convenues sur le dirigeant de l’URSS entre 1922 et 1953, notamment sa responsabilité évidente, dans “l’existence de fusillades de masses”(sic). Je me garderai bien de critiquer le philosophe pour sa pensée anti communiste. On a milité dix ans au Parti Socialiste Unifié comme Alain Badiou, et l’anticommunisme y était pavlovien. A commencer par le plus célèbre des militants du PSU d’alors : Pierre Mendes-France, viscéralement anti communiste. Viscéralement atlantiste.
Au PSU, la critique du parti communiste français et soviétique était une figure imposée. On n’a pas souvenir d’avoir entendu parler une seule fois de l’idéologie communiste en bien. Je n’étais pas la dernière à pratiquer cet anti communisme imbécile. Pourtant, un jour de la fin des années soixante-dix, et alors que je m’indignais des “crimes de Staline” révélés dans le livre : l’Archipel du goulag de Soljénistine. Je parlais à un vieux militant du PSU, qui, avec sa femme, avait participé à sa création en 1959. J’ai oublié son nom, mais je me souviens qu’il était docteur. Très gentiment, il m’a répondue très courageusement en substance, qu’il était allé en URSS soigner le Peuple soviétique. Les russes avaient énormément souffert de la guerre (27 millions de morts), et de la mort massive de leurs proches. C’était le peuple le plus formidable et le plus courageux de toute la planète.
Aujourd’hui, dans la France 2023, ce que nous vivions/vivons comme une conviction personnelle : l’anticommunisme, notamment le rapport Krouchtchev se révèlent être, ni plus ni moins en réalité une construction sociale mensongère inventée de toute pièce par la CIA. En effet, sur initiative de la CIA, d’anciens nazis et trotskistes ont participé à la falsification de l’histoire soviétique.
En conséquence, il importe de prendre conscience de cet aspect peu connu du grand public, même pour les militants politisés, que nous sommes : marxistes, Ex-militants de la France Insoumise. Militants du Pôle pour la renaissance du communisme français, de l’UPR. Il importe de dénoncer les mensonges énormes, produit sciemment par des ennemis du Régime comme Krouchtchev, visant à décaniller la Révolution d’Octobre et la période Stalinienne. Criminaliser ces périodes, où les dirigeants s’étaient débarrassés de leur Bourgeoisie. Le plus souvent mensonges produits sur initiative de la CIA, dont on reconnait le mode opératoire bien connu, visant à falsifier une culture ennemie : communiste, humaniste… Imposer la sienne. Par exemple, et comme le montre un article de juillet 2023 publiée par Danièle Bleitrach sur son blog Histoire et société, la diffusion du feuilleton Dallas à Cuba, contrôlée par la CIA, montrait un mannequin souriant, posant dans sa cuisine ultramoderne. Et qui jonglait avec les appareils ménagers les plus sophistiquées : histoire de faire rêver les braves cubaines pauvres face au mode de vie états-uniens « moderne » et « riche ».
On s’appuie sur l’excellente vidéo et conférence de l’historienne, Madame Annie Lacroix-Riz intitulée “Le livre noir de l’anticommunisme” à la Librairie tropiques, 2014. Sur le livre récent intitulé : “Krouchtchev a menti » de Grégory Furr, aux éditions Delga, 2023.
