LE ROLE CAPITAL DU PARTI COMMUNISTE FRANCAIS DANS L'UNIFICATION IDEOLOGIQUE DU MONDE DU TRAVAIL !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie au mois de juin 2018
Cet article s’adresse aux anti communistes, comme j’ai pu l’être bêtement, lorsque j’étais au PSU. Mais depuis, j’ai découvert le beau parti communiste de l’entre-deux-guerres, qui a unifié idéologiquement le monde du travail derrière lui, surtout pendant l’entre-deux-guerres : un travail unique sur lequel le Rassemblement “Pouvoir au peuple” doit absolument prendre exemple.
Aujourd'hui, Histoire. On se plonge dans l'histoire du Parti communiste français, qui a contribué à une forte unification idéologique du monde du travail. Et comment les Classes populaires des années cinquante ont pu construire leur identité propre avec succès autour du PCF et de la CGT. Grâce aux travaux de Julian Mischi : "Servir la Classe ouvrière-sociabilités militantes au PCF. Presses universitaires de Rennes. Janvier 2010. Et de Gérard Noiriel : "Les ouvriers dans la société française XIXème, XXème siècle, éditions Point n°88, 1986.
1)-Le faible enracinement sociologique de la Classe ouvrière française…
Gérard Noiriel étudie la formation sociologique de la Classe ouvrière française. A la différence des Classes ouvrières anglaise et allemande fortement et très tôt enracinées sociologiquement autour de grandes villes ouvrières comme Liverpool, le monde du travail français a une trajectoire propre, originale. La Classe ouvrière française reste longtemps NOMADE. Les travailleurs vont de ville en ville, comme le montre le très beau livre de Georges Navel "Travaux", Folio, Gallimard effectuant de nombreux métiers dans toute la France. La Classe ouvrière est faiblement enracinée sociologiquement. Les salariés travaillent le plus souvent dans de petites entreprises de moins de 10 salariés. Pendant longtemps, les enfants de ces ouvriers ne deviennent pas à leur tour ouvrier, sauf dans ce que Noiriel appelle "la génération singulière". La génération ouvrière de 1936 s'enracinant au moins une fois, et produisant une seconde génération d'ouvriers dans les années soixante. Mais c'est l'exception. En France, le liant sociologique est faible. L'unité du monde du travail se fait d'abord autour des idées du Parti communiste et de la CGT.
2)-L’unification du monde du travail se fait sur le mode idéologique, grâce à la CGT et au PCF :
La puissance électorale et militante du Parti Communiste Français se constitue lors du Front Populaire et à la Libération. Puissant dans les années cinquante, il retrouve une embellie dans les années 70, grâce au Programme Commun. Puis s'érode à partir des années 80. Ce travail de forte politisation du monde du travail, l'imposition d'une culture de la différenciation entre "eux" (Bourgeoisie) et "nous" (les ouvriers) prend appui sur la promotion d'un personnel politique d'origine ouvrière comme Maurice Thorez, Ambroise Croizat, ou Antoine Porcu.
Antoine est d’abord ouvrier puis député de Longwy :
Fils d'ouvrier antifasciste, responsable communiste dans le bassin de Longwy, Antoine illustre bien cette aristocratie ouvrière venue à la politique. Il fait ses preuves dans les grèves et l'organisation routinière du militantisme local. Licencié des Aciéries de Gorcy en 1953, suite à de très importants mouvements de grève, il devient permanent local. Contribue à une grande différenciation ouvrière et partisane, en renforçant la dichotomie entre "eux" et "nous". Dans les années soixante-dix, il brigue le poste de député de Longwy contre le fils du Maître des forges des aciéries de Gorcy, Bernard L'abbé, qui l'a licencié en 1953. Ce qui lui donne bien sûr une légitimité incroyable auprès de tous les ouvriers de la région, qui votent tous pour lui.
Mais ce travail de différenciation s'érode :
Mais à la fin des années 70, tout ce travail de différenciation mené par le PCF s'érode : sous l'impact notamment d'une stratégie politique privilégiant un discours généraliste, en porte à faux avec les ouvriers. Robert Hue se dit au service "de la majorité des français". Et "veut incarner la société dans sa diversité". Même discours de la part de MG Buffet et de P. Laurent. Un nouveau personnel politique communiste s'impose : venu du secteur public, des classes moyennes (beaucoup d'enseignants et de fonctionnaires), en rupture nette avec les militants communistes ouvriers des années 50, comme Antoine. La désouvriérisayion du PCF est à son apogée : sur le bassin de Longwy, les ouvriers qui étaient 93% en 1966 ne sont plus que 50% en 1977, soit 33 points en moins. La part des ouvriers au PCF passe de 46,5% en 1979 à 31% en 1997. En octobre 2002, on ne compte que 10% d'ouvriers parmi les délégués au congrès. Ian Brossat, dont le bureau à la Mairie de Parie est à proximité de celui d'Hidalgo, futur chef de liste PCF des Européennes illustre bien ce communisme caviar, totalement déconnecté de la réalité et des souffrances des classes populaires.
Résultat : la perte de repères idéologique du monde du travail :
Au début, en 1973, le vote ouvrier est communiste. En 1981, 81% des ouvriers et des employés vote Mitterrand. En 1988, les ouvriers sont encore 41% à choisir Mitterrand. Mais à partir de 1993, la part des ouvriers commence à décroître dans le vote PS. En 2002, ils ne sont plus que 11% à voter Jospin et sa campagne non socialiste. En 2007, on assiste à un très léger rebond avec 25% d'ouvriers votant Ségolène. Mais au même moment, ils sont 52% à voter Sarkosy. En 2017, les ouvriers se réfugient dans l'abstention (45%) et dans le vote Mélenchon : 25%.
La “fin” de la Classe ouvrière, c’est donc d’abord en France la démonétisation de la culture communiste, qui unifiait les têtes et les coeurs, à défaut d’un liant sociologique tardif, dont le rôle en France est plus secondaire. Bien sûr, on ne sous-estime pas l’importance, ni les ravages de la fermeture des fiefs industriels du Nord et de l’Est de la France. Ni les effets délétères du licenciement de 85% des ouvriers de la Régie Renault (chiffre du site ELUCID). On ne sous-estime pas les effets de la désindustrialisation massive, initiée par le félon mitterrand, qui, en faisant le choix d’une mondialisation outrancière, a favorisé les délocalisations massives de toutes nos filières industrielles. Désindustrialisation, qui explique aussi la diminution numérique du nombre d’ouvriers français.