LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES EST LA SUITE LOGIQUE DU BOUILLONNEMENT SOCIAL DU PRINTEMPS 2018...!
Article rédigé par Patrice Weigel et Brigitte Bouzonnie
1°)- Brigitte Bouzonnie : Je vous recommande la lecture du dernier article de notre ami Pat au Logis (Patrice Weigel) sur les gilets jaunes. Surtout le début, lorsqu'il écrit : "Le mouvement des gilets jaunes a surpris la caste qui nous gouverne parce-qu’A FORCE DE SUBIR SANS REAGIR (la casse du code du travail, la baisse des APL, la désindexation des pensions par rapport à l’inflation, la hausse de la CSG, le gel des salaires, le projet de retraites à points qui retardera encore plus l’âge de départ, etc.) ils nous croyaient définitivement résignés à accepter notre sort"(sic) : ça c'est très juste.
Oui, on était tous sur pilote automatique, destinés à crever la bouche ouverte, nous faire tondre comme des moutons consentants sur tous les sujets : casse du code du travail, baisse des APL, diminution par 2 du nombre de contrats aidés, suppression du statut des cheminots, infâme "parcourssup" empêchant les étudiants de faire les études de leur choix, hausse de la CSG, pensions de retraites ne suivant pas le coût de la vie, prélèvement automatique de l'IRRP à compter du 1er janvier 2019, ce qui nous oblige, dans un premier temps, à payer "plus" que l'on ne doit réellement au fisc, baisse du remboursement des médicaments, diminution des effectifs dans les hôpitaux, etc, etc.
En échange de grasses subventions, les directions syndicales oeuvraient activement pour truquer, minorer les chiffres de mobilisation, histoire de désespérer les salariés en lutte de l'utilité de tout combat de rue. Mélenchon donnait du "Monsieur" à Macron, le rencontrant même incidemment à minuit au détour d'une rue : comme c'est bizarre....!
Comme aurait dit Aragon avec sa plume somptueuse : "il n'aurait fallu qu'un instant de plus, pour que la mort vienne/ Mais une main nue alors est venue qui a pris la mienne" ("Il n'aurait fallu" chantée par Léo Ferré).
Pourtant, la colère sociale était profonde. On se permet de rappeler quelques articles personnels rédigé au début de l'année 2018, avec Jacques Chastaing, comptabilisant le nombre de journées de grèves visibles et invisibles pour le compte du Front social. Tous les deux, nous avons alerté sur la colère sociale qui montait, montait ; les nombreuses grèves catégorielles dans le pays mêlant caissières de Supermarché, fonctionnaires, étudiants, petits retraités, salariés d'Air France, motards, agriculteurs, surveillants de prisons, personnel soignant; et cheminots. Salariés syndiqués, jeunes et retraites non syndiques.Le mouvement anti Macron prenait de l'ampleur. L'effet de sidération, de tétanie attendue, qui devait "normalement" frapper le Peuple français, face à toutes ces réformes libérales à marche forcée imposée par le petit poudré n'avait pas lieu. C'était même tout le contraire.
Le mouvement des gilets jaunes est la suite logique de ce bouillonnement social ras la marmite qui existait au printemps dernier. Sauf qu'à la différence du début de l'année 2018 et heureusement, les directions syndicales, qui empêchait tout mouvement social de se développer, d'aller à maturité, ont été tout de suite mises hors jeu. Déconsidérées pour toujours, à cause de leurs nombreuses crapuleries commises contre le Peuple français en lutte ; depuis le mouvement social contre la réforme des retraites de 2010, comme l'écrit avec lucidité Alain Badiou dans son ouvrage "Le réveil de l'Histoire", édition Lignes, 2011...Si la France bouge aujourd'hui, ce n'est pas tant le fait du FN/RN que, de mémoire de manifestants, on n'a jamais vu dans un défilé de salariés.
Mais d'une colère plus profonde, la grande marée, poly-inflammable, qui préexistait dans nos têtes et dans nos coeurs. D'où, par exemple, la réaction immédiate des réseaux sociaux samedi, se couvrant de photos de gilets jaunes, interdites de publication dans les grands médias aux ordres du Pouvoir. Mobilisation sur Facebook rappelant, si ma mémoire est bonne, son incroyable mobilisation autour du mouvement contre la réforme des retraites de 2010.
Aussi, de voir ces femmes et hommes politiques de la gauche bobo essayer, -risiblement-, de prendre le train de la révolte en marche, parler même de "Révolution"(sic), quand, hier encore, la direction de la FI "justifiait" son virage droitier, sa stratégie Ps bis, par le fait, que soit-disant les français ne voulaient pas descendre dans la rue, à cause de leur addiction télévisuelle à Hanouna : c'est du plus haut comique, involontaire naturellement.
Aujourd'hui, tout peut arriver, y compris un scénario à l'Italienne, comme le faisait justement remarquer Patricia Tisserand ce matin, l'ayant entendu sur BFMTV. Avec la France qui bouge, "tout est possible, tout est permis" aurait dit Moustaki, y compris de redonner espoir, avoir la vraie vie que l'on mérite... !
2°)- Début de l'article :
Quelle suite donner au mouvement pour qu’il atteigne son objectif ? D’abord lui fixer un objectif clair, appuyé sur une stratégie efficace, servie par une organisation rigoureuse.
Je veux contribuer par cet article à nourrir la réflexion des « gilets jaunes » sur les causes des injustices sociales dont nous sommes collectivement victimes, car remédier au mal nécessite d’abord de poser le bon diagnostic.
Incroyable : la France bouge !
Ce qui caractérise un mouvement spontané tel que cette journée de blocage des routes de France par les « gilets jaunes », c’est son imprévisibilité. Ça change des manifestations syndicales qui, elles, sont archi-prévisibles : petite promenade familiale sur un parcours bien balisé, et à la fin, chacun rentre chez soi, satisfait d’avoir accompli son devoir de citoyen en exerçant son droit de grève et de manifester, avec l’espoir toujours déçu que le gouvernement aura entendu le mécontentement du peuple et renoncera à la démolition méthodique de toutes les conquêtes sociales de ces dernières décennies. De temps en temps on se prend quelques bouffées de gaz lacrymogènes parce que des casseurs se sont mêlés à la foule et brisent des vitrines et du mobilier urbain. Mais ça aussi, c’est prévisible.
Le mouvement des gilets jaunes a surpris la caste qui nous gouverne parce-qu’à force de subir sans réagir (la casse du code du travail, la baisse des APL, la désindexation des pensions par rapport à l’inflation, la hausse de la CSG, le gel des salaires, le projet de retraites à points qui retardera encore plus l’âge de départ, etc.) ils nous croyaient définitivement résignés à accepter notre sort. Ils n’auraient pas cru que quelques centimes de plus sur les carburants mettraient le feu au pays. Pourtant c’est ce qui est arrivé.
S’ils n’ont pas prévu quelle goutte ferait déborder le vase, c’est parce-qu’ils n’ont pas vu à quel point le vase était plein. Et le mouvement a surpris par son ampleur car dans les hautes sphères jupitériennes on n’a pas su voir à quel point la colère était profonde.
Le premier effet positif de cette journée du 17 novembre aura été de montrer au gouvernement (et nous prouver à nous-mêmes) que nous sommes capables de sortir de notre léthargie et de nous MOBILISER.
Un but commun :