1°)-Commençons par le verbatim du début de la vidéo de Annie Lacroix-Riz sur la falsification de l’histoire soviétique : “Il s’agit de montrer comment la Révolution d’Octobre et la suite sont fabriquées, mais à un degré inimaginable, pour le commun des mortels. Tout un travail reste à faire sur les conditions de mise en oeuvre de la falsification de l’histoire soviétique. Et de citer ses deux livres de référence : “L’histoire sous influence” (1984) et “L’histoire toujours sous influence” : 2012. Cela pose le problème des “historiens du consensus”, dont le travail est rémunéré par la CIA. C’est clair que toute une opération politique a été mise en oeuvre en ce sens. Et qu’on la connait mal. Il serait nécessaire de mieux connaitre les milieux dirigeants politiques, patronaux, et un certain nombre d’universitaires influents, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Il y a un très bon auteur américain, dont les problèmes de diffusion montent qu’il n’était pas en cour : Christopher Simpson, auteur de “Retour de Flammes”, 1988. Il s’est intéressé à la “reconversion” des responsables nazis en 1945 par l’Etat profond américain. Il a également écrit sur les universités, l’Empire us, l’argent dans les sciences sociales. Comment les universitaires des universités américaines les plus prestigieuses ont été engagés et promus par la CIA. Comment leurs travaux ont eu beaucoup de succès. Comment la CIA a assuré la diffusion de leurs livres. L’université de Harvard a été associée à des programmes de “connaissance” sur l’Union soviétique, qui n’avaient pas toute la scientificité requise. Il s’agissait d’engager l’université dans une tâche générale, visant à mettre à terre l’Union Soviétique. Comment l’université de Stanford a été associé dans un programme de contre insurrection : travail utilisé dans la répression des combattants vietnamiens, pendant la guerre du Vietnam.
Chez nous, il n’y a rien. Sigmund Diamond, progressiste américains, a montré la compromission des campus avec la Communauté du renseignement en 1945-1946. Ce livre n’est pas traduit. Hélène Schnecker a montré comment le McCartysme culturel était prêt dès 1939, avec une stratégie anti communiste aux Etats-Unis aussi délirante que chez nous. Par exemple, en se focalisant sur le pacte germano-soviétique, histoire de décaniller Staline. Elle a étudié la violence du McCartysme : comment les universitaires honnêtes, qui ne voulaient pas se faire corrompre, ont vu leur vie ruinée.
Dans une interview de la revue Génèses n°49, un universitaire américain aujourd’hui à la retraite raconte : “Je dois revenir sur cette période, qui m’a si profondément marquée, même si je n’étais pas communiste. Démobilisé en 1946, il était impensable de devenir communiste. Et il donne des exemples de personnes, qui ont perdu leur carrière aux Etats-Unis. Il fallait signer un serment à Berkeley et certains sont partis. Moi, j’étais tout jeune, et quand j’ai pris mon poste en 1948, j’ai du signer un serment de loyauté (sic).
2°)- De même, la lecture du livre intitulé : “Krouchtchev a menti » de l’historien Grover Furr, aux éditions Delga, 2023, est pleine d’enseignements et de révélations majeures. Dans une enquête extrêmement précise, au ton dense, bourrée de tableaux, l’auteur mène patiemment un travail de recherche précis. Patient. Méticuleux.
Ainsi, Grover Furr montre comment le rapport Khrouchtchev de 1956 est un simple copié-collé des critiques de Trotsky des années vingt. Soit trente ans plus tôt. Par exemple, le supposé “culte de la personnalité” dont souffrirait Staline est un reproche déjà fait par Trotsky pendant l’entre-deux-guerres. Malgré toutes ses recherches, on ne possède aucun texte prouvant que Staline plébiscitait ce culte. Au contraire, il refusait de participer à certains meetings, car il ne voulait pas se mettre en avant.
A la lecture du rapport khrouchtchev, on a l’impression d’être davantage dans le registre de la critique de bas étage, que dans celui d’une critique assumée, raisonnée, argumentée.Chiffréé.
Autre critique formulée par Khroutchev contre Staline : “Staline planifiait ses opérations militaires sur un globe terrestre”. Une telle affirmation ne résiste pas à la conduite des batailles de Stalingrad et de Berlin menée par les généraux Joukov, Vassilievski et Koniev. Ainsi, Jacques Sapir spécialiste de l’URSS et de la Russie explique “comment Joukov et Vassilievski ont conçu la stratégie militaire menant à la capitulation de la VIème armée allemande”(sic), dans un article sur la célèbre bataille publié le 2 février 2023 sur Tweeter. Article que nous repostons ce jour sur la lettre politique indépendante. Idem pour la bataille de Berlin : ce sont Joukov et Koniev qui présentent leur plan de bataille à Staline, mobilisant 2 millions d’hommes. Staline valide ce plan, mis à part une modification concernant les troupes arrivant au sud-ouest de la ville : voir vidéo “La bataille de Berlin” postée hier sur la lettre politique indépendante.
