Le plein emploi n’est pas pour demain !
Article rédigé le 5 septembre 2024 par Olivier Berruyer pour le site ELUCID
Le chômage en France 2ème trimestre 2024
Il y a quelques mois, le gouvernement s’était bruyamment félicité des chiffres du chômage en baisse, parlant même d’un futur retour au « plein emploi ». Les grands médias avaient alors relayé sa propagande sans recul. Pourtant, enjolivée par des interventions statistiques, la reprise de l'emploi était bien moins réjouissante qu'annoncée. A contrario, un large silence médiatique a accompagné les derniers chiffres du chômage, qui révèlent une tendance incertaine, les mois de baisse alternant avec ceux de hausse. Si l'on en croit certains indicateurs avancés, la situation de l'emploi devrait probablement se dégrader d’ici la fin de l’année 2024.
1- Une légère amélioration au 1er semestre
2- Un actif sur cinq est inscrit à France Travail
3- Des évolutions différentes entre catégories
4- Fin d'une baisse historique des entrées à France Travail
5- Réalités statistiques
6- Un retournement en cours ?
Ce qu'il faut retenir
Cette analyse graphique originale d'Olivier Berruyer pour Élucid est une mise à jour de notre suivi régulier et actualisé des grands indicateurs économiques.
Rappelons tout d'abord qu’en France, il existe plusieurs manières de définir un « chômeur » et donc de mesurer le chômage. France Travail distingue cinq catégories de chômeurs, à la recherche de n’importe quel type de contrat (CDI, CDD, à temps plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier). La catégorie la plus utilisée dans le débat public est la catégorie A, qui désigne « une personne sans emploi, à la recherche de n’importe quel type de contrat, et tenue de rechercher activement un emploi ».
Une légère amélioration du chômage au 1er semestre 2024
Selon France Travail, en moyenne au 2e trimestre 2024, le nombre de chômeurs en « catégorie A » est en diminution de -11 000 personnes, soit 0,4 % de baisse. Le nombre de chômeurs au sens large (catégories A à E) a baissé de -20 000 personnes, soit -0,3 %. Le nombre d’intérimaires a quant à lui fortement baissé de -16 000 personnes, soit -2 %.
Si l'on observe de plus près la variation du chômage (de catégorie A), on constate un comportement assez étrange, très erratique depuis la fin de 2022, alors que 10 ans auparavant, les évolutions suivaient les grands cycles économiques.
C’est surprenant, surtout dans un contexte de dégradation marquée de l’économie, comme on l’a vu dans notre article sur la conjoncture ou celui sur l’activité économique en France.
En revanche, si l'on élargit le spectre à l’ensemble des chômeurs (qu’ils aient récemment travaillé ou pas, catégories A à C), les choses redeviennent un peu plus « logiques ».
On observe une dégradation continue de la situation entre début 2022 et fin 2023, en phase avec l’activité économique. La baisse de 2024 apparaît beaucoup moins marquée pour cette catégorie de chômage élargie.
Cela indique donc que l’évolution du nombre de chômeurs de catégorie A ne suit pas une évolution uniquement « naturelle » ; elle est influencée par d’autres facteurs, dont des manipulations statistiques (reclassements entre catégories, etc.). L’évolution de l’ensemble des inscrits à France Travail est également cohérente.
Une analyse plus fine de l’évolution du dernier trimestre laisse apparaître une différence très marquée par genre, avec -12 000 femmes de moins au chômage, mais 700 hommes de plus. Le nombre de jeunes au chômage a baissé de près de 4 000 et celui, celui des chômeurs d’âge intermédiaire de 8 000 ; le nombre de séniors au chômage est resté stable.
Mais l’amélioration semble avoir cessé depuis mai...
