"Le populisme ronge nos campagnes qui ont peur d'être abandonnées", dixit Hollande : que de pudeur, que d'émotion contenue... !
Article rédigé par Brigitte Bouzonnie en février 2017
Au salon de l'agriculture, Hollande a agité le spectre du vote FN, par cette petite phrase : "le populisme ronge nos campagnes, qui ont peur d'être abandonnées". Clin d'oeil à l'ouvrage du géographe Christophe Guilly,-La France périphérique, Flammarion, septembre 2014, affirmant que, faute d'argent, les classes populaires sont contraintes de vivre dans les zones rurales, devenues le nouveau fief du FN
1)-L'idée selon laquelle le vote Le Pen recouperait nos campagnes abandonnées est contestable !
Sur le plan théorique, l'affirmation selon laquelle l'électorat FN recouperait pile poil les zones rurales est contestable. Ainsi, des chercheurs sur le FN, comme Violaine GIRARD : dans la revue de sociologie Savoir/Agir, montrent que le FN est très présent dans certaines zones très dynamiques, où règne le "management", l individualisation forcenée de la main d’oeuvre : prime au mérite, etc...De son côté, l'INSEE vient de publier une étude, montrant que le vote FN n'est pas si rural que cela...Jacques Lévy, spécialiste en géographie électorale, montre que la carte du RN ne recoupe pas la carte rurale (France Inter du 10 février 2022).
2)-Retour sur “nos campagnes qui ont peur d’être abandonnées"
Revenons sur la fin de la phrase de Hollande : "nos campagnes qui ont peur d' être abandonnées(sic)". Que de pudeur, que d'émotion contenue... ! Au bon chic humanitaire élyséen, il est une posture très tendance : celle du simple spectateur qui annonce la météo sociale, tout en faisant très attention de ne rien FAIRE. Soit, la posture du technicien en blouse blanche décrivant le phénomène, le "beau cas", derrière son microscope. Ainsi, selon le "professeur" Hollande, le seul risque social actuel est une simple "peur"(sic) des ruraux de se voir abandonnés. Quelle lucidité dans une telle analyse. ! Comme si l'abandon des ruraux (agriculteurs et classes populaires résidant dans les zones rurales) n' était pas EFFECTIF, CONSOMME depuis des décennies de politiques hyper libérales menées par l'UMPS... !
Générant des dommages IRREPARABLES, si on ne change pas radicalement de politique, en faisant notamment le choix d'une politique keynésienne. Mais le professeur Hollande préfère l'euphémisme, le parler feutré de salon, sans grand risque : qui ramène la pauvreté immense sévissant dans les campagnes, que l'on "traite", en distribuant à grands coups le RSA, -bien sûr, pas pour tout le monde, et seulement au bout de 12 mois de procédure tatillonne malheureusement,- à une simple "inquiétude". Des "idées noires" que se feraient bien à tort les habitants des zones rurales sous le soleil de plomb de la prospérité et de la croissance pour tous, et d'un avenir radieux non moins évident...!
Tout ce verbiage prononcé par François 1er devant les agriculteurs en colère, et qui relève de la gesticulation pseudo solidaire, la mise en scène publique d'une fausse pitié vis a vis des ruraux pauvres, une classe haïe et méprisée, chichement tolérée ), en trainant des pieds, le coeur lourd de prolophobie assassine...
La compassion de la République éplorée ? Poudre aux yeux, fumisterie. Foutaises. Jamais, il n'est question, de la part de cet homme de pouvoir ultra-libéral, de s'interroger sur des vrais "besoins réels" des agriculteurs et des classes populaires habitant les zones rurales. Et le pire, c'est que nos gazettes préférées, "Le Monde", "Libé", "Le Nouvel Obs" vont prendre appui sur cette phrase, clamer haut et fort que Hollande est devenu, par la seule magie de quelques mots, plus "social" que d’habitude, pas un nouvel Abbé PIERRE, mais tout comme...!