Notre connaissance de l’opération Barbarossa, guerre à l’Est, voulue par Hitler ; et donc des différentes stratégies adoptées par l’armée soviétique dirigée par le Général Joukov, diplômé de l’école de guerre montre au contraire le rôle essentiel joué par ce dernier : tant lors de la bataille de Moscou de décembre 1941, où Joukov est aux commandes pendant sept jours et sept nuit sans dormir, buvant du thé noir pour « tenir ». La bataille de Stalingrad (juillet 1942-Janvier 1943) : où, pendant que Joukov sacrifie des tireurs d’élites envoyés à Stalingrad en radeau poussés par des enfants, cachés sous la nourriture. Avec une espérance de vie de six jours. Le général soviétique prend la Wermacht à revers et en tenaille par un grand encerclement.
Dans le cadre de l’opération Bagration qui est un déplacement de 600 kilomètres de l’armée rouge vers l’Ouest. La conduisant aux portes de Varsovie, alors que, grâce à une feinte de leur part, la Wermacht attend les russes plus au sud. Ou dans la prise de Berlin en avril 1945. Donc, la légende de Staline, non diplômé de guerre, menant seul la guerre contre la Wermacht à partir d’un globe terrestre (affirmation de Khrouchtchev) est un tissu de contre-vérités notoire, qui ne résiste pas à un examen même superficiel des faits.
Grover Furr réalise un tableau synthétique de toutes les affirmations proférées par Khroutchev contre Staline, pages 170-172 du livre. En particulier, les accusations faites à Staline “d’avoir pratiqué des répression de masses”. “Effectué des “listes d’exécution”. “Rédigé un télégramme sur la torture”. “Torturé Kossior et Tchoubar sur ordre de Béria”. “Déporter massivement des populations” : autant de “révélations”, qui se révèlent être, après examen, soit des mensonges purs. Soit des affirmations avancées par le seul Khrouchtchev, et donc non vérifiées. Soit des affirmations généralistes, par exemple, « Staline a déporté massivement la population », sans apporter d’accusation et d’arguments spécifiques.
Toute la question est de savoir : pourquoi Khrouchtchev a-t-il menti ? Gregory Furr donne des éléments de réponse. En 1952, Staline voulait initier une trajectoire politique nettement différente. Enlever les privilèges aux apparatchiks du PCUS. Ces réformes visaient à supprimer le contrôle du parti sur la politique, l’économie, et la culture, et la remettre entre les mains des soviets élus. Pire encore, il avait décidé de réduire de plus de la moitié les salaires des cadres du PCUS. Ce qui fut accompli. Mais Khrouchtchev, une fois au pouvoir rétablit aussitôt les salaires d’avant, y compris, en se payant le manque à gagner sur plusieurs mois.
C’est ce qui expliquerait sa détestation aigüe de Staline. Sa volonté personnelle de se venger en rédigeant un rapport apocryphe en 1956.
Dire que le rapport Krouchtchev est un opération psychologique exige de repenser complètement l’histoire soviétique, l’histoire du socialisme. Et surtout le bien-fondé de notre idéologie anti communiste, qui ne repose sur rien.
Car ce rapport a porté un coup terrible au mouvement communiste international. Changé le cours de l’histoire. Par exemple, on peut affirmer que Mitterrand ne serait jamais devenu Président de la République en 1981, avec un parti communiste non délégitimé, démonétisé par le triste rapport Krouchtchev.
On voit comment l’idéologie communiste est directement battue en brèche, violemment concurrencée par des intellectuels non communistes. Par exemple, Hannah Arendt et sa supposée “banalité du mal” nazi, bénéficie (grâce à la CIA, dont on reconnait le mode opératoire) d’une publicité mondiale, qui la rendait elle-même surprise de sa propre notoriété : comme le montre un document sonore entendu sur France Inter au cours d’une émission de Intelligence service consacrée à la philosophe (décembre 2022).
En conclusion, on ressent comme un tournis, un vertige, face à cette réalité historique fallacieuse, structurant notre connaissance du monde communiste. Tout reste à reconstruire idéologiquement parlant, avec notamment un Staline, qui sans être une blanche colombe, ne mérite pas tous les « crimes », dont on l’impute, autrement que sur le papier du rapport Krouchtchev.