Cependant, la légère amélioration constatée au premier semestre 2024 semble déjà s’achever selon les chiffres mensuels. Le nombre de chômeurs (catégorie A) a en effet recommencé à augmenter assez fortement en juin, avec + 20 000 personnes, soit la plus forte hausse depuis 2017, après une stabilisation en mai. Le chômage a cependant de nouveau reflué en juillet avec -22 000.
Il en est de même pour l’ensemble des chômeurs au sens large (inscrits à France Travail ne travaillant pas, catégorie A à C).
Ces comportements du chômage sont vraiment inhabituels et donc peu « naturels », d’autant que l’environnement économique est plutôt morose. Il semble que l’économie veuille se retourner, mais que des interventions semblent l’en empêcher.
C’est probablement une conséquence des dépenses incontrôlées du gouvernement, que nous avons analysées dans notre article sur le Budget de l’État en France, mais celles-ci touchent à leur fin.
Une baisse depuis 2018 pas si « historique » : 1 actif sur 5 reste inscrit à France Travail
Depuis 2007, le nombre de chômeurs en Catégorie A – c’est-à-dire des « personnes sans emploi récent qui en recherchent un » – a de plus en plus fortement divergé de celui des chômeurs selon la définition du BIT (Bureau International du Travail) qui est utilisée pour les comparaisons internationales, et qui est sans cesse mise en avant par le gouvernement.
Le chômage au sens du BIT a baissé notablement en raison de reclassements internes dans ses catégories, principalement pour les séniors qui ont été de plus en plus retenus sur le marché du travail (et au chômage) par les réformes des retraites.
Ces manipulations statistiques posent un vrai problème, car l’Insee utilise cette définition restreinte du BIT pour calculer le taux de chômage, que la plupart des médias et des dirigeants politiques reprennent, puisqu'il est bien moins élevé (il ne comptabilise pas beaucoup de chômeurs considérés comme inactifs). Cela fausse évidemment la lecture des chiffres du chômage. Le taux officiel du BIT est ainsi actuellement de 7,5 % de la population active.
Premier point : c’est un chiffre qui est bas par rapport aux moyennes depuis 1982, mais il reste élevé, sans commune mesure avec la situation de plein emploi des Trente Glorieuses. Vouloir faire croire le contraire est donc extrêmement manipulatoire. C’est pourtant ce que le président Macron et la majorité ont fait au printemps 2023, en déclarant que le « plein emploi est atteignable, plus proche que jamais », ce qui est évidemment faux.
Source : Twitter
Second point : si l'on souhaite corriger les imperfections de la méthode du BIT liées à la hausse de la proportion de chômeurs très âgés, il suffit simplement de se baser sur les chiffres de France Travail. Avec la seule Catégorie A, le taux de chômage n’est alors plus de 7,5 %, mais plutôt de 10 %. Et si l'on prend tous les inscrits, on dépasse les 20 % de la population active ! 1 actif sur 5 est donc inscrit à France Travail.
En fin de compte, le niveau de chômage – qu’il soit mesuré par France Travail ou le BIT – est donc assez proche du niveau enregistré à la veille de la crise de 2008. En revanche, le total des inscrits à France Travail est, de loin, à ses plus hauts historiques. Nous vous renvoyons à notre chronique vidéo où nous avons démonté la propagande gouvernementale au sujet du chômage.
Des évolutions étrangement différentes entre catégories
Autre problème : au niveau des catégories au cours du dernier trimestre, on observe une très étrange décorrélation entre la catégorie A, qui baisse de 11 000 personnes, la catégorie B qui baisse d’à peine 1 000 chômeurs et la catégorie C qui augmente de 500 chômeurs.
Si l’on considère l’ensemble des catégories définies par France Travail, depuis trente ans, le nombre de chômeurs en France a augmenté significativement, particulièrement depuis la crise de 2008 : il est en effet passé de 4 millions à près de 7 millions d’inscrits en 10 ans, avant de retomber au niveau actuel de plus de 6 millions.
La seule « Catégorie A » – dont on parle généralement dans les médias – comptabilise toujours 3 millions de chômeurs.
