Le Secours catholique s’attend à une montée de la pauvreté
Le Figaro, article rédigé par Marc Landré le 17 novembre 2021
Les années se suivent et se ressemblent… Comme en 2020, le Secours catholique dresse un tableau apocalyptique de l’état de la pauvreté en France. Certes, la précarité n’a pas explosé dans l’Hexagone sous l’effet de la pandémie, en raison des divers dispositifs d’aide déployés par le gouvernement en vingt mois. Mais la crise a dégradé la situation des 780.000 personnes rencontrées l’an dernier par les quelque 61.000 bénévoles de l’association. Et cela est vrai qu’elles soient proches du seuil de pauvreté ou sans aucune ressource financière.
«Les filets de sécurité ont pu figer la situation de certains, mais des effets à moyen ou long terme sont à craindre», prévient Véronique Devise, la présidente de l’association fondée il y a soixante-quinze ans. Comment pourrait-il en être autrement quand le niveau de vie médian de 38.800 ménages suivis par le Secours catholique l’an dernier ne dépasse pas 537 euros par mois, ce qui revient à dire que les deux tiers d’entre eux vivent sous le seuil d’extrême pauvreté?
Autres sources d’inquiétude: la part des impayés, pour 42 % liés au logement (loyer, remboursement de prêt immobilier), concerne désormais la moitié des familles accueillies et atteint 777 euros, soit 18 euros de plus qu’en 2019. Et un tiers des ménages vit dans un logement instable ou n’a pas de domicile fixe…
Insécurité alimentaire
«L’épidémie a été un véritable révélateur de nos fragilités sociales, pointe la présidente du Secours catholique. Une femme seule avec deux enfants qui se retrouve avec 80 % de son salaire (grâce à l’activité partielle, NDLR), c’est certes un réel amortisseur social, mais les 20 % manquants font cruellement défaut au moment de payer le loyer ou la facture de chauffage.» D’ailleurs, dans une annexe spécifique du rapport dédiée à l’accès à l’alimentation, l’association caritative relève que 3 ménages sur 10 ayant reçu en 2020 des paniers repas ont subi une perte de revenus, principalement liés au travail, et 6 sur 10 ont vu leurs dépenses augmenter du fait de la fermeture des cantines scolaires lors du premier confinement.
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Résultat, 9 ménages sur 10 se considèrent en situation d’insécurité alimentaire, dont 27 % en « insécurité grave » au motif qu’ils ne mangent pas pendant une journée entière, ou davantage, de manière régulière. «Faire ses courses, choisir ce que l’on va manger est un luxe pour une part croissante des familles en France, observe Véronique Devise. L’alimentation est devenue une variable d’ajustement de ces budgets serrés avec des conséquences bien sûr sur la vie sociale mais aussi sur la santé des personnes.»