Je me souviens d’un débat avec mon ami Jean-Pierre Combe, militant du Pôle pour la Renaissance du Communisme Français. Il me disait que “lorsque toutes les archives sortiront, on découvrira un Staline gris”(sic). Et ce sera déjà une immense avancée par rapport à l‘imaginaire actuel de chacune et de chacun dans la France 2023, qui en fait un monstre, avec une face à la Lucifer, des crochets en guise de mains. “Deux hémisphères du cerveau deux fois plus grands que la normale” dixit un auteur d’une “biographie” de Staline que j’ai lue.
A ce stade, on ne peut que prendre la mesure des mensonges énormes, pris pour vérité historique depuis le lycée, dont nous devons nous débarrasser. Populariser à notre modeste niveau l’excellent livre de Grover Furr. Se demander pourquoi nous sommes tombés dans ce piège grossier que sont les supposés “crimes de Staline” : compréhension qui nous oblige à pointer le rôle joué par les “intellectuels” dits de « gauche », non communistes : contribuant à entretenir activement cette falsification de la réalité communiste.
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· 2°)- Brigitte Bouzonnie. Alain Badiou nous dit que, du temps de Staline, le capitalisme était moins arrogant qu’aujourd’hui. Mais simultanément, il décline toutes les critiques convenues sur le dirigeant de l’URSS entre 1922 et 1953, notamment sa responsabilité évidente, dans “l’existence de fusillades de masses”(sic). Je me garderai bien de critiquer le philosophe pour sa pensée anti communiste. On a milité dix ans au Parti Socialiste Unifié comme Alain Badiou, et l’anticommunisme y était pavlovien. A commencer par le plus célèbre des militants du PSU d’alors : Pierre Mendes-France, viscéralement anti communiste. Viscéralement atlantiste.
Au PSU, la critique du parti communiste français et soviétique était une figure imposée. Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu parler une seule fois de l’idéologie communiste en bien. Je n’étais pas la dernière à pratiquer un anti communisme imbécile. Ainsi, un jour de la fin des années soixante-dix, je m’indignais des “crimes de Staline” révélés dans le livre : l’Archipel du goulag de Soljénistine. On parlait à un vieux militant du PSU, qui, avec sa femme, avait participé à sa création en 1959, en tant que militants de base. J’ai oublié son nom, mais je me souviens qu’il était docteur. Très gentiment, il m’a répondue en substance, qu’il était allé en URSS soigner le Peuple soviétique. Les russes avaient énormément souffert de la guerre (27 millions de morts), et de la mort massive de leurs proches. C’était le peuple le plus formidable et le plus courageux de toute la planète.
Aujourd’hui, dans la France 2023, ce que nous vivions/vivons comme une conviction personnelle : l’anticommunisme, notamment le rapport krouchtchev se révèlent être en réalité une construction sociale mensongère inventée de toute pièce par la CIA. En effet, sur initiative de la CIA, d’anciens nazis et trotskistes ont participé à la falsification de l’histoire soviétique.
En conséquence, il importe de prendre en compte cet aspect peu connu du grand public, même pour les militants politiques que nous sommes (marxistes, Ex-France Insoumise, Pôle pour la renaissance du communisme français, UPR) : celui des mensonges énormes, produit sciemment par des ennemis du Régime comme Krouchtchev, visant à décaniller la Révolution d’Octobre et la période Stalinienne. Le plus souvent mensonges produits sur initiative de la CIA, dont on reconnait le mode opératoire bien connu visant à falsifier une culture ennemie : communiste, humaniste… Et à imposer la sienne.
On s’appuie sur l’excellente vidéo et conférence de l’historienne, Madame Annie Lacroix-Riz intitulée “Le livre noir de l’anticommunisme” à la Librairie tropiques, 2014. Sur le livre récent intitulé : “Krouchtchev a menti » de Grégory Furr, aux éditions Delga, 2023.