On observe également un autre problème statistique en 2022, avec une baisse du nombre de chômeurs en catégorie A qui ne correspond en rien à une baisse du chômage au sens du BIT. Ce phénomène est simplement lié à un retraitement statistique opéré par France Travail, qui a basculé des dizaines de milliers de chômeurs de la Catégorie A, très scrutée, vers d’autres catégories, sans aucun impact sur le total des inscrits. Et cela génère des discordances étonnantes entre les catégories.
Beaucoup d'indices montrent que le gouvernement a mis une énorme pression pour forcer les chiffres du chômage à atteindre le bas niveau actuel – le quotidien La Marseillaise a par exemple publié des témoignages édifiants de ces actions proches de la manipulation statistique.
Depuis 2021, le nombre d’inscrits en catégorie A a beaucoup baissé, mais pas celui en catégories B et C, qui sont pourtant proches (rappelons que ce sont simplement des chômeurs qui ont plus ou moins travaillé au cours du mois passé).
Ces discordances s’observent bien en analysant l'évolution en nombre des catégories de chômeurs au fil des mois, surtout depuis mi 2022.
Elles deviennent même flagrantes lorsque l'on compare avec les périodes précédentes de forte baisse du chômage, en 2000 ou 2007. À l’époque, les catégories A, B et C baissaient bien ensemble la plupart du temps.
Or, en 2022, elles avaient des tendances opposées. Ce phénomène de divergence entre catégories a repris en 2024, signe que des phénomènes « non naturels » sont probablement à l’œuvre (reclassements entre catégories, radiations, subventions à l’emploi, impactant seulement certaines catégories…).
La fin d’une baisse historique des entrées à France Travail
Sur longue période, les entrées mensuelles à France Travail sont passées de 400 000 en 1996 à 570 000 mi 2024. Les motifs d’entrées (démissions, recherches de premier emploi, fins de contrat d’intérim ou de CDD…) n’ont pas varié dans de grandes proportions ces 25 dernières années.
La baisse du chômage depuis 2021 a été le résultat d’une forte baisse des entrées et d’une relative stabilité des sorties. Ce phénomène positif s’est terminé en juillet 2023.
Désormais, les entrées sont à la hausse et les sorties à la baisse, ce qui montre la dégradation de l’économie et explique la hausse du chômage.
On comprend mieux l’origine de cette baisse des entrées en observant le taux d’emplois vacants, c’est-à-dire la proportion d’emplois (nouvellement créées, inoccupés ou occupés) pour lesquels des démarches actives sont entreprises pour trouver le candidat convenable.
Il saute aux yeux que, même si elle s’est améliorée, la situation reste exceptionnelle : ce taux est près de 3 fois supérieur à sa moyenne 2003-2013. Plus de 2,5 % des emplois sont vacants, soit 360 000, essentiellement en raison de difficultés à trouver un remplaçant.
Après la crise du Covid, au vu des difficultés de recrutement, de très nombreuses entreprises ont préféré ne pas se séparer d’employés de crainte de ne pouvoir en retrouver à court ou moyen terme.
C’est cela qui explique que les entrées à France Travail sont tombées à un très bas niveau en 2021, ce qui a mathématiquement beaucoup joué dans la baisse du chômage. Mais ce phénomène est désormais terminé. La question qui se pose désormais est donc : combien de ces postes excédentaires les entreprises vont-elles garder à moyen terme ?
Plus en détail, les motifs des entrées à France Travail montrent bien la baisse des licenciements et des fins de contrats après la crise du Covid. La hausse récente des « retours d’inactivité » a deux principales causes : les retours de maladie (après Covid par exemple) et de formation (suite aux manipulations statistiques pour sortir des chômeurs de la catégorie A).
Le nombre de sorties de France Travail a également progressé depuis 1996, passant de 350 000 à 560 000 actuellement.
