Le Mouvement social se politise. Ainsi, les étudiants de la faculté Paul Valéry à Montpellier, qui sont déjà en grève depuis quatre mois, ont décidé de bloquer leur université "jusqu'à ce que Macron démissionne" (sic). Il ne s'agit pas là d'un cas isolé. On n'a pas oublié, lors de la journée de mobilisation des retraités contre la hausse de la CSG du 15 mars 2018 le slogan entendu dans le cortège parisien : "Ave Macron, les retraités auront ta peau" (sic). Ni les mots d'ordre de la journée du 22 mars, où les jeunes lycéens, joyeux bordel, criaient : "Manu t'es foutu, la jeunesse est dans la rue! " Tandis que les fonctionnaires grévistes parisiens répétaient : "Paris, soulève-toi ! "(sic) ou bien encore : "Révolution, Révolution ! "(sic). La colère, directement contre Macron, nommément cité sur beaucoup de pancartes de grévistes de la SNCF pendant les journées des 3 et 4 avril, montre également que le mouvement se situe bien au delà de la simple revendication catégorielle : retrait des projets de réforme imposant le "parcours sup", ou supprimant le statut des cheminots. Même France Inter ce matin avouait que "les revendications des jeunes allaient bien au delà de la réforme de leurs études" (sic).
On est passé de l'émeute immédiate, nihiliste, en émeute pré-politique. Certes, on est pas encore dans l'émeute historique, avec le cri répété de "Macron démission", sauf dans le cas des étudiants de Montpellier, mais on s'en approche irrésistiblement. Le catégoriel semble être derrière nous. "Le mouvement est en train de prendre" (sic) peut-on lire sur un mur de la faculté de Tolbiac. Il est vrai qu'il est en train de changer "chimiquement" de contenu : en raison notamment de l'investissement concomitant des salariés de la SNCF, des étudiants, lycéens, parents d'élèves, salariés d'Air France, éboueurs, chômeurs, avocats, agents de sécurité, retraités, infirmiers, personne l des Ehpad, caissières, électriciens, gaziers....BFMTV reconnaissait hier, que les cheminots étaient soutenus par les retraités, eux même victimes de la hausse de la CSG...! Le fait que la cagnotte des cheminots atteigne 280 000 euros montre la solidarité implicite dont ils bénéficient auprès de la population.
Pour les jeunes comme pour les salariés et les retraités, il existe une demande d'offensive politique clairement hors système, que personne ne prévoyait hier encore. Sauf Alain Badiou analysant l'état d'esprit de la Jeunesse (cf son interview dans les Inroks du 17 mai 2017). La salade composée qui est en train de surgir (cheminots, étudiants, caissières de Carrefour, salariés d'Air France), convergence partielle des luttes, a pour plus petit commun dénominateur une préoccupation commune : refuser le gel des intérêts populaires pratiqués par tous les gouvernements depuis 30 ans...! On entre dans une période très noire pour l'oligarchie et pour un Pouvoir qui n'a rien à répondre aux doléances des grévistes, quel que soit le groupe.
Le mouvement se politise vitesse grand V, comme le montre aussi l'intervention réussie de JLM hier à Marseille, "souhaitant un nouveau Mai 68, plutôt que le régime (libéral) actuel" (sic). L'initiative d'une grande marche le 5 mai prochain, organisée par la FI. Les deux initiatives ont été très bien accueillies sur les réseaux sociaux (nombreux "likes", partages et commentaires), ce dont on ne peut que se réjouir. Maintenant, il faut, comme le propose mon amie Nathalie (Cotton), que les responsables de la FI occupent les médias à défendre 24 heures sur 24 les grévistes, toutes catégories. Et se montrent à la hauteur de l'évènement. Et, de façon générale, que les militants de la FI soient un intellectuel collectif, aidant par leurs analyses, leurs argumentaires le Peuple en lutte à chercher un débouché politique à ses problèmes....!
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