1°)-Commençons par le verbatim du début de la vidéo de Annie Lacroix-Riz sur la falsification de l’histoire soviétique : “Il s’agit de montrer comment la Révolution d’Octobre et la suite sont fabriquées, mais à un degré inimaginable, pour le commun des mortels. Tout un travail reste à faire sur les conditions de mise en oeuvre de la falsification de l’histoire soviétique. Et de citer ses deux livres de référence : “L’histoire sous influence” (1984) et “L’histoire toujours sous influence” : 2012. Cela pose le problème des “historiens du consensus”, dont le travail est rémunéré par la CIA. C’est clair que toute une opération politique a été mise en oeuvre en ce sens. Et qu’on la connait mal. Il serait nécessaire de mieux connaitre les milieux dirigeants politiques, patronaux, et un certain nombre d’universitaires influents, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Il y a un très bon auteur américain, dont les problèmes de diffusion montent qu’il n’était pas en cour : Christopher Simpson, auteur de “Retour de Flammes”, 1988. Il s’est intéressé à la “reconversion” des responsables nazis en 1945 par l’Etat profond américain. Il a également écrit sur les universités, l’Empire us, l’argent dans les sciences sociales. Comment les universitaires des universités américaines les plus prestigieuses ont été engagés et promus par la CIA. Comment leurs travaux ont eu beaucoup de succès. Comment la CIA a assuré la diffusion de leurs livres. L’université de Harvard a été associée à des programmes de “connaissance” sur l’Union soviétique, qui n’avaient pas toute la scientificité requise. Il s’agissait d’engager l’université dans une tâche générale, visant à mettre à terre l’Union Soviétique. Comment l’université de Stanford a été associé dans un programme de contre insurrection : travail utilisé dans la répression des combattants vietnamiens, pendant la guerre du Vietnam.
Chez nous, il n’y a rien. Sigmund Diamond, progressiste américains, a montré la compromission des campus avec la Communauté du renseignement en 1945-1946. Ce livre n’est pas traduit. Hélène Schnecker a montré comment le McCartysme culturel était prêt dès 1939, avec une stratégie anti communiste aux Etats-Unis aussi délirante que chez nous. Par exemple, en se focalisant sur le pacte germano-soviétique, histoire de décaniller Staline. Elle a étudié la violence du McCartysme : comment les universitaires honnêtes, qui ne voulaient pas se faire corrompre, ont vu leur vie ruinée.
Dans une interview de la revue Génèses n°49, un universitaire américain aujourd’hui à la retraite raconte : “Je dois revenir sur cette période, qui m’a si profondément marquée, même si je n’étais pas communiste. Démobilisé en 1946, il était impensable de devenir communiste. Et il donne des exemples de personnes, qui ont perdu leur carrière aux Etats-Unis. Il fallait signer un serment à Berkeley et certains sont partis. Moi, j’étais tout jeune, et quand j’ai pris mon poste en 1948, j’ai du signer un serment de loyauté (sic).
2°)- De même, la lecture du livre intitulé : “Krouchtchev a menti » de l’historien Grégory Furr, aux éditions Delga, 2023, est pleine d’enseignements et de révélations majeures. Dans une enquête extrêmement précise, au ton dense, bourrée de tableaux, menant patiemment un travail de recherche éticuleux, Gregory Furr montre comment le rapport Khroutchev de 1956 est un simple copié-collé des critiques de Trotsky des années vingt. Soit trente ans plus tôt. Par exemple, le supposé “culte de la personnalité” dont souffrirait Staline est un reproche fait par Trotsky pendant l’entre-deux-guerres. Malgré toutes ses recherches, on ne possède aucun texte prouvant que Staline plébiscitait ce culte. Au contraire, il refusait de participer à certains meetings, car il ne voulait pas se mettre en avant.
Autre critique formulée par Khroutchev contre Staline : “Staline planifiait ses opérations militaires sur un globe terrestre”. Une telle affirmation ne résiste pas à la conduite des batailles de Stalingrad et de Berlin menée par les généraux Joukov, Vassilievski et Koniev. Ainsi, Jacques Sapir spécialiste de l’URSS et de la Russie explique “comment Joukov et Vassilievski ont conçu la stratégie militaire menant à la capitulation de la VIème armée allemande”(sic), dans un article sur la célèbre bataille publié le 2 février 2023 sur Tweeter. Article que nous repostons ce jour sur la lettre politique indépendante. Idem pour la bataille de Berlin : ce sont Joukov et Koniev qui présentent leur plan de bataille à Staline, mobilisant 2 millions d’hommes. Staline valide ce plan, mis à part une modification concernant les troupes arrivant au sud-ouest de la ville : voir vidéo “La bataille de Berlin” postée hier sur la lettre politique indépendante..