On note une forte augmentation de la part des défauts d’actualisation dans le nombre de sorties : elles représentaient 90 000 personnes en 1996, soit moins de 30 % des sorties, contre 250 000 mi 2023, soit 45 % des sorties.
Cette explosion historique des radiations s’accompagne d’une très brutale chute des sorties pour reprise d’emploi, qui revient à un niveau inconnu depuis 10 ans. Contrairement à la propagande gouvernementale, la situation de l’emploi, bien que longtemps en amélioration, n’est en rien radieuse.
La hausse des radiations administratives est également notable : entre 1996 et 2007, les radiations administratives de France Travail ont été multipliées par 6, passant de 8 000 à 50 000 par mois. Elles fluctuent depuis entre 40 000 et 56 000 par mois, un maximum historique qu’elles viennent d’atteindre.
Cette forte augmentation des radiations et des défauts d’actualisation, même après la présidentielle 2022, confirme bien les actions menées pour embellir fictivement les chiffres du chômage.
Un nombre d’offres d’emplois élevé, mais insuffisant face au chômage de masse
Alors qu’en 2019 le nombre d’offres d’emplois collectées par France Travail chaque mois oscillait autour de 280 000, il est monté jusqu’à près de 350 000 en 2022-2023 – c’est une des conséquences des problèmes actuels de recrutement. Cependant, ce nombre ne cesse de diminuer depuis la mi 2023, ce qui confirme le fait que l’économie est en retournement.
Cependant, avec 15 fois plus de demandes que d’offres d’emploi, même si toutes ces offres étaient pourvues en un instant, il resterait toujours plusieurs millions de chômeurs en France.
Réalités statistiques
Il existe également de vastes différences des taux de chômage au niveau local : les départements du nord de la France et ceux du pourtour méditerranéen sont fortement frappés par le chômage, et plus encore ceux des Départements d'outre-mer.
Terminons par une observation du chômage de longue durée. Celui-ci n’a cessé d’augmenter entre 2009 et 2021. Une décrue a enfin lieu entre 2021 et 2023, mais elle reste insatisfaisante. Le nombre de chômeurs de longue durée reste en effet identique à celui de 2015. Et le mouvement de baisse semble désormais terminé.
Cette baisse s’est logiquement ressentie sur la durée moyenne passée au chômage. Passée en une décennie de 13 mois à 23 mois, elle vient de baisser d’à peine 2 mois, ce qui dément donc l’hypothèse d’une embellie historique de la situation de l’emploi.
À peine plus de 1 chômeur sur 2 est indemnisé
Cette notion de durée moyenne au chômage de 21 mois est aussi très importante, car elle influe fortement sur l’indemnisation. En effet, l’indemnisation au taux de 75 % est limitée à une durée variant de 18 à 27 mois selon l’âge (+ 15 à 22 mois de fin de droits). Ceci explique une partie de la baisse de la proportion de chômeurs indemnisés. À peine plus de 1 chômeur sur 2 est indemnisé.
La baisse récente du taux d’indemnisés s’explique aussi par les réformes régressives de l’assurance chômage impulsées par le président Macron...
Un retournement en cours ?
Comme nous l’avons vu, la tendance récente et incertaine, car l’évolution du chômage est instable. C’est particulièrement flagrant au niveau du halo du chômage (les quasi-chômeurs, comme beaucoup de séniors) qui fluctue régulièrement, alors que le sous-emploi stagne désormais.
Cependant, au vu de l’évolution inquiétante de différents fondamentaux économiques, il semble assez probable que le chômage se remette à augmenter d’ici la fin de l’année 2024, d’autant que le gouvernement va devoir cesser ses colossales subventions aux entreprises (financées de manière irresponsable par de la dette), qui expliquaient une large partie de la baisse du chômage depuis 2018.
