Le mouvement anti Macron ira jusqu'au bout. Les grèves et blocages vont continuer : si le trafic s'améliore un peu en Ile-de France, il est totalement désert à Montpellier. De plus, à compter d'aujourd'hui, les agents des impôts se mettent à leur tour en grève contre la suppression de milliers de postes. S'agissant de la grève à la SNCF, même des non grévistes rejoignent le mouvement des cheminots note "Le Parisien" de dimanche. C'est le cas d’André, exaspéré du discours sur les privilèges des salariés du rail, lui qui perçoit 1 316 euros brut par mois au bout de 15 ans de service.
Suite à une nouvelle séance mascarade de "concertation", Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-cheminots a menacé de prolonger le mouvement au-delà du 28 juin. Les autres responsables syndicaux sont aussi très en colère. Éric Meyer de Sud rail dénonce "l'amateurisme" du Gouvernement, son refus autiste de "négocier"(BFMTV vendredi soir). Même discours de la part de Aubert de la CFDT Transports et de Roger Dillenseger de l'UNSA. On voit le profond dialogue de sourds soudre entre, d'une part, un Gouvernement qui n'a rien à proposer ; d'autre part, des directions syndicales attendant vainement le hochet de la vraie concertation, qu'on ne leur tendra jamais
Dominique a raison : si les cheminots de base font grève, c'est pour obtenir le retrait pur et simple de la réforme de la SNCF. Pas pour quelques bribes mal ficelés. Les responsables confédéraux tiennent un discours qui ne représente qu'eux même. Et qui plus est, n'a aucune chance de réussir.
En face, le gouvernement est aux abois, et tente de reprendre la main. Invités vendredi après midi à Matignon, les journalistes du Parisien ont trouvé que Philippe "laissait plusieurs fois percer un brin d'agacement. Et l'ironie qu'il manie fait penser à Alain Juppé"(sic).
Comme disait hier JLM sur Europe 1, le pouvoir n'a que du bla-bla à offrir. Le plus souvent hors sujet. Ainsi, Macron invité jeudi de J-P Pernaud va nous sortir à tous les coups sa rhétorique de conseillers de "com", nous dire en zézayant "qu'il faut penser printemps"(sic), -printemps des peuples ?- , alors que notre porte-monnaie est vide de l'augmentation de la CSG. L'ex-banquier va nous baliverner son discours à 50 mots de vocabulaire, du fond duquel la Vérité n'avait jamais du remonter", aurait dit Brassens ("Histoire de faussaire"). Même Christophe Barbier estimait que le passage de Macron chez Pernaud n'était pas réussi (à l'avance) !
De son côté, interrogé par une éditrice italienne, Alain Badiou expliquait récemment que, depuis toujours, depuis Platon, les hommes ont opposé la "Vérité" à "l'opinion" : ce qui m'a rappelée mes cours de philo quand j'étudiais Platon. C'est exactement ce qui se passe avec Macron/Philippe, qui ne cessent de mentir, pierre angulaire du système libéral. Aujourd'hui et demain. Trop habitués à congédier le réel. Lui faire débarrasser le plancher. Uniquement préoccupés de faire dans la crapulerie extra-large, faisant basculer les salariés (classes populaires et classe moyenne) dans le chômage et dans les larmes, histoire de faire monter le cours de l'action en bourse. Sur le triste modèle de la société américaine, ou des millions d'américains vivent avec moins de 2 dollars par jour dans leur voiture (Cf article de Philippe Béchade).
Jusqu'où la société française, paupérisée, privée de son droit du travail élémentaire, va adhérer à ces rideaux de fumée erronés, de leurre glacial et sans chaleur humaine ??? Cette semaine va être décisive. Mais, sur le plan de l'opinion, il y a peu de chance que la confiance des français pour les manifestants se retourne. Bien plus, Macron estimait (cf le dernier Canard enchainé), que "le mouvement de la SNCF ne durerait pas plus de quinze jours" (sic). Vu la cagnotte de solidarité de 400 000 euros obtenue par les cheminots, et la détermination des grévistes je crois qu'il se met le doigt dans l'oeil jusqu'à son BCG...! Le ton grave de BFMTV, pour une fois, un peu détaché de son bien aimé Macron, le prouve à l'évidence : Macron est en train de perdre le pouvoir de la petite bourgeoisie médiatique, comprenant que la situation, pour le Pouvoir actuel, est très incertaine...!
"C'est elle qu'on le matraque
Que l'on poursuite que l'on traque
C'est elle qui se soulève
Qui souffre et se met en grève
C'est elle qu'on emprisonne
Qu'on trahit qu'on abandonne
Qui nous donne envie de vivre
Qui donne envie de la suivre
Jusqu'au bout
Jusqu'au bout...!"
(G. MOUSTAKI, "Sans la nommer")