Gregory Furr a réalisé un tableau synthétique de toutes les affirmations proférées par Khroutchev contre Staline, pages 170-172 du livre. En particulier, les accusations faites à Staline “d’avoir pratiqué des répression de masses”. “Effectué des “listes d’exécution”. “Rédigé un télégramme sur la torture”. “Torturé Kossior et Tchoubar sur ordre de Béria”. “Déporter massivement des populations” : autant de “révélations”, qui se révèlent être, après examen, soit des mensonges purs. Soit des affirmations avancées par le seul Khroutchev, et donc non vérifiées. Soit des affirmations généralistes, par exemple, Staline a déporté massivement la population, sans apporter d’accusation et d’arguments spécifiques.
Toute la question est de savoir : pourquoi Khroutchev a-t-il menti ? Gregory Furr donne des éléments de réponse. En 1952, Staline voulait initier une trajectoire politique nettement différente. Enlever les privilèges aux apparatchiks du PCUS. Ces réformes visaient à supprimer le contrôle du parti sur la politique, l’économie, et la culture, et la remettre entre les mains des soviets élus. Pire encore, il avait décidé de réduire de plus de la moitié les salaires des cadres du PCUS. Ce qui fut accompli. Mais Khrouchev, une fois au pouvoir rétablit aussitôt les salaires d’avant, y compris, en se payant le manque à gagner sur plusieurs mois.
C’est ce qui expliquerait sa détestation aigüe de Staline. Sa volonté personnelle de se venger en rédigeant un rapport apocryphe en 1956.
Dire que le rapport Krouchtchev est un fake exige de repenser complètement l’histoire soviétique, l’histoire du socialisme. Et surtout le bien fondé de l’idéologie anti communiste partagé par tout un chacun.
Car ce rapport a porté un coup terrible au mouvement communiste international. Changé le cours de l’histoire. Par exemple, on peut affirmer que Mitterrand ne serait jamais devenu Président de la République en 1981, avec un parti communiste non délégitimé, démonétisé par le triste rapport Krouchtchev.
On voit comment l’idéologie communiste est directement battue en brèche, violemment concurrencée par des intellectuels non communistes. Par exemple, Hannah Arendt et sa supposée “banalité du mal” nazi, bénéficie (grâce à la CIA, dont on reconnait le mode opératoire) d’une publicité mondiale, qui la rendait elle-même surprise de sa propre notoriété : comme le montre un document sonore entendu sur France Inter au cours d’une émission de Intelligence service consacrée à la philosophe (décembre 2022).
En conclusion, on ressent comme un tournis, un vertige, face à cette réalité historique fallacieuse, structurant notre connaissance du monde communiste. Tout reste à reconstruire idéologiquement parlant, avec notamment un Staline, qui sans être une blanche colombe, ne mérite pas tous les crime, qu’on lui attribue, autrement que sur le papier du rapport Krouchtchev. Je me souviens d’un débat avec mon ami Jean-Pierre Combe, militant du Pôle pour la Renaissance du Communisme Français. Il me disait que “lorsque toutes les archives sortiront, on découvrira un Staline gris”(sic). Et ce sera déjà une immense avancée par rapport à l‘imaginaire actuel de chacune et de chacun dans la France 2023, qui en fait un monstre, avec une face à la Lucifer, des crochets en guise de mains. “Deux hémisphères du cerveau deux fois plus grands que la normale” dixit un auteur d’une “biographie” de Staline que j’ai lue.
A ce stade, on ne peut que prendre la mesure des mensonges énormes, pris pour vérité historique depuis le lycée. Et au moins poser le problème de notre compréhension fallacieuse de l’URSS, notamment celui du rôle joué par les “intellectuels” dits de gauche, contribuant à la falsification de la réalité communiste.