On note aussi une très étrange décorrélation entre l’évolution du chômage et du halo depuis 2016-2017, alors que précédemment, les évolutions étaient logiquement parallèles, dépendantes du climat économique.
Cela confirme de nouveau que l’embellie de l’emploi de 2017-2022 était très différente des précédentes, devant plus à des actions sur les postes de travail et les travailleurs (d’où la baisse de la productivité analysée dans cet article sur les réformes antisociales d'Emmanuel Macron) qu’à une réelle amélioration intrinsèque du marché de l'emploi.
Ce qu’il faut retenir
Le taux de chômage atteint 7,5 %, un niveau relativement bas, proche de celui de 2008. Cependant, ce chiffre est assez trompeur, car il ne tient pas compte de certains types de chômeurs.
En réalité, les chômeurs représentent au sens le plus strict 10 % de la population active, soit 3 millions de personnes, et les inscrits à France Travail s’élèvent à plus de 6 millions de personnes, 20 % de la population active – soit 1 travailleur sur 5, et même environ 1 sur 4 dans le secteur privé.
La situation du chômage reste donc toujours dramatique. Il y a quelques mois à peine, le gouvernement s’est répandu dans les grands médias sans contradiction pour déverser sa propagande sur un chômage au « plus bas depuis 40 ans ».
Pourtant, le fait que les inscrits à France Travail restent à un niveau stratosphérique, qui n’avait jamais été atteint avant 2015, montre que l’amélioration de l’emploi mesuré par les statistiques a surtout correspondu à la création d’emplois au rabais, subventionnés, à temps partiel et insatisfaisants pour nombre de travailleurs.
Les derniers chiffres publiés laissent à penser qu’il existe une tendance de fond, régulièrement contrariée, à la hausse du chômage. Les perspectives moroses de l’activité économique laissent donc craindre une poursuite de la tendance haussière du chômage d’ici la fin de l’année 2024.
Travail - Chômage Chômage Graphe France
Cet article vous semble d’intérêt général ?
Votez ici pour le rendre gratuit d’ici 15 jours
Je vote
Offrir l’article à un proche
J’offre
Le best of Élucid de 2024 (Partie 1 - politique, propagande, international)
Par Olivier Berruyer , Carla Costantini - 03/08/2024
PIB et croissance en Chine, en Inde et au Brésil 2024
Par Olivier Berruyer - 22/08/2024
Du bon usage de la torture - Michel Terestchenko
Favori des lecteurs
« Notre culture du narcissisme est quasi pathologique » - Vincent Cocquebert
Par Laurent Ottavi - 15/08/2024
PIB et croissance en Russie, au Japon et en Corée du Sud 2024
Par Olivier Berruyer - 29/08/2024
PIB et croissance en Espagne et en Italie 2024
Par Olivier Berruyer - 15/08/2024
Le Smic à 1600 euros ne causera pas la ruine annoncée de la France
Par Alexandra Buste, Xavier Lalbin - 12/08/2024
PIB et croissance en Allemagne et au Royaume-Uni 2024
Par Olivier Berruyer - 08/08/2024
1 commentaire
Bienvenue dans l’espace commentaires d’Élucid. Merci de respecter notre Charte des Commentaires pour que cet espace reste un lieu convivial et courtois.
FL
05.09.2024 à 9h34
Analyse importante, comme le sont toutes les analyses de O. Berruyer, que nous souhaiterions être diffusée très largement et le plus rapidement possible en source ouverte.
Un regret toutefois, que les courbes du chômage ne soient pas visibles dans le grisé "non significatif" des tableaux " radiations administratives", "offres d’emplois 2016/2024" et de quelques autres tableaux car si elles sont non significatives et sans intérêt dans le cadre de cette études, elles n'en contiennent pas moins une informations politique importante sur l'ampleur du soutient à l'emploi ou plus exactement du non emploi durant la période covid.
Élucid
Nos engagements
Abonnement
Suivez-nous
2024 - Tous droits réservés - Élucid