"Pouvoir au Peuple" préconise la nationalisation de toutes les grosses entreprises françaises. La nationalisation se fait sous contrôle ouvrier !
Version 3, Texte rédigé par Brigitte Bouzonnie le 4 août 2023
Proposition n°44°)- Le Rassemblement Pouvoir au Peuple préconise la nationalisation de l’ensemble des grosses entreprises françaises. La nationalisation se fait sous contrôle ouvrier
Pour cette partie, nous nous appuyons sur le programme du PSU rédigé par Michel Mousel
La suppression du marché ne peut pas être décrétée. Son dépérissement, condition de toute construction communiste, résultera de la disparition des conditions sociales, qui rendent nécessaires l’existence d’échanges marchands : notamment l’individualisation des lieux de production par la propriété privée.
Le marché est un lieu de confrontation aveugle entre des projets réalisés indépendamment les uns des autres. En système capitaliste, le marché est régi par la recherche du profit : non que le profit naisse miraculeusement du marché comme le croient les économistes bourgeois. Mais parce que l’exploitation réalisée dans la production. La plus- value extorquée aux salariés ne prend la forme monétaire du profit qu’à l’occasion de la vente de marchandises.
La transformation des rapports de production n’est possible, que si, dès maintenant, les échanges marchands, l’orientation des productions, l’emploi des travailleurs, la formation des revenus sont soustraits à l’expression marchande de l’exploitation : le profit.
S’attaquer au marché capitaliste, c’est donc faire en sorte que les échanges marchands n’obéissent plus à la recherche du profit, mais s’organisent en fonction d’une maitrise collective des choix de production et de consommation. Et des objectifs d’investissement, d’emploi, de revenu, de dépenses qui ne découlent.
Le Rassemblement Pouvoir au Peuple préconise donc la nationalisation/étatisation de l’ensemble des entreprises françaises comptant 1000 salariés et plus. La nationalisation se fait sous contrôle ouvrier.
Cette maitrise collective passe par une double stratégie :
1°)- La nationalisation/étatisation de l’ensemble des entreprises françaises occupant plus de 1000 salariés :
Aujourd’hui, un vaste programme de nationalisations est nécessaire, pour trois raisons étroitement liées : a)-Donner à la collectivité les moyens de dominer la crise économique, notamment le chômage et la pauvreté de masse. Et de s’opposer aux manœuvre de sabotage, que tentera la bourgeoisie. b)-Permettre une réorientation profonde de l’appareil productif en fonction des objectifs qui seront démocratiquement décidés par la planification : notamment la nécessaire relocalisation de nos activités. c)-Expérimenter une autre organisation du travail. d)-Enfin et surtout, mettre en œuvre le pouvoir de contrôle à la base des travailleurs.
Le champ des nationalisations prévues par le Rassemblement Pouvoir au Peuple :
-toutes les banques, y compris les banques d’affaires et les assurances.
-Les entreprises du secteur de l‘énergie (EDF).
-Le secteur de l’automobile (Renault).
-L’Aéronautique.
-La Sidérurgie.
-La Chimie….
-Le textile et l’habillement
-L’industrie alimentaire
-Tous les Médias, c’est à dire toutes les chaines de télévision et de radios. Les journaux subventionnés : Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Parisien, le JDD, La Croix, Le Canard enchainé
-Nationalisation immédiate de Facebook, Tweeter et de tous les réseaux sociaux.
-Tous les laboratoires médicaux : Pfizer, Astrazeneca, Moderna….
Toutes les entreprises sont nationalisées/étatisées de façon « classique », dès qu’elles occupent plus de 1000 salariés.
2°)-La nationalisation sous contrôle ouvrier :
L’axe de l’extension du contrôle collectif est nécessairement le contrôle ouvrier. C’est à la source, donc au niveau de la production que doit s’exercer ce contrôle. Cela suppose une forte organisation de classe. C’est le syndicat implanté dans l’entreprise qui est le garant du contrôle populaire.
Le comité d’entreprise constitue la structure essentielle du contrôle ouvrier. Créé par les ordonnances du 22 février 1945, le comité d’entreprise ne bénéficie à ce jour que d’un vague droit de regard sur la vie économique de l’entreprise. Dans la perspective qui est la nôtre, des changements substantiels sont à attendre.
Proposition n°45 : Le rassemblement Pouvoir au Peuple dote le comité d’entreprise d’un véritable pouvoir de décision, tant sur les choix économiques de la structure, que sur le niveau de l’emploi dans l’entreprise.
Le comité d’entreprise dispose aussi et sans réserve d’une information complète sur l’activité de l’entreprise, ce qui suppose la levée du secret bancaire. Et l’ouverture permanente des livres de compte, permettant un contrôle de la formation des prix et des mouvements de marchandises.
Le Comité d’entreprise dispose d’un droit de véto sur toutes les questions touchant directement le sort des salariés : emploi, tout ce qui concerne les licenciements en cours. Modification des conditions de travail. Grille de qualification. Il dispose d’un droit d’appel suspensif sur certaines décisions de la direction : prix, investissement, décision de délocalisation, échange extérieur…
Le président du Comité d'Entreprise est obligatoirement élu par les représentants des salariés. En aucune façon l’employeur ne peut présider un comité d’entreprise. De plus et afin d’éviter la concentration des pouvoirs sur une seule personne, le principe d'une présidence tournante doit être appliqué
La légalisation de comités d’entreprise dotés d’un véritable pouvoir de décision constituent une véritable révolution dans la répartition du pouvoir au sein de l’entreprise, depuis le capitalisme à ses débuts.
La légalisation de comités d’entreprise dotés d’un véritable pouvoir de décision est une véritable révolution, qui met fin à la figure du patron tout puissant dans l’entreprise, seul maitre après dieu. Et de salariés considérés comme des fourmis au pouvoir tout juste consultatif.
La publication d’une loi publiée au Journal Officiel de la république Française ne suffit pas à imposer les nouveaux comités d’entreprise disposant d’un véritable droit de décision. Voilà pourquoi, l’imposition réussie d’une logique autogestionnaire ne passe pas seulement par une seule démarche législative. Elle se fait aussi à la base, dans les entreprises, dans les luttes sociales.
Seule une lutte sociale réussie est de nature à créer un rapport de forces suffisant, capable de faire céder les réticences patronales. En imposant la logique autogestionnaire par les luttes, nous reprenons à notre compte la stratégie autogestionnaire par les luttes, préconisée par le grand responsable syndical cédétiste des années 1970 : Frédo Krumnov.
Le contrôle ouvrier dans l’entreprise est le moteur d’une généralisation du contrôle des travailleurs sur l’économie française. A partir du contrôle ouvrier se développe le contrôle populaire en dehors du lieu de travail. Vaste problème qui ne sera certainement pas résolu du jour au lendemain.
La question de la “compétence” des syndicalistes à diriger une entreprise :
-A ce stade, on va certainement nous opposer « l’argument » selon lequel les syndicalistes de base du comité d’entreprise ne sont pas « capables » de prendre des décisions économiques, assurant la bonne vie de l’entreprise. On leur répondra par une petite histoire racontée par l’économiste Frédéric Lordon : « un jour, on a fait jouer des singes à la Bourse à la place des traders. Et le résultat n’a guère été différent des BAC +150 en science du marché » (sic).
Bien sûr, on ne souhaite pas comparer les syndicalistes à des singes, mais dire que le souci des membres du comité d’entreprise de défendre l’équipe salariée. La bonne marche de l’entreprise. Et de façon générale les intérêts économiques de la France : valent bien les pures trahisons de nombreux patrons, allant sans vergogne contre la défense économique minimale de notre pays. Décidées au profit des seuls intérêts américains (coucou le patron d’Alsthom). Sans parler de leurs décisions ubuesques : partir en Suisse en prenant la caisse. Licencier toute une entreprise d’ouvriers qualifiés, au seul motif de faire monter le cours de la bourse…
Dans les années 1960/1970, les responsables du parti communiste français avaient pour habitude, c’était même une figure imposée du discours communiste d’alors, que de critiquer la mauvaise gestion des groupes français par leurs dirigeants. Soit. Arrivent le chômage et la pauvreté de masse à compter des années 1980, résultat en partie liée à la stratégie d’ouverture des frontières. La liquidation presque totale de notre secteur industriel : -2,5 millions de salariés supprimés dans le secteur secondaire entre 1974 et 2018. Des fautes énormes de gestion, il y en avait, à n’y pas croire. Et là, le PCF s’étant entre temps droitisé avec Hue, Buffet et Laurent. Les autres responsables de partis silencieux : il n’y a plus personne pour dénoncer les incroyables erreurs de gestion commises par les responsables de grands groupes français. Entre temps, la France est passée du 4ème rang mondial (sous Pompidou) au 46ème rang sous Macron : les patrons français y sont un peu pour quelque chose.
Ce petit rappel historique pour poser, que les syndicalistes ne feront pas pire que les patrons de choc, à la tête de notre appareil productif entre 1981 et aujourd’hui. On dira même que la « compétence », « l’honnêteté », “l’amour de la France” sont du côté du Peuple français. Pas de celui de ses patrons.
Conclusion :
On voit bien comment le contrôle ouvrier, via les nouveaux pouvoirs donnés au comité d’entreprise, ouvre une brèche sérieuse et irréparable dans le droit de propriété sacré. Qui plus est, pilier de la civilisation néolithique, avec l’Etat et la famille, comme analyse le philosophe Alain Badiou. Or on le rappelle : aujourd’hui, 10% des hommes contrôlent 86% des richesses mondiales.
Avec ses pouvoirs d’information complète sur la vie de l’entreprise, son droit de véto sur toutes les décision importantes prises par l’employeur, les pouvoirs du comité d’entreprise new look battent en brèche sérieusement la propriété privée des grands moyens de production, tel que prévue par le code civil. Et surtout le contrôle des richesses mondiales par une petite oligarchie cupide, à qui il en faut toujours plus : toujours plus de cash flow, toujours plus de grandiose. Toujours plus de part de marché internationale.
De la même façon, les pouvoirs du comité d’entreprise battent sérieusement en brèche l’appareil d’Etat, vu comme seul pilote de la vie économique de la France pour l’année qui vient et l’année à venir : le rôle de Bercy en particulier sera fortement remis en cause
En tout état de cause et dans les deux cas, l’établissement d’une situation de double pouvoir (pouvoir à la base, pouvoir central) ne peut que conduite à l’affrontement de ces deux pouvoirs. Et à terme au dépérissement de l’Etat et au seul pouvoir à la base, qui dirigera seul le pays. L’établissement d’un double pouvoir dans l’entreprise conduira nécessairement à l’affrontement entre le pouvoir de l’employeur et le pouvoir des salariés (via le comité d’entreprise). Et donc à terme, au dépérissement du pouvoir de l’employeur. Donc à la fin de la